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Petite histoire de l’Afrique

Petite histoire de l’Afrique

Titel: Petite histoire de l’Afrique
Autoren: Catherine Coquery-Vidrovitch
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interprétation de l’histoire, d’autant qu’elles s’avèrent souvent être la transcription, ou l’aboutissement, d’autres types de sources, par exemple archéologiques. C’est à plus forte raison le cas des sources orales — précieuses chez ces peuples où l’oralité était l’outil dominant de transmission du savoir : les plus anciennes ne sont connues que parce qu’elles furent autrefois transcrites localement en arabe ou recueillies par les premiers voyageurs occidentaux.
    Ce continent contrasté connut néanmoins récemment une relative unité, due à deux phénomènes dramatiques successifs :
    — les traites des esclaves , qui débutèrent bien avant la traite atlantique, mais qui se généralisèrent entre le XVI e  siècle et le XIX e  siècle inclus ; leurs destinations, outre les traites internes au continent, furent multiples (Méditerranée, océan Indien et océan Atlantique) ;
    — la colonisation européenne , qui s’abattit sur le continent tout entier. En 1900, l’ensemble de l’Afrique — hormis l’Éthiopie (qui sera colonisée de 1936 à 1941 par l’Italie de Mussolini) et le petit Liberia (république créée au milieu du XIX e  siècle par les sudistes américains qui voulaient « renvoyer en Afrique » les esclaves affranchis) — était colonisée. On ne doit cependant pas oublier un fait majeur : aussi importante fût-elle dans la transformation des esprits et des conditions de vie, la colonisation, sauf en Algérie et en Afrique du Sud, a duré moins d’un siècle , et parfois beaucoup moins : sa mise en place institutionnelle et politique ne débuta souvent qu’entre les années 1890 et 1919 (c’est le cas de la Haute-Volta ou du Tchad, tout au plus territoires militaires à partir de 1900). Quant à l’indépendance, elle est aujourd’hui vieille d’à peine deux générations. Il y a donc un contraste évident dans la manière dont est appréhendée l’histoire de l’Afrique, selon que l’on adopte le point de vue intérieur ou extérieur ; ceux qui se focalisent sur la période coloniale sont les anciens colonisateurs, par ailleurs assez indifférents à ce qui eut lieu avant et après leur présence sur le continent ; de leur côté, les Afro-descendants de la diaspora (notamment dans les DOM) sont avant tout concernés par la traite des esclaves dont ils sont issus. En revanche, les historiens africains qui travaillent en Afrique, tout en s’interrogeant, à l’occasion du cinquantenaire des indépendances, sur le bilan à dresser pour l’avenir, sont moins interpellés par la présence européenne stricto sensu . Ils assument que celle-ci ne représente qu’un épisode, certes majeur mais non exceptionnel de l’histoire de leur continent. En effet, bien d’autres conquêtes etcolonisations, aussi bien internes qu’externes, jalonnent l’histoire africaine sur la longue durée.
    L’énigme africaine
    Connaître l’ensemble de cette histoire, au-delà de ces derniers épisodes essentiels mais relativement brefs, est nécessaire si l’on veut pouvoir répondre à la question lancinante : pourquoi en est-on arrivé là ? Peut-on rendre compte de ce renversement originel fondamental (l’humanité, en effet, y est née et en est partie il y a une dizaine de millions d’années) ? L’Égypte, et donc l’Afrique, est « mère » du monde : Européens et Africains revendiquent avec une passion similaire l’héritage égyptien. Mais pourquoi les Africains furent-ils les derniers à connaître une économie d’investissement et de production ? Pourquoi tant de grands commerces transcontinentaux (sel, or, fer, ivoire, etc.) se sont-ils effondrés au lieu de générer des activités productives ? Pourquoi de belles civilisations anciennes (Nok, Ifé, Zimbabwe…) ont-elles disparu en laissant si peu de traces ? Pourquoi la situation actuelle est-elle aussi tragique, et pourquoi l’avenir demeure-t-il si inquiétant ?
    Les facteurs sont multiples. Ils se sont malheureusement souvent combinés tout au long de l’histoire. Il faut prendre tout cela en considération si l’on veut comprendre pourquoi la plupart des processus actuels demeurent lents et difficiles à modifier. On peut schématiquement diviser ces facteurs en deux groupes, interne et externe, en constante interaction. Dans le premiergroupe figurent les conditions écologiques : des terres en général pauvres (sauf dans la vallée du Nil ou sur de rares
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