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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois
Autoren: Jean Markale
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s’écria Perceval. Eh quoi ! Suis-je victime d’un sortilège ? Pas plus tard que ce matin, j’ai rencontré un homme qui, lui aussi, s’est prétendu mon oncle ! – Du côté de ta mère, il se peut, commenta le vieillard. Quant à moi, je suis le frère unique de ton père, le comte Evrawc, que j’aimais tendrement. Mais puisque tu sembles ignorer tout cela, je puis t’apprendre que ta mère avait quatre frères. L’un Garlan le Roux, possédait un redoutable pouvoir : lorsqu’il était armé et sur son cheval, personne ne pouvait le voir, aussi longtemps du moins qu’il préférait se dérober aux regards des autres. Il fut tué par le chevalier Balin, et telle est l’origine du Coup Douloureux qui frappa un autre frère de ta mère, Pellès, qu’on appelle maintenant le Riche Roi Pêcheur. Quant aux deux derniers, ils ont eu des destinées fort diverses. Après bien des aventures en terre lointaine, l’un s’est fait ermite en la Gaste Forêt, l’autre ne pense qu’à s’accaparer les possessions d’autrui : on le nomme le Roi du Château Mortel, car il n’est forfait qu’il ne se plaise à perpétuer. – Et c’est lui, dit Perceval d’un ton maussade, que j’ai combattu ce matin. Je l’ai mis en fuite.
    — Tu aurais dû le tuer, dit froidement l’homme aux cheveux gris. Il n’est pas de bête plus malfaisante que lui, hormis Le Hellin, qui a poursuivi ton père et moi-même de sa haine et s’est emparé de nos biens. C’est ce dernier qui a infligé à ton père la blessure fatale dont il est mort. Et c’est par traîtrise qu’il l’a attaqué, sache-le, alors que ton père l’avait vaincu en combat loyal. La vérité vraie, la voici, mon enfant : Le Hellin se trouvait à terre et criait grâce ; ton père la lui accorda et lui permit de se relever, mais alors le maudit Le Hellin le frappa, par-derrière, avec son épée. La liste est longue de ses crimes, car il tua bon nombre, hélas, de nos chevaliers, ainsi que trois de mes propres fils. »
    À ce moment, par une porte qui s’ouvrait sur l’un des côtés de la salle, entra un jeune homme blond qui portait un plateau d’argent sur lequel Perceval distingua nettement une tête d’homme coupée qui baignait dans son sang. « Qu’est-ce donc que ceci ? s’écria Perceval. Suis-je encore en proie au cauchemar qui me hante depuis des semaines ? Quelle est cette tête, et pourquoi se trouve-t-elle sur ce plateau ?
    Sans un mot, le garçon blond repassa devant lui et disparut par où il était venu. Là-dessus, l’homme aux cheveux gris prit la parole : « Je vais te le dire. La tête que tu viens de voir est celle de ton cousin, l’un de mes cinq fils, qui n’a pas été tué par ce maudit Le Hellin mais par les sorcières de Kaerloyw qui secondent celui-ci dans ses entreprises maléfiques. C’est en effet grâce à leur magie et à leur science qu’il a pu mettre la main sur nos domaines à ton père et à moi. Quant au jeune homme blond qui portait ce plateau, il est mon cinquième fils, le seul survivant, que je voudrais sauver au péril de ma vie. Mais, vois-tu, Perceval, seul un chevalier d’un courage éclatant pourra venger tous ces meurtres, et depuis longtemps on nous a prédit que cette tâche te reviendrait. Tu es libre de refuser, mais l’honneur de ton père ainsi que de ta famille pâtirait d’une dérobade. – Aussi ne me déroberai-je point, mon oncle, dût-il m’en coûter la vie. »
    Le repas fut modeste, car l’oncle de Perceval était démuni de tout, puis ils allèrent s’allonger sur des paillasses étendues à même le sol, dans des chambres ouvertes à tous les vents. Le lendemain matin, Perceval se leva et, stupéfait, aperçut dans la cour son cheval à l’attache près du montoir. Il alla trouver Gauvain qui venait de se réveiller, et tous deux convinrent de la conduite à adopter. Gauvain fut d’avis de demander l’aide d’Arthur et de ses compagnons contre les sorcières de Kaerloyw, et Perceval, après avoir longuement réfléchi, acquiesça. On envoya donc un messager prévenir le roi, et celui-ci vint avec ses gens au rendez-vous que leur avaient fixé Perceval et Gauvain.
    Sans plus tarder, ils allèrent à Kaerloyw et engagèrent la lutte contre les sorcières. L’une d’elles prétendit tuer l’un des hommes d’Arthur en présence de Perceval, et celui-ci l’en empêcha. À nouveau, la sorcière prétendit tuer un autre homme d’Arthur en présence de
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