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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare
Autoren: Jean Markale
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à un thème archaïque qu’on reconnaît dans la
célèbre Noix des Kabbalistes : il faut enlever la coquille et l’enveloppe
pour atteindre au point central, c’est-à-dire au divin qui s’y cache. L’âme de
l’être monstrueux décrit dans le conte est sa composante divine que sa chute a
enfermée dans un autre corps, dans une autre matière, afin d’empêcher toute
possibilité de réunion. Seule l’intervention d’un héros, ou d’une héroïne, peut
permettre l’accès à cette âme enfermée dans l’œuf, qui lui-même se trouve dans
une colombe, ce qui est fort significatif. Mais dans ce cas, le héros, ou l’héroïne,
peuvent simplement briser l’œuf : l’âme s’envole et le corps ne peut plus
vivre, car il était cependant lié d’une façon subtile à cette âme.
    Voilà un bel exemple de permanence d’un thème cathare dans
la tradition populaire orale. Il y en aurait bien d’autres à citer, qui, tous, mettraient
en évidence des symboles couramment utilisés par les théologiens albigeois. Il
faut croire qu’après leur disparition, les Parfaits ont tenu à laisser leur
message pour les générations futures : mais ce message, ils se sont bien
gardés de l’inscrire dans la pierre ou de le confier à l’écriture : la
voie orale est encore la plus sûre et la plus apte à transmettre quelque chose
à tous les niveaux et sans attirer les foudres des censeurs.
    L’Art, et tout ce qu’on peut classer comme artistique, le
récit oral par exemple, est apparemment d’une grande innocence. C’est un jeu . Le but avoué est de distraire, ou de charmer . Mais qu’on réfléchisse au sens de charmer . La magie ne consiste pas tellement à
prononcer des paroles incompréhensibles pour le commun des mortels. La magie, c’est
l’ art de faire passer quelque chose sous le
couvert d’un jeu .
    Et quel meilleur jeu que le théâtre, surtout lorsque
celui-ci combine la musique à la parole ? On sait maintenant, ou on le
devine, quel peut être le sens réel d’un opéra comme La
Flûte enchantée de Mozart. On connaît sans trop de peine les
sous-entendus d’une œuvre complexe comme le Parsifal de Richard Wagner et ses rapports évidents avec les Cathares, par l’intermédiaire
de Wolfram von Eschenbach. Alors, pourquoi ne pas parler d’une autre œuvre de
ce genre, une œuvre bien étrange et qui déroute plus qu’elle n’éclaire, le
célèbre Pelléas et Mélisande de Maurice
Maeterlinck et Claude Debussy ?
    Il s’agit bel et bien d’un drame initiatique, d’un jeu scénique et musical, à travers les méandres
duquel s’exprime de la plus noble manière le problème
cathare de l’âme angélique .
    C’est une œuvre qu’on reconnaît pour symboliste. Donc, elle
contient nécessairement des symboles. Il y en a au premier degré. Il en existe
d’autres, moins facilement décelables mais tout aussi efficaces. Cela concerne
d’abord le personnage central de Mélisande, qui a tant fait pleurer dans les
chaumières. Il faut toujours se méfier des héroïnes de tragédie qui font
pleurer parce qu’elles sont attendrissantes. Cela cache généralement quelque
chose. La « tendre et douce » Andromaque de Racine n’est-elle pas en
réalité une redoutable femme de tête, calculatrice et comédienne, prête à tout
pour assurer son triomphe et le triomphe de son fils ?
    Qui est en effet cette Mélisande sur laquelle on ne nous apprend
presque rien, et qui erre dans le sombre château et le vaste parc où règne
Arkel, passant continuellement de l’ombre à la lumière et de la lumière à l’ombre ?
Le prince Golaud l’a rencontrée au bord d’une fontaine où elle pleurait. Mais
ce n’est pas Mélusine : celle-ci guettait Raymondin pour lui offrir, avec
elle-même, la richesse et la puissance. Mélisande n’attend rien : elle est
effondrée. D’où vient-elle ? D’ailleurs, mais on ne saura jamais quel est
cet ailleurs aux contours imprécis. Tout ce qu’on
sait, c’est que brille dans l’eau une couronne, « la couronne qu’il m’a
donnée ». On ignore qui est ce « il ». Golaud veut repêcher la
couronne. Mélisande refuse, comme elle refuse tout contact avec Golaud :
« Ne me touchez pas ! ou je me jette à l’eau ! »
    Mais Goland l’entraîne cependant avec lui et il l’épouse. Voici
Mélisande dans l’étrange royaume d’Arkel. Ce royaume porte un nom : Allemonde . C’est un jeu de mots, bien sûr : on
pourrait y voir une
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