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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore
Autoren: Jean-Pierre Charland
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bureau du procureur général fera relâche.
    Le garçon avala un peu de café, puis précisa en reposant sa tasse :
    — Ce seront plutôt des adieux définitifs. La dernière année m’a
    fait
    comprendre
    que
    le
    droit
    criminel
    ne
    me convient pas. Inutile de continuer là-bas dans les circonstances.
    — Tu vas donc profiter d’un bel été...
    La jeune femme ressentait un peu de jalousie. Elle commencerait au Jeffery’s Hale dès le lundi suivant.
    — Ce n’est pas mon intention. Je compte tâter un peu du notariat, si aucun cabinet spécialisé en droit des affaires ne veut de mes services. Paul est déjà en train de discuter avec des collègues.

    — Tu tenais à ce tête-à-tête pour me faire part de cela ?
    La veille, son invitation à assister aux adieux à la prison s’accompagnait d’une autre, pour le déjeuner.
    — Non, je voulais te demander conseil.
    L’aveu laissa Thalie un peu interloquée. Elle se cala dans sa chaise pour attendre la suite.
    — Je voudrais passer à une autre étape dans mes relations avec Flavie.
    À demi surprise, à demi amusée, elle attendit que le serveur pose les assiettes devant eux avant de demander :
    — Songerais-tu à répéter avec elle l’étrange réception de la dernière Saint-Sylvestre pour des fiançailles ?
    L’engagement entre Françoise et Gérard Langlois remportait la palme, au chapitre des réunions familiales ratées.
    — Non, Flavie ne survivrait pas à cela, et encore moins ses parents. De toute façon, comme la dépense doit incomber à la famille de la promise, au mieux nous aurions droit à la taverne de L’Ancienne-Lorette.
    — ... Tu veux en faire ta maîtresse ?
    Le jeune homme devina le dernier mot, émis dans un souffle.
    — Grands Dieu, non ! Elle tient à sa vertu.
    — Dans ce cas, je ne comprends pas.
    — J’envisage de lui soumettre ce soir l’idée d’un mariage discret... Si cela te semble raisonnable.
    Pour une rare occasion de sa vie, Thalie demeura muette de surprise. Après avoir joué du bout de sa fourchette avec ses œufs, elle lui objecta :
    — Dans cette phase de ta vie... Je veux dire, tu es toujours étudiant.
    — Comme le tien, mon revenu vaut le salaire d’un employé, elle a ses gages. L’idée te semble saugrenue?
    Ses yeux témoignaient d’une réelle inquiétude, l’opinion de sa petite sœur lui semblant alors vitale.
    — Si tu en es là, c’est que tu l’aimes.
    — Depuis des mois, elle représente le côté le plus serein de mon existence.
    — Tu ne peux pas mettre en veilleuse ce projet, le temps d’obtenir ton diplôme ?
    — Si papa t’entendait, il se retournerait dans sa tombe.
    Thalie rit de bon cœur. La fantasque jeune femme tentait d’amener son trop sage aîné à la prudence.
    — Donne-moi ta meilleure raison de faire cela tout de suite... en m’épargnant les motifs que mes chastes oreilles ne sauraient entendre, bien sûr.
    L’allusion aux exigences de la chair amusa le jeune homme.
    — Depuis près de deux ans, je souffre de voir mon passé resurgir dans ma vie présente. J’ai une envie folle de me plonger dans le futur sans regarder derrière, de faire un énorme pari sur demain.
    — Alors, fais-le. C’est merveilleusement déraisonnable.
    Cette bénédiction lui apporta un baume au cœur. Après avoir affecté un visage heureux, il se renfrogna un peu.
    — Il y a un hic. Je ne lui ai pas encore dit un mot de ce projet. Si elle refuse...
    — Elle dira oui.
    Sur cette assurance, Mathieu entama son repas de bon appétit.

    *****
    Flavie Poitras... non, Picard, s’habituait lentement à dormir avec quelqu’un. La sensation d’un corps contre le sien s’avérait étrangement délicieuse. Elle saisit avec précaution le poignet,
    souleva
    l’avant-bras
    posé
    sur
    sa
    taille,
    puis se leva en silence.
    La lumière baignait la chambre. Il devait déjà être six heures. Son peignoir soigneusement attaché, la main au col pour le fermer totalement, elle se glissa vers la salle de bain située au bout du couloir.
    Quelques minutes plus tard, elle secouait légèrement l’homme endormi en disant:
    — Ton nouveau patron n’aimera pas te voir arriver en retard.
    Mathieu ouvrit les yeux, sourit au visage penché sur lui, puis consulta le réveil sur le chevet.
    — Tu as raison. Je pense avoir dormi d’une traite toute la nuit.
    — Oh ! Ça, je peux en témoigner.
    L’homme se leva, lui fit la bise, puis demanda d’une voix contrite :
    — Je ronfle tant
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