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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore
Autoren: Jean-Pierre Charland
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condamnations à mort. Huit furent commuées. Il y en a eu d’autres, ensuite.
    — Marie-Jeanne n’avait pas le choix. C’était une petite fille.
    Le jeune homme comprit le véritable sens de l’observation, il serra les doigts posés sur son avant-bras dans les siens. Lui aussi était un petit garçon égaré dans un monde trop cruel.
    — J’habite tout près, proposa-t-il. Allons saluer ma tante Elisabeth. Ensuite, je te reconduirai devant ta porte.
    Jusque-là, elle s’était tenue loin de sa maison de chambres.
    Au retour de leur promenade, quand ils arrivèrent devant la grande bâtisse de la rue Saint-François, Mathieu s’arrêta près de la porte, posa les doigts sur sa nuque, apprécia la douceur des boucles brunes sous le bord du chapeau. Quand sa bouche se posa sur ses lèvres, elle ne se déroba pas. Même le bout de sa langue, caressante, ne suscita aucun mouvement de recul.
    Quand il se releva, Flavie garda la tête inclinée vers l’arrière, puis elle murmura :
    — Ce soir, tu pourrais me demander n’importe quoi.
    — ... Je sais. Je ne le ferai pas, alors la nuit me gardera éveillé pour une jolie raison. Puis, si je reste très sage ce soir, demain tu m’aimeras encore plus.
    La jolie tête exécuta un mouvement de haut en bas.
    — Je vais rentrer avant d’attirer l’attention de tout Saint-Roch.
    Le dernier baiser fut bref et léger. Après être entrée dans la maison, Flavie souleva un coin du rideau afin de le regarder s’éloigner.

    Une fois l’année scolaire terminée, les étudiants regagnaient leur domicile. La pension de la rue Sainte-Geneviève devenait alors une retraite paisible. Dans peu de temps, ce serait la fin de la session à l’Assemblée législative. Pendant une courte période, les lieux seraient presque déserts.
    Ensuite, avec le soleil de juin, les touristes reviendraient dans la ville.
    Libéré par la fin des cours, Mathieu aurait pu bénéficier d’un peu de repos. Il s’investit toutefois dans la cause du meurtre de l’un de ses collègues, officier du 22e bataillon, survenu à Lévis. Cette affaire ne le touchait pas au cœur de la même façon. Surtout, ses soirées se passaient désormais à des activités plus sereines que la fréquentation de traités de droit.
    Seul dans le salon avec sa tante Elisabeth en fin de soirée, une tasse de thé à la main, il demanda :
    — Votre première année dans cette grande demeure s’achève. Quel bilan en tirez-vous ?
    — ... Les prévisions de ta mère se sont réalisées. Pendant six mois, je me suis inquiétée. Maintenant, je me dis que six chambres de plus permettraient un meilleur rendement sur mon capital. Je rêve d’agrandir.
    — Vous ne regrettez rien ?
    — Pourquoi donc ? J’ai fait un choix, les choses ont plutôt bien tourné.
    La femme demeurait toujours séduisante. La mode lui permettait maintenant de révéler de jolies jambes. Assise dans son fauteuil, toujours bien droite, la taille fine, ses cheveux blonds soigneusement attachés pour dégager les oreilles et le cou, elle affichait plus d’assurance que jamais auparavant au cours de son existence.
    — Je voulais dire : vous n’avez pas la nostalgie de votre existence antérieure ?
    — Mon époux me manque parfois, ma vie à ne rien faire, pas du tout. Passer mes journées à papoter avec des voisines, très peu pour moi. De toute façon, elles me snobaient.
    Après tout, je suis née dans une ferme, j’ai été au couvent grâce à la générosité d’un vieux prêtre.
    — Plutôt, elles vous jalousaient.
    Elisabeth lui jeta un regard moqueur, puis elle murmura :
    — Tiens, tu deviens flatteur. Tu ne souhaites pas réduire le montant de ton loyer, tout de même ?
    — Ce n’est pas de la flatterie, nous le savons tous les deux. Et non, je ne songe pas à réduire le montant de ma mensualité. Je pense plutôt à l’augmenter.
    — Là, ou je ne comprends pas, ou Marie a échoué à te faire partager un peu de sa prudence en affaires.
    — Le docteur Davoine va nous quitter bientôt...
    Mathieu perdrait son voisin d’en bas, l’occasion de longues conversations
    et
    sa
    source
    de
    prescriptions
    pour
    acheter une bouteille d’alcool de temps en temps. Le jeune professionnel avait repéré un médecin de Saint-Grégoire-de-Montmorency désireux de se retirer progressivement.
    Il partagerait d’abord son cabinet, puis reprendrait toute l’affaire dans quelques années.
    — Tu veux occuper ses deux pièces ?
    —
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