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Marilyn, le dernier secret

Titel: Marilyn, le dernier secret
Autoren: William Reymond
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à son départ d'Hollywood vers New York et ses théâtres, elle pourrait enfin se parer des qualités que la 20th Century Fox, son studio, lui refusait. La Blonde allait devenir une « actrice sérieuse », une de ces comédiennes que l'on respecte et qui, les soirs d'Oscars, se retrouvent, statuette à la main, à remercier l'ensemble de la profession.
    Il ne faut pas croire pour autant que l'union de la « belle et du génie [1]  » relevait d'une opération marketing fomentée par l'actrice. Il y avait de la passion entre eux. Mais Marilyn était réellement hantée par le contraste de cette union : celui né de la collision entre sa réalité à elle, qui lui avait offert un firmament fabriqué, et sa renommée à lui. De fait, dès leur première rencontre en décembre 1950, le titulaire du prix Pulitzer pour Mort d'un commis voyageur avait constaté ce décalage. Et compris que Marilyn était une créature bicéphale. Que sa « malédiction » – selon les termes mêmes de Miller – résidait dans l'obligation de satisfaire un public dont les exigences ne correspondaient en rien à sa véritable personnalité. D'où, in fine , le poids d'une schizophrénie conduisant à des élans destructeurs.
    *
    Deux anecdotes illustrent ce paradigme, dont l'ironie sied au contenu du prochain chapitre. Elles concernent le rapport de la star à l'écriture.
    En 1945, Marilyn est une starlette. Pour quelques dollars la séance, elle prête ses formes et son sourire aux objectifs de nombreux photographes plus ou moins professionnels. Publicités, calendriers, photos de charme, Marilyn, pourtant maladivement timide, adore l'exercice. Le tête-à-tête la rassure et, instinctivement, elle se sent comme accrochée à l'œil de l'appareil. Mais elle a compris aussi que l'avenir est au cinéma. Qu'il convient de passer à l'étape suivante et de quitter le papier glacé des magazines. Tandis qu'elle multiplie les essais, tandis qu'elle s'affiche aux bras des décideurs d'Hollywood, tandis qu'elle termine ses soirées dans leurs draps froissés, tandis qu'elle commence à modeler le personnage qui ne va plus la quitter jusqu'au point de la dévorer, Monroe lit.
    Cette année-là, Marilyn s'inscrit en effet à la Westwood Public Library, l'une des bibliothèques de Los Angeles. Sous son vrai nom, Norma Jean Baker dévore des ouvrages historiques, politiques, philosophiques et classiques. Ernest Hemingway, Léon Tolstoï, Albert Camus, Marcel Proust, Antoine de Saint-Exupéry, Rainer Maria Rilke, Edgar Allan Poe [2] …
    Les goûts littéraires de la Blonde sont aussi éclectiques que son registre cinématographique se révèle monocorde.
    Mieux. Un an plus tard, Marilyn commence à gagner de l'argent. Rien d'exceptionnel, mais suffisamment pour s'autoriser l'ouverture d'un compte client dans un magasin de la ville. Et là, son goût la porte vers une… librairie. Pas de soins de beauté, pas de robes à la mode, pas d'ordonnances pour une poignée d'anxiolytiques. Non, loin, très loin des mélopées sirupeuses de Sugar Kane, Norma Jean Baker dépense ses premiers cachets pour s'offrir de la lecture.
    *
    Cette passion méconnue culmine en 1951 lorsque Marilyn s'inscrit aux cours du soir de l'université de Los Angeles [3] .
    UCLA, les origines de la littérature, puis Miller… La boucle pourrait s'arrêter là.
    En vérité, elle ne fait que débuter. Mieux, depuis sa disparition, Monroe s'est métamorphosée en sujet littéraire à part entière. Un genre qui englobe le témoignage, le roman, la biographie, le beau livre, le traité médical et, aussi, l'enquête.
    Avant août 1962, six ouvrages avaient été consacrés au sex-symbol. Depuis, on atteint la bonne centaine. Un afflux éditorial venu compliquer la donne. De son vivant, Marilyn avait eu à lutter contre son image. Or celle-ci, au fil des publications, s'est enrichie d'une autre dimension. Celle, élaborée à coups de mots et de pseudo-révélations, par les auteurs de sa légende.
    1 -
    En anglais, The Beauty and the Brain , surnom donné au couple par la presse américaine.
    2 -
    Liste compilée in The Unabridged Marilyn , Randall Riese et Neal Hitchens, Congdon & Weed, 1987.
    3 -
    « Backgrounds in Literature », UCLA.

7. Braises
    Ce bref détour par les coulisses de l'empire Marilyn était nécessaire. Parce qu'à lui seul, il explique une partie de la profusion éditoriale consacrée à l'actrice depuis son décès en août 1962. À cela deux
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