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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska
Autoren: Anne Muratori-Philip
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toute évidence, le camp Leszczyński n’a pas la moindre chance. Dans sa lettre de voeux du 1 er  janvier 1764, Stanislas écrit malgré tout à sa fille : « J’ai ici toute la Lorraine à l’occasion de la nouvelle année, qui tous me disent qu’ils veulent me suivre en Pologne [5] . »
    Finalement, Stanislas-AugustePoniatowski sera élu le 27 août 1764. Il prendra aussitôt la plume pour demander à Marie Leszczyńska d’intercéder en sa faveur auprès de Louis XV. Le roi le fera patienter deux ans…
    Madame de Pompadour s’éclipse…
    À Versailles, les rangs continuent de s’éclaircir autour de la reine. Veuve depuis cinq ans, la duchesse de Luynes s’est éteinte en 1763. Dans une lettre, Marie évoque la perte « d’une amie de quarante ans et d’une amie qui, après Dieu, n’a été occupée que de moi. [...] Ce qui me console, c’est qu’elle aura fait son purgatoire dans ce monde, par ses incroyables souffrances ».
    L’année suivante, le 15 avril 1764, c’est Madame de Pompadour qui rend le dernier soupir, à quarante-deux ans. Curieusement, une grande partie de la cour pleure l’ex-marquise devenue duchesse. La dauphine elle-même est très touchée. Quant à la reine, elle se réfugie dans la prière pour appeler au salut de l’âme de la défunte et pour venir en aide à Louis XV dans ce terrible moment ! Quelques semaines plus tard, Marie écrit : « Il n’est non plus question ici de ce qui n’est plus que si elle n’avait jamais existé. Voilà le monde. C’est bien la peine de l’aimer. »
    Autre sujet d’inquiétude : la santé du roi Stanislas qui fête ses quatre-vingt-sept ans le 20 octobre 1764. À chaque nouvelle lettre, Marie constate que la vue de son père s’altère davantage. Stanislas refuse de confier son courrier familial à un secrétaire, mais ses phrases se chevauchent et s’emmêlent pour devenir presque indéchiffrables. Il ne peut plus lire et devient sourd ; ce qui l’irrite ; car il ne peut plus participer à ces discussions sans fin qu’il aimait tant. De plus, il est pratiquement impotent, obligé de renoncer à la marche. Malgré tous ces maux, il a conservé son sens de l’humour et supporte les méfaits du grand âge sans rechigner, au fil de journées tranquilles en compagnie de son chien, le vieux et fidèle Griffon.
    Plus il vieillit, plus il aime sa fille, devenue l’unique objet de ses pensées. Ses lettres qui commencent toujours par « Ma bien chère petite Mignonne » ou « Mon très cher Coeur » sont empreintes d’une tendresse admirative : « cent fois par jour je me transporte en un moment auprès de vous. » Ou encore : « Six mois je languis à vous voir et les six autres à me désespérer de vous avoir quittée. » Il lui arrive souvent de méditer devant le portrait de Marie : « Il me semble que vous entendez tout ce que je dis à ce cher portrait. » Ils ne manquent jamais de s’écrire pour le Nouvel An, leurs fêtes et leurs anniversaires. Stanislas répond à Marie, en mai 1765 : « Votre chère lettre est un beau bouquet pour ma fête, que j’ai planté au fond de mon coeur pour qu’il ne se fane jamais [6] . »
    Tendre chant du cygne à Commercy
    Pour l’été 1765, le roi de Pologne envisage de venir à Versailles, en dépit de ses difficultés physiques. Pas question de se priver de quelques semaines de bonheur familial à bientôt quatre-vingt-huit ans ! Afin de lui épargner les épreuves du voyage, la reine décide d’inverser les rôles en se rendant en Lorraine, malgré les inquiétudes que lui cause la santé de son fils. Car le dauphin a pris froid lors d’une prise d’armes à Compiègne. Il a tenu bon plusieurs heures dans ses vêtements trempés mais, depuis, il est alité, fiévreux et tousse sans fin. Avec beaucoup de courage, le dauphin tente de rassurer son entourage, mais ses médecins sont aussi inquiets que sa mère.
    Un courrier arrive chez Stanislas au début du mois d’août, annonçant que la reine partira de Compiègne le samedi 17 pour se rendre à Commercy, le ravissant petit château où Stanislas adore passer les mois d’été. Le vieux roi lui répond aussitôt : « J’admire votre circonspection dans la petite suite pour ne me point ruiner. J’espère que le bon Dieu y pourvoira. Je voudrais être tout à fait tranquille sur l’incommodité du cher Dauphin [7] . »
    Fidèle à sa promesse, Marie arrive à Commercy le lundi soir
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