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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan
Autoren: Michel de Decker
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se poser une question : alors qu’Enghien estime qu’Athénaïs possède tout simplement des charmes dignes d’un Roi-Soleil, certains historiens ont affirmé qu’elle s’acharna, qu’elle était ambitieuse, habile, volontaire, qu’elle ne gagna le coeur du monarque qu’à la force du poignet, jour après jour, par une assiduité permanente qu’elle calculait, avec un cynisme à faire froid dans le dos. On n’est pas loin, déjà, de l’accuser des pires forfaits, on laisse déjà planer comme une odeur de soufre autour d’Athénaïs la blonde. On a même raconté que pour parvenir à se glisser au plus tôt dans le lit royal, elle avait officiellement sollicité sa promotion de dame d’honneur de la reine Marie-Thérèse. Cette dernière affirmation ne repose sur aucun document écrit découvert à ce jour.
    Il suffit de savoir qu’à cette époque Louis XIV était un bel homme de vingt-huit ans – espagnol par sa mère et italien par Marie de Médicis, sa grand-mère – et que toutes les jolies jeunes femmes de la cour, séduites, rêvaient de le séduire ! Bien que son visage fût un peu grêlé par la petite vérole, ses traits étaient réguliers, ses yeux vifs, espiègles, tendres, voluptueux, majestueux et grands, il plaisait par une élégance et une politesse exquise. Il était impressionnant aussi. Primi Visconti nous raconte, par exemple – et sans rire ! qu’il suffisait que le Roi sortît pour que la pluie cessât ! Toutes ces dames en étaient donc amoureuses.
    Il suffit de savoir qu’à cette époque Athénaïs était une belle femme de vingt-six ans, une beauté achevée, qu’elle possédait un éclat extraordinaire, des cheveux blonds mousseux, foisonnants, et un rire charmant qui lui découvrait de belles dents blanches, ce qui était tout à fait rare à une époque où les plus nobles personnages, à commencer par la Reine, exhibaient en parlant des gencives ornées de chicots noirs, pourris et nauséabonds... quand ils n’étaient pas totalement édentés !
    À cette époque, non seulement on ne savait pas soigner les dents mais encore, on ne se les lavait pas ! Louis XIV lui-même, le fait est connu, souffrira très jeune d’une fort mauvaise denture. Pour preuve, cette anecdote que nous rapporte Saint-Simon : Alors qu’il se plaignait, un soir, à table, de l’incommodité de n’avoir plus de bonnes dents, il fut interrompu par le cardinal d’Estrées qui lança :
    — Des dents, Sire, eh ! Qui est-ce qui en a ?
    « Le rare de cette réponse, souligne le mémorialiste, est qu’à son âge Estrées les avait encore blanches et fort blanches, et que sa bouche, fort grande mais agréable, était faite de façon qu’il les montrait beaucoup en parlant ; aussi le Roi se prit-il à rire de la réponse, et toute l’assistance, et lui-même qui ne s’embarrassa point du tout. »
    Donc Athénaïs était belle. Mais à la beauté elle-même, qui ne suffit pas toujours pour séduire, « elle joignait cette grâce voluptueuse, cet esprit fin et piquant avec une imagination vive et folâtre {12}  ». Qui plus est, « elle était extrêmement amusante et on ne s’ennuyait jamais avec elle {13}  ».
    Des enfantillages soudains, en effet : ne prit-elle pas plaisir, un jour, à atteler six souris à un carrosse de filigrane et à se laisser mordiller les doigts par le petit attelage récalcitrant ? Un grand talent de comédienne, aussi, doublé d’un bon sens de l’humour, quand elle raillait les courtisans {14} , quand elle se plaisait, primesautière ou mordante, à singer, devant le Roi, les simagrées et les aguicheries des dames qui minaudaient autour de lui.
    Car ces dames de la cour aimaient à se lancer à l’assaut du coeur du Roi. Que la meilleure gagne ! Et la meilleure, après la romanesque amoureuse que fut Marie Mancini, après Louise de La Vallière, sa candeur, sa tendresse et ses chaudes larmes, avant la morganatique Maintenon, ce fut Athénaïs ! C’est en elle, comme l’observe Louis Bertrand, que « le Roi trouva une âme vraiment royale, une âme pareille à la sienne ». Athénaïs régnera donc sur le Roi-Soleil pendant treize ans ; les treize années qui coïncident avec l’ère la plus brillante du Grand Siècle. En réalité, c’est plus qu’une coïncidence...

 
    III
 
LA COLÈRE DU CAPITAINE FRACASSE
    Si ma femme est à un Louis,
vous êtes à trente sols !
    M. DE M ONTESPAN à une importune.
Cf. Mme du
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