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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang
Autoren: Harry Sidebottom
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se retourna vers ses compagnons. Il pointa le doigt vers le bas.
    Il s’était à moitié attendu à des murmures de désapprobation, à des rafales de protestations, mais les autres restèrent cois. Il regarda le grand talus formé par le glissement de terrain. Il commençait à environ trois pieds sous le rebord du ravin, puis descendait en pente affreusement raide, d’au moins quarante-cinq degrés. Au clair de lune, le sol semblait meuble et traître. Çà et là, des rochers acérés pointaient. L’escarpement paraissait se prolonger sur une distance infiniment grande.
    Ballista se retourna vers les autres. Personne ne bronchait ni ne bougeait. Sous l’ombre des casques, les yeux des soldats luisaient. Il comprenait fort bien leur hésitation. Un cavalier s’avança. C’était Bathshiba. Son cheval s’arrêta au bord. Sans un mot, elle le talonna et il bondit en avant. Ballista le regarda reprendre pied en contrebas et lutter pour garder l’équilibre. Son arrière-train replié reposant presque à plat sur le sol, il commença à glisser tant bien que mal au bas du talus.
    Ballista se força à ne pas regarder. Il approcha Cheval Pâle de la monture de Demetrius, prit les rênes des mains du garçon et mena son cheval au bord. Il entoura les rênes autour du pommeau de la selle de Demetrius, se pencha vers lui et lui dit doucement de ne pas se soucier des rênes, de se tenir très en arrière sur sa selle et de serrer fort les cuisses. Le garçon était tête nue et semblait terrifié. « Tiens bon. » Ballista dégaina son épée. Demetrius tressaillit. La lame scintilla alors qu’elle décrivait un arc de cercle dans l’air. Ballista abattit le plat de l’épée sur la croupe du cheval qui sauta dans le vide.
    — Si une femme et un secrétaire grec l’ont fait, vous aussi vous le pouvez.
    Ballista demanda à ce qu’on lui donnât la longe d’un des chevaux de bât. Il le mena au bord de l’escarpement. Il contempla un instant le vertigineux dénivelé. « Père-de-Tout, et dire que cet après-midi-là, je pensais faire ça, juste pour le plaisir. » Il talonna sa monture.
    Quand Cheval Pâle sauta, Ballista décolla de sa selle, restant comme suspendu dans les airs. Lorsque les sabots du hongre touchèrent le talus, il retomba lourdement, l’impact irradiant dans son dos. La longe se tendit, tirant son bras vers l’arrière, lui déboîtant presque l’épaule. Le cuir glissait entre ses doigts et le brûlait. Le cheval de bât suivit et la longe se détendit.
    Ballista se pencha aussi loin en arrière qu’il le pût, appuyant son dos contre le troussequin et calant ses cuisses contre les arçons de sa selle. Devant lui, le talus, jalonné de rochers pointus, descendait presque à pic. Le fond du ravin lui semblait infiniment loin. Il fut tenté de fermer les yeux, mais se souvint de l’angoisse qu’il avait ressentie lorsqu’il les avait rouverts ce jour-là, dans le tunnel. Il fixa la crinière de Cheval Pâle.
    Ils se précipitaient dans le gouffre. Toujours plus bas, dans une descente effrénée. Puis les appuis des pattes de Cheval Pâle sur le sol se firent plus fermes, plus lents et il galopa sur le plat dans le lit du ravin.
    Ballista, menant toujours le cheval de bât, vint se placer à côté de Demetrius et Bathshiba qui attendaient. Maximus déboula à toute allure, hurlant comme un dément. L’un après l’autre, Calgacus, Bagoas, le messager et le scribe arrivèrent au fond du ravin. Puis ce fut le désastre.
    Au milieu du talus, la monture d’un des soldats – impossible de dire lequel de l’endroit où il se trouvait – perdit l’équilibre et tomba en avant. Son cavalier fut à moitié désarçonné et le cheval se coucha sur lui. Ensemble, dans une avalanche de pierres et de terre, ils roulèrent sur la pente raide. Le cavalier suivant était presque sur eux, lorsqu’au dernier moment, le sanglant enchevêtrement de cheval et d’homme bascula dans le vide au bord du talus. La voie était libre.
    Le reste du groupe parvint au bas du ravin. Turpio en dernier, tirant un cheval de bât. « Un homme courageux », pensa Ballista. Les descentes successives des chevaux avaient rendu le talus plus accidenté et plus instable encore.
    Ballista inspecta sa petite troupe. Félix manquait à l’appel. Son nom ne lui avait pas porté chance. La monture d’un des soldats boitait. Ballista mit pied à terre pour regarder sa patte. C’était l’antérieur droit. Le
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