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l'incendie de Rome

l'incendie de Rome

Titel: l'incendie de Rome
Autoren: Jean-François Nahmias
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soudain d’un petit rire et prit une voix haut perchée, imitant celle de son ancien précepteur :
    — « Prends garde, Néron, si toi, tu fais l’histoire, ce sont les sénateurs qui l’écrivent »… Le vieux radoteur a toujours eu la manie des formules. Je parie qu’il avait préparé celle-là depuis longtemps.
    Ils repassèrent dans la grande pièce servant d’antichambre. Ses occupants se précipitèrent vers l’empereur, mais il les repoussa sans ménagements et poursuivit son chemin. Tous les regards se portèrent alors sur Lucius Gemellus, qui le suivait comme son ombre. Ce dernier y lut de la surprise, mais aussi de la jalousie. Il se dit que cette subite faveur allait changer beaucoup de choses dans son existence…
    Les appartements personnels de Poppée se trouvaient dans un bâtiment un peu plus loin au sein du vaste parc. Néron lança à Lucius, tandis qu’ils se dirigeaient dans cette direction :
    — Tu vas faire la connaissance de l’impératrice. C’est un honneur que peu ont eu.
    — Je la connais déjà, César.
    — Quand l’as-tu rencontrée ?
    — À mon mariage et à l’enterrement de ma femme.
    — Qui était ta femme ?
    — Marcia. C’était elle qui la coiffait.
    — Elle m’a parlé d’elle. Elle n’a jamais retrouvé depuis quelqu’un qui s’occupe aussi bien de sa chevelure… De quoi est-elle morte ?
    — En accouchant.
    — Et ton enfant a survécu ?
    — Non. Il est mort aussi.
    Néron s’arrêta et considéra Lucius.
    — C’est encore quelque chose qui nous lie. Tu sais que j’ai perdu ma fille au printemps ?
    — Je l’ai su comme tout Rome, César.
    — C’était un ange. Je l’ai fait diviniser, mais qu’est-ce que cela change ? Mortelle ou immortelle, elle est toujours aussi loin de moi. Et toi, tu te consoles ?
    — Non. Personne ne peut m’aider, ni les dieux ni les hommes…
    En cette belle fin de matinée d’avril, Poppée Augusta, impératrice des Romains, se promenait seule dans les jardins du palais. Elle s’était arrêtée devant une pièce d’eau où évoluaient des cygnes blancs et noirs. Elle était vêtue d’une tunique en soie jaune safran, de la couleur exacte de sa vaporeuse chevelure, raffinement qui était bien dans sa manière. En l’apercevant, Néron courut à sa rencontre, la prit dans ses bras, la couvrit de baisers et lui annonça la grande nouvelle avec toutes sortes de démonstrations d’enthousiasme. Débordée par ce véritable ouragan, Poppée eut du mal à se faire entendre. Elle finit par lui déclarer qu’elle était ravie de sa décision, avec toutefois beaucoup plus de retenue que lui. Néron lui désigna alors celui qui l’accompagnait.
    — Tu connais Lucius, à ce qu’il m’a dit ?
    L’impératrice adressa un sourire aimable en direction de ce dernier.
    — Je ne t’ai pas oublié, Gemellus. Tu sais que je n’ai pas réussi à remplacer Marcia ? Elle me manque. Moins qu’à toi, bien sûr.
    Lucius s’apprêtait à lui répondre, mais des cris poussés un peu plus loin l’en empêchèrent. Le poète Pétrone, qui se promenait également dans le parc avec un groupe d’amis, venait d’apercevoir le couple impérial. Tous coururent vers eux en faisant de grands gestes.
    — Néron, Néron ! Nous avons appris la grande nouvelle !
    — Chanter à Rome, c’est divin ! Il n’y a pas d’autre mot, divin !
    — La victoire que tu remporteras au concours sera la plus belle qu’ait gagnée un empereur !
    — Ta gloire dépassera celle d’Auguste et de César !…
    Ils l’entouraient en poussant des cris excités. Si les sénateurs avaient exprimé des sentiments qu’ils ne ressentaient pas, eux étaient tout à fait sincères. Pétrone et les siens s’employaient à encourager les goûts artistiques de l’empereur, contrairement à Sénèque ; contrairement aussi à Tigellin, qui aurait voulu le voir s’intéresser un peu plus à la politique. Le préfet du prétoire et eux se détestaient d’ailleurs cordialement.
    Pétrone, « l’arbitre des élégances », responsable sans en avoir formellement le titre des plaisirs de la cour, tranchait sur ses compagnons. Âgé d’un peu plus d’une trentaine d’années, il était grand et élancé, avec quelque chose d’un peu nonchalant dans son physique, mais il ne se signalait par aucune extravagance. Ceux qui
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