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L'Iliade et l'Odyssée

L'Iliade et l'Odyssée

Titel: L'Iliade et l'Odyssée
Autoren: Homère
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d’inquiétude les autres
prétendants. Ils craignaient que le mendiant ne fût un dieu
déguisé, qui les châtierait tous.
    Amphinomos, un des meilleurs parmi les
prétendants, but à la santé d’Ulysse dans une coupe d’or. Et Ulysse
lui répliqua par un avertissement.
    « Tu sembles un homme honnête,
Amphinomos. Je sais que tu es le fils d’un père illustre. Puissent
les dieux te faire rentrer chez toi sain et sauf avant qu’Ulysse ne
déchaîne sa vengeance dans sa propre maison ! »
    En parlant, il versa une libation de vin. Puis
il but à la coupe et la rendit à Amphinomos. Mais ce dernier
regagna son siège, l’esprit lourd. Et son pressentiment était
justifié, car Athéna avait décidé qu’il n’échapperait pas, mais
périrait sous les coups de la lance de Télémaque.
    Quand les prétendants se furent enfin retirés
chacun dans son logement pour y dormir, Ulysse et Télémaque
restèrent seuls dans la grand-salle.
    « Cachons les armes », dit
Ulysse.
    Ils se mirent au travail, emportant les
casques et les lances pointues, les boucliers et les javelots. Puis
Télémaque traversa à nouveau la salle illuminée par les torches
pour regagner sa chambre. Ulysse, laissé seul, méditait dans
l’ombre la vengeance qu’il tirerait des prétendants.
    Pénélope descendit bientôt de sa chambre,
belle comme une déesse, son voile brillant devant le visage. On lui
avança à côté du feu son fauteuil, finement sculpté, incrusté
d’ivoire et d’argent et recouvert d’une moelleuse toison, avec un
tabouret pour les pieds. Pénélope s’assit, tandis que les servantes
débarrassaient les tables des reliefs du festin. Elles vidèrent les
cendres des foyers et y entassèrent de nouvelles bûches qui
donnaient lumière et chaleur.
    Se tournant vers l’intendante, Pénélope lui
dit : « Apporte une chaise recouverte d’une natte, pour
que mon hôte s’assoie ; je voudrais lui parler. »
    Ulysse s’assit donc aux pieds de sa femme et
appela à son secours toutes les ressources de son esprit.
    « Étranger, dit Pénélope, je vais d’abord
te demander qui tu es et d’où tu viens. »
    « Ah ! dit Ulysse, ne me demande pas
cela, je t’en prie. Car la pensée de mon pays et de ma famille me
remplit d’un tel chagrin que je verserais des larmes toute la
nuit. »
    « Je comprends, dit Pénélope, car ma
douleur à moi-même est grande. Des hommes venus de toutes les îles
d’alentour veulent me prendre pour femme, et, jusqu’à ce que je me
décide à en accepter un, ils dévorent ma maison. Cependant je ne
peux me résoudre à un mariage détesté, car Ulysse est toujours
vivant dans mon coeur. »
    Les larmes coulaient des yeux de Pénélope
comme torrents grossis par la fonte des neiges. Mais bien que son
coeur fût ému, Ulysse retint ses larmes.
    Et Ulysse lui raconta une autre histoire,
suivant laquelle il avait jadis hébergé Ulysse et ses hommes en
Crète. Et il décrivit Ulysse et ses vêtements : son manteau de
pourpre à revers, sa tunique brillante et lisse, et une grosse
broche d’or merveilleusement ciselée.
    Alors les larmes de Pénélope coulèrent plus
abondantes qu’avant. Car ces vêtements étaient ceux mêmes qu’elle
avait tirés de ses réserves et donnés à Ulysse au moment de son
départ pour la guerre. Aussi quand l’étranger lui jura que son mari
serait de retour avant que la nouvelle lune soit pleine, son coeur
accablé put se réjouir un peu, en dépit des longues années de morne
attente.
    « Je dois te dire encore une chose, dit
Pénélope ; si Ulysse ne revient pas, j’ai l’intention bientôt
de faire faire un concours aux prétendants, et d’épouser le
vainqueur. Tu dois savoir qu’Ulysse plaçait douze haches en ligne
droite comme les étais de la quille d’un vaisseau. Puis il se
mettait à quelque distance et tirait une flèche qui les traversait
toutes. Je demanderai aux prétendants de faire de même, en se
servant des mêmes haches, et en tendant l’arc d’Ulysse. Je partirai
avec le vainqueur, et quitterai pour toujours ce palais, où je suis
arrivée comme une heureuse épouse. »
    « Noble dame, dit Ulysse, ne retarde pas
cette épreuve d’un seul jour. Et je te promets qu’avant que l’arc
ne soit bandé, Ulysse reviendra. »
    Ils se séparèrent sur ces paroles ;
Ulysse alla dormir dans le corridor, et Pénélope regagna sa couche
arrosée de larmes.

L’Odyssée – Scène 17 : L’arc
d’Ulysse
     
    Le
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