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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer
Autoren: Arthur Bernède
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adorable silhouette. Et puis, laissez-moi vous le dire, bien que vous exerciez encore sur vos amis de si terribles ravages, je ne crois pas que vous ayez encore inspiré un amour aussi franc, aussi puissant que celui dont brûle pour vous ce jeune et intrépide Gascon. Je suis certain que vous lui demanderiez de sacrifier sa vie pour vous qu’il n’hésiterait pas une seconde à le faire.
    – Je n’ai nullement cette intention, déclara Marie de Rohan.
    – Vous ne seriez peut-être pas fâchée de rencontrer, pour vous accompagner au cours du voyage très périlleux que vous allez entreprendre, un cavalier dont vous avez déjà pu apprécier la bravoure, la loyauté et… le dévouement !
    – Je vous comprends, déclara la duchesse, devenue pensive. Ce n’est peut-être point une mauvaise idée !
    Et, d’un ton qui n’était pas exempt d’une certaine ironie, elle ajouta :
    – Puisque vous, monsieur de Mazarin, vous ne pouvez pas m’accompagner !…
    – Dieu sait si j’en suis désolé, s’écria l’Italien avec toutes les apparences de la sincérité. Mais vous n’ignorez pas que Sa Majesté la reine l’a interdit et qu’Elle tient absolument, en cas d’alerte toujours possible, que je sois auprès d’elle.
    La belle Marie se taisait. Sans doute réfléchissait-elle à la proposition que venait de lui faire son interlocuteur car la charmante amie d’Anne d’Autriche avait conservé un excellent souvenir du bref et tendre moment qu’elle avait passé en compagnie de l’ardent Méridional.
    Il ne lui en avait pas fallu davantage pour se rendre compte que si Castel-Rajac était un gentilhomme vaillant et sûr entre tous, il était aussi un de ces amants qu’il n’est point donné à une amoureuse de rencontrer souvent sur sa route.
    Mazarin l’observait du coin de l’œil. On eût dit qu’il devinait toutes ses pensées ; car, à mesure que M me  de Chevreuse se plongeait dans ses réflexions, un sourire de satisfaction entrouvrait ses lèvres.
    Redressant son joli front qu’encadraient ses cheveux blonds d’une auréole de boucles naturelles, Marie lança, sur un ton de parfaite bonne humeur :
    – Décidément, monsieur de Mazarin, vous avez encore et toujours raison. Faites savoir au chevalier de Castel-Rajac que je l’attends.
    L’Italien riposta aussitôt :
    – Madame, il sera ici dans une demi-heure.
    Et, s’inclinant avec grâce devant la charmante femme, il se retira aussitôt.
    Demeurée seule, M me  de Chevreuse quitta le salon, remonta l’escalier et s’en fut doucement frapper à la porte de la chambre où se cachait Anne d’Autriche. L’huis s’entrebâilla doucement, laissant apercevoir seulement la tête de la sage-femme, qui ne quittait plus le chevet de la reine, dans l’attente d’un événement qui ne pouvait plus tarder. C’était une paysanne au visage énergique et intelligent, qui semblait avoir une claire conscience de sa valeur.
    – Comment va mon amie ? interrogea à voix basse Marie de Rohan.
    – Elle repose, répondit la sage-femme, en adoucissant son timbre qui n’était point sans rappeler celui d’un chantre de paroisse.
    Et elle ajouta, avec l’air assuré de quelqu’un qui ne se trompe jamais :
    – Ce sera pour cette nuit !
    Sans rien ajouter, elle referma la porte au nez de la duchesse et cela semblait nettement signifier qu’elle entendait qu’on la laissât en paix.
    M me  de Chevreuse n’hésita pas. Ce n’était ni le moment ni l’occasion de mécontenter cette femme persuadée qu’elle avait été appelée auprès d’une dame du monde désireuse de cacher à son mari une maternité dont il était impossible de rendre celui-ci responsable.
    La situation demandait, en effet, une extrême prudence. Soulever le moindre incident, n’était-ce pas risquer de provoquer le plus effroyable scandale qu’ait jamais eu à enregistrer la Cour de France ?
    La duchesse était trop fine mouche pour ne pas éviter, par tous les moyens, un esclandre qui eût à jamais déshonoré sa reine, sa meilleure amie, et lui eût peut-être coûté, à elle, la prison perpétuelle. Elle se contenta de songer :
    « Si cette femme pouvait dire vrai ! Car plus vite l’enfant viendra au monde, plus tôt notre sécurité à tous sera assurée. »
    Et, tout en descendant l’escalier, elle se prit à murmurer :
    – Ce diable de Mazarin aurait mieux fait de rester en Italie !
    Elle regagna le salon qui était maigrement
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