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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer
Autoren: Arthur Bernède
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dans le fauteuil et dit :
    – Maintenant, monsieur, parlez !
    – Éminence, conformément à la mission que vous m’aviez donnée de surveiller discrètement Sa Majesté la reine, j’ai établi autour du couvent du Val-de-Grâce, où Sa Majesté vient de se rendre pour y faire une retraite de plusieurs semaines, tout un réseau d’informateurs par lequel je viens d’apprendre que Sa Majesté ne se trouvait plus dans ce couvent.
    Malgré toute sa maîtrise de lui-même, Richelieu ne put réprimer un tressaillement.
    – Sa Majesté n’est plus au Val-de-Grâce ?
    – Non, Éminence, elle en est partie depuis plusieurs jours avec la complicité de la mère abbesse qui, dans toute cette affaire, a joué un rôle des plus suspects.
    D’un geste nerveux, Richelieu coupa la parole à M. de Durbec.
    – Avez-vous pu connaître l’endroit où s’était retirée la reine ?
    – Oui, Éminence ! Dans une gentilhommière qui se trouve à un quart de lieue du château de Chevreuse.
    – Avez-vous pu découvrir le motif de cette fugue ?
    – Oui, Éminence ! Sa Majesté est sur le point de devenir mère.
    La foudre fût tombée aux pieds du cardinal qu’elle n’eût sans doute pas produit sur lui un effet aussi impressionnant.
    D’un bond, il se leva et, les mains crispées sur les bras de son fauteuil, il s’exclama :
    – Que me dites-vous là ?
    – La vérité, Éminence.
    Richelieu, qui devait avoir de bonnes raisons pour ne point mettre en doute la parole de son interlocuteur, reprit, comme s’il se parlait à lui-même :
    – Il me paraît invraisemblable que depuis si longtemps la reine ait pu dissimuler sa grossesse aux yeux de tous… Je sais bien que, depuis quelque temps, elle se plaignait d’être malade et qu’elle évitait de paraître à toutes les réceptions de la Cour…
    » Enfin, monsieur Durbec, continuez votre surveillance, tenez-moi au courant de tout ce qui se passera, tâchez de connaître les intentions de la reine au sujet de cet enfant mystérieux, et faites en sorte de savoir, dès qu’il sera venu au monde, à qui on l’aura confié et à quel endroit on l’aura conduit.
    » Je n’ajouterai qu’un mot : vous êtes dépositaire, monsieur de Durbec, d’un des plus graves secrets qui aient jamais existé. Votre tête répond de votre silence.
    – Votre Éminence peut compter entièrement sur moi. D’ailleurs, elle m’a mis assez souvent à l’épreuve pour qu’elle soit tranquille à ce sujet.
    Richelieu regarda son émissaire s’éloigner et, lourdement, comme accablé, se laissa retomber sur son fauteuil.
    De qui peut bien être cet enfant se demandait-il. Pour que la reine s’en aille accoucher aussi clandestinement, avec la complicité certaine de son amie la duchesse de Chevreuse, il faut qu’il lui soit impossible de faire accepter au roi la paternité de ce rejeton qui ne peut donc être que le fruit d’un adultère. Cherchons quel peut bien en être le père.
    Le front du cardinal se plissa. Dans ses yeux flamba une lueur étrange ; un sourire indéfinissable entrouvrit ses lèvres minces et décolorées, puis un nom lui échappa :
    – Mazarin !
    Quel était donc cet homme sur lequel venait de se fixer la conviction du grand ministre ?
    C’était un jeune Italien, très souple, très fin, fort élégant cavalier, à la voix chaude, insinuante, à l’esprit endiablé, à l’intelligence remarquable, que Richelieu avait remarqué quelque temps auparavant parmi les seigneurs étrangers qui réussissaient, grâce à leur adresse, à se faufiler en si grand nombre à la Cour de France.
    Tout d’abord, il signore Mazarini n’avait guère plu au cardinal. Il trouvait qu’il se vantait un peu trop bruyamment de prouesses qu’il avait soi-disant accomplies en Italie, ainsi que des services plus ou moins illusoires que, dans ce pays, il avait rendus à la France. Richelieu avait d’abord eu l’impression que ce Mazarin n’était qu’un aventurier banal, capable de beaucoup plus de bruit que de besogne.
    L’Italien ne s’était point tenu pour battu, car il était d’une opiniâtreté rare. Diplomate dans le fond de l’âme, il se dit qu’il ne pourrait rien s’il ne conquérait les bonnes grâces du cardinal. Il s’y employa de son mieux, évitant les moyens trop directs, prenant des chemins détournés, rendant çà et là de menus services, faisant parvenir à celui dont il faisait le siège des renseignements qui, sous
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