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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste
Autoren: Hervé Gagnon
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croit que la plupart n’en réchapperont pas. Ugolin laissa son regard errer en direction du village, puis vers le chemin.
    —    Dieu me pardonne, mais tant mieux, fit-il entre deux bouchées. J’espère qu’ils seront tous morts d’ici quelques jours. Lorsque la brise vient dans ma direction, je peux sentir l’odeur des cadavres qui pourrissent. Cet endroit me donne des frissons. Je ne serai pas fâché de le laisser derrière moi.
    —    Si Pernelle t’entendait.
    Le géant de Minerve éclata d’un rire sonore.
    —    Elle me tancerait, je le sais. Mais elle n’est pas là.
    Nous restâmes silencieux plusieurs minutes, Ugolin mangeant tranquillement.
    —    J’espère seulement que vous n’attraperez pas la mort, tous les deux, dit-il, redevenu sérieux.
    —    Elle semble savoir ce qu’elle fait.
    —    Mais toi ? Je ne crois pas un mot de ton histoire, tu sais. Si tu as été exposé à ce mal, alors je suis le pape en personne et tu peux baiser mes grosses bagues serties de joyaux.
    —    Je te vois mal assis sur le trône de saint Pierre, ricanai-je. J’ai menti, c’est vrai.
    —    Tu risques gros pour accompagner Pernelle.
    —    Fais-moi confiance, je n’attraperai rien.
    Ugolin n’était pas homme à réfléchir longtemps.
    —    Si tu le dis, fit-il en haussant les épaules avant de mordre dans son fromage.
    —    Et de ton côté ? l’interrogeai-je. Il s’est passé quelque chose aux alentours ?
    —    Pas le moindre croisé en vue. Mais sachant ce que je sais maintenant, je serai plus tranquille quand nous nous remettrons en marche.
    —    Je parlerai à Pernelle, lui dis-je en me levant. Moi aussi, j’aimerais mieux ne pas traîner.
    —    Comme si elle allait faire autrement qu’à sa tête.
    —    Je sais.
    Je m’assurai de repartir avant que la nuit ne soit entièrement tombée. La dernière chose que je voulais était d’arpenter les rues de Mondenard dans le noir.
    Avant même que le soleil se lève, nous étions debout et nous avions mangé. Pernelle avait vérifié le contenu de son coffre et avait donné un mouchoir à Estève en insistant pour qu’il le porte le moment venu, même s’il semblait immunisé contre le mal. Puis, constatant qu’elle était à court de camphre, elle lui avait demandé s’il en avait. Le jeune homme partit aussitôt vers la demeure du Parfait, où il croyait pouvoir en trouver.
    —    Que prévois-tu faire ? demandai-je à mon amie lorsque nous fûmes seuls.
    —    Pas grand-chose, soupira-t-elle. Je vais examiner tout le monde, isoler ceux qui me semblent atteints et garder à l’œil ceux qui ne le sont pas. Personne ne sait vraiment comment les animalcules voyagent, mais il est prouvé qu’il vaut mieux ne pas respirer le même air que les malades. Pour le reste, seul Dieu décide quand le temps de chacun est arrivé.
    Sur l’entrefaite, Estève surgit en brandissant fièrement un morceau de camphre qu’il remit à Pernelle. Celle-ci m’emprunta ma dague pour y trancher des lamelles à l’odeur puissante qu’elle nous remit en nous ordonnant de les enrouler dans notre mouchoir pour éloigner les miasmes.
    —    Tu as des gants ? lui demanda-t-elle ensuite.
    —    Euh. il y en aura sans doute dans la boutique du forgeron.
    —    Bien, nous les prendrons en passant. Et du vinaigre ?
    —    Euh. Desirada devait bien en avoir quelque part.
    Estève fouilla la pièce et repéra une cruche sur le petit comptoir de bois. Il l’ouvrit, en sentit le contenu et plissa le nez.
    —    J’ai le vinaigre, annonça-t-il.
    —    Bien, dit Pernelle.
    Elle saisit le récipient, puis m’informa que j’étais en charge de son coffre. Estève remplit de victuailles un grand sac de toile et nous quittâmes la demeure. En chemin, il trouva des gants de cuir épais qu’utilisait le forgeron pour ne pas avoir les mains brûlées par les étincelles et fit mine de les donner à Pernelle, qui secoua aussitôt la tête.
    —    Dépose-les par terre, ordonna-t-elle.
    Interloqué, le jeune homme obéit. Mon amie ouvrit la cruche de vinaigre et déversa une partie de son contenu sur les gants du forgeron, qui en furent bientôt trempés.
    —    À quoi joues-tu ? m’enquis-je.
    —    Le vinaigre éloigne les animalcules, répondit-elle. Le forgeron est peut-être atteint du feu sacré. Je n’ai aucune envie d’enfiler des gants qu’il a portés sans
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