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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre
Autoren: J. M. Auel
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frère.
    — Thonolan voyage maintenant dans le Monde d’Après. Et sans
cette femme, je ne serais pas ici.
    — Oh ! Jondé ! Qu’est-il arrivé ?
    — C’est une longue histoire et ce n’est pas le moment de la
raconter, répondit-il.
    Il n’avait pu retenir un sourire en l’entendant l’appeler
Jondé : c’était le diminutif qu’elle lui avait donné.
    — Je n’avais pas entendu ce nom depuis mon départ,
reprit-il. Maintenant je sais que je suis rentré. Comment vont les
autres ? Mère ? Willamar ?
    — Ils vont bien tous les deux. Mère nous a fait peur il y a
deux ans mais Zelandoni a fait appel à sa magie, et elle est en bonne santé,
maintenant. Viens voir par toi-même, conclut Folara en prenant son frère par la
main pour l’inviter à gravir le reste de la pente.
    Jondalar se retourna et fit signe à Ayla qu’il reviendrait
bientôt. Il n’aimait pas la laisser seule avec les bêtes mais il fallait qu’il
voie sa mère, il fallait qu’il voie par lui-même qu’elle allait bien. Cette « peur »
dont lui avait parlé Folara le préoccupait, et il fallait en outre qu’il parle
des animaux. Ayla et lui avaient fini par se rendre compte que, pour la plupart
des hommes, des animaux qui ne les fuyaient pas représentaient un phénomène à
la fois étrange et effrayant.
    Les humains connaissaient les animaux. Tous ceux qu’Ayla et lui
avaient rencontrés pendant leur Voyage les chassaient ; la plupart les
honoraient, rendaient hommage à leurs esprits d’une manière ou d’une autre.
Aussi loin que remontait leur mémoire, ils avaient observé les animaux avec
soin. Ils connaissaient les territoires qu’ils affectionnaient, les nourritures
qu’ils aimaient, leurs migrations saisonnières, leur période de reproduction et
leur saison de rut. Mais nul n’avait jamais essayé de toucher d’une manière
amicale un animal vivant. Nul n’avait jamais essayé d’attacher une corde au cou
d’une bête pour la mener. Nul n’avait jamais essayé d’apprivoiser un animal, ni
même imaginé que ce fût possible.
    Aussi contents fussent-ils de voir un parent – particulièrement
un parent que peu d’entre eux espéraient revoir un jour – rentrer d’un
long Voyage, ces animaux apprivoisés constituaient pour eux un spectacle si
insolite que leur première réaction était la peur. C’était étrange,
inexplicable, cela dépassait leur expérience ou leur imagination, cela ne
pouvait être naturel. Cela venait forcément d’un autre monde. La seule chose
qui empêchait bon nombre d’entre eux de s’enfuir ou de tenter de tuer ces bêtes
terrifiantes, c’était le fait que Jondalar, qu’ils connaissaient tous, était
arrivé avec elles, et qu’il montait maintenant le sentier depuis la Rivière des
Bois, avec sa sœur, l’air serein sous la lumière vive du soleil.
    Folara avait fait preuve de courage en se précipitant vers lui,
mais elle était jeune, elle avait l’intrépidité de la jeunesse. Et elle était
si heureuse de retrouver son frère – qui avait toujours été son
préféré – qu’elle n’avait pu attendre. Jondalar ne lui ferait jamais
aucun mal, et lui-même n’avait pas peur de ces animaux.
    Du bas du sentier, Ayla regarda hommes et femmes l’entourer, lui
souhaiter la bienvenue par des sourires, des embrassades, des tapes dans le
dos, des serrements des deux mains, et un déluge de mots. Elle remarqua
particulièrement une très grosse femme, un homme aux cheveux bruns que Jondalar
pressa contre lui, ainsi qu’une femme d’âge mûr qu’il embrassa avec chaleur et
dont il entoura les épaules de son bras. Sans doute sa mère, se dit Ayla, qui
se demanda ce que cette femme penserait d’elle.
    Ces gens étaient sa famille, ses parents, ses amis, ceux avec
qui il avait grandi. Elle, elle n’était qu’une inconnue, une étrangère
inquiétante qui amenait d’étranges animaux, qui apportait des coutumes
étrangères menaçantes et des idées scandaleuses. Pourquoi l’accepteraient-ils ?
Et que se passerait-il s’ils la rejetaient ? Elle ne pouvait retourner
chez elle, son peuple vivait à plus d’une année de marche vers l’est. Jondalar
avait promis qu’il l’accompagnerait si elle voulait repartir ou si elle y était
contrainte, mais c’était avant qu’il retrouve les siens, avant qu’il soit
accueilli aussi chaleureusement. Qu’allait-il décider maintenant ?
    Sentant quelque chose la pousser derrière elle, elle
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