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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise
Autoren: Jean (d) Aillon
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Anne, Charlotte avait accouché de deux garçons mort-nés.
    Ils payaient tous deux un rude prix à leur
cause.
    C’est que la mort du frère cadet du roi en
juillet dernier avait tout changé [1] . Désormais Henri III était le dernier Valois, et il n’avait pas
de descendance mâle. Selon la loi salique, le trône reviendrait au plus proche
descendant de Saint Louis, c’est-à-dire à Henri de Bourbon, roi de Navarre. À
peine la mort d’Alençon était-elle connue que l’Espagne avait demandé à
négocier avec Navarre. C’est lui, Mornay, qui avait conduit les discussions. Les
Espagnols proposaient de le reconnaître comme héritier de la couronne de France
s’il leur laissait libre champ en Flandre. Pour preuve de sa bonne foi, le roi
d’Espagne offrait cinquante mille écus, et en promettait six fois plus si Henri
de Bourbon s’alliait avec lui contre le roi de France.
    Cette dernière proposition avait outragé
Philippe de Mornay. Sur son conseil, Navarre avait tout refusé et renvoyé les
écus en déclarant au roi d’Espagne que, s’il arrivait qu’il cède en
puissance, il ne le ferait jamais en conscience.
    M. de Mornay s’était alors rendu à
Lyon où se trouvait Henri III pour lui faire part de la décision de son
maître. C’était en août, et le voyage n’avait été qu’une succession d’escarmouches
et de brigandages contre sa troupe. Mais le déplacement avait été utile pour
resserrer les liens entre les deux rois qui ne s’étaient plus rencontrés depuis
neuf ans. Le Valois avait apprécié la fidélité de son beau-frère qui lui avait
déclaré être sujet du roi de France et ne pouvoir donc être d’aucune autre
ligue que la sienne.
    Les deux hommes avaient la même conception de
la royauté et de la grandeur du royaume.
    Un peu plus tard à Montauban – une des quatre
places de sûreté concédées aux protestants par le dernier traité de paix – s’était
déroulée l’assemblée générale des églises de France durant laquelle les députés
avaient dressé une liste de remontrances qu’ils faisaient au roi de France. Mornay,
qui venait d’être nommé surintendant de la maison du roi de Navarre – une
charge équivalente à celle de premier ministre –, avait été désigné pour les
présenter à Henri III.
    C’est que peu d’hommes à la cour du roi de
Navarre possédaient son talent de diplomate et sa science. Calviniste
inébranlable, M. de Mornay connaissait la Bible par cœur et parlait
le latin et le grec, ainsi que d’autres langues telles que l’allemand, le
flamand, l’anglais ou l’italien. Mais surtout, il était doué d’une rare
habileté politique.
    Il était donc parti à nouveau sur les routes, porteur
des remontrances de l’assemblée protestante mais aussi d’une lettre du roi de
Navarre dans laquelle celui-ci assurait à Henri III qu’il ne changerait
pas de religion pour toutes les monarchies du monde.
    Mornay était resté près de deux mois à Paris
et, bien que ni la déclaration de Montauban ni la décision d’Henri de Navarre n’aient
plu à Henri III, il avait obtenu une prolongation du droit des protestants
à disposer de places de sûreté pendant encore deux ans.
    Après six mois d’errances, Mornay était enfin
de retour parmi les siens et, depuis deux jours, il en savourait toute la
douceur. Il attendait maintenant la venue de Navarre. Il avait en effet été
convenu qu’ils se retrouveraient à Figeac avec le baron de Rosny [2] , l’autre principal conseiller d’Henri.
    Mornay n’aimait pas Rosny qu’il jugeait
opportuniste – n’avait-il pas un temps suivi cet avorton méprisant qu’était
François d’Alençon ? – et bien qu’il logeât à quelques maisons de la
sienne, il n’avait pas cherché à le rencontrer. Lui, il n’avait jamais varié. Même
durant la Saint-Barthélemy, alors que même Henri de Navarre avait abjuré, il
était resté fidèle à sa foi.
    La Saint-Barthélemy ! Mornay soupira et
revint vers la grande table de travail pour se saisir des feuillets qu’il avait
noircis durant la matinée.
    Depuis des années, Charlotte, sa chère épouse,
le pressait pour qu’il écrive ses mémoires, comme elle le faisait elle-même
chaque jour. Il lui opposait que le temps lui faisait défaut, que le service d’Henri
de Navarre l’occupait trop et puis, qu’à trente-six ans, il avait bien le temps
de le faire plus tard.
    Mais cette fois, il n’avait pu échapper à
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