Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
exagérer?
    Non, Mathieu, je n'ai rien exagéré.
    -
    Voilà des siècles qu'on ne m'a plus appelé
    Mathieu.
    Mais n'est-ce pas ton nom de baptême, celui dont nous usions quand, enfants, nous jouions avec d'autres chenapans comme nous?
    Beaucoup d'eau, depuis, a coulé sous le pont de Besançon. A Aix, à la cour on ne me nomme plus que... Mais laissons cela! Puisque tu tiens à nous faire retomber en enfance, va pour Mathieu ! Tu disais donc...
    Geroul secoua la tête, pensif.
    .... que je ne comprenais pas. J'ai beau me creuser la tête... Un seul motif, peut-être : la jalousie !
    D'une femme?
    Non, mais celle qu'engendrent toujours la réus≠
    site et la fortune.
    Le cousin de Doremus prit un air navré.
    - Il est vrai, expliqua-t-il, qu'Octavien, le père de Fabian, n'est pas un ange de douceur et de mansué≠tude. Ses esclaves et ses colons en savent quelque chose ainsi que ceux qui sont en négociation avec lui. Il n'a pas volé son surnom.
    -
    C'est-à-dire?
    -
    " Le Rapace " ! Cependant, en poussant les choses à l'extrême et en admettant que quelqu'un ait voulu se venger de ses procédés, pourquoi s'en prendre à Laetitia ? quant à Fabian, tout en se montrant ferme dans la conduite des activités que son père lui a confiées, il sait, à l'occasion, faire preuve de charité.
    Son frère Lucien également. En revanche, sa súur Sabina...
    Geroul s'arrêta brusquement.
    -
    Mais j'y pense, dit-il, un criminel qui voudrait faire à Octavien une blessure épouvantable aurait choisi, plutôt que de s'en prendre à la malheureuse Laetitia, de s'attaquer à Sabina qui a le même carac≠
    tère, dur et cruel, que son père. Mon Dieu, tout cela, quelle abomination !
    Le drapier fit des efforts pour se ressaisir et désigna le rouleau de parchemin posé sur le rebord du pupitre.
    Germain m'a dit qu'il s'apprêtait à partir pour Aix, un long chemin, n'est-ce pas?
    Avec de bons relais...
    Il est de ton devoir sans doute d'avertir tes sei≠
    gneurs.
    Doremus regarda son cousin avec un sourire pour toute réponse.
    -
    Est-ce bien nécessaire? demanda Geroul. La
    chose est très grave assurément, mystérieuse et émou≠
    vante, mais il n'y a rien là, ce me semble, qui doive distraire les meilleurs conseillers de Charles le Grand
    - que Dieu lui accorde mille ans de vie! - des lourdes obligations qu'imposé la conduite de l'empire.
    Les enquêteurs du comte, avec l'aide au besoin de cha≠noines, ne manqueront pas de faire toute la lumière.
    - Je n'en doute pas.
    Alors à quoi bon alerter la cour, hein?
    qui te dit que j'alerte la cour, hein? Mon cher cousin, j'ai déjà répondu à Justus que j'entendais ne pas me mêler de cette cause. Je m'en tiens là, pour l'instant du moins. Cela dit, si tu le veux bien, mes rap≠ports épistolaires avec mes seigneurs ne regardent que moi.
    Moi, je disais cela...
    -
    ... en passant? Passons donc! Germain attend
    mon message. Je n'aime pas faire attendre les messa≠gers.
    Geroul se retira, dépité et mécontent, tandis que Doremus gagnait le vestibule o˘ il remit sa missive au courrier en formulant des recommandations rigou≠reuses.
    L'assistant des missi, cependant, ne pouvait détacher son esprit de ce meurtre étrange. Sans cesse revenait devant ses yeux le visage crispé et douloureux de cette noyée, offerte nue aux regards, dans une pose gro≠tesque et tragique à la fois. Ce mystère le tracassait et la tentative de son cousin pour empêcher que l'événe≠ment ne soit porté à la connaissance de ses maîtres l'intriguait. D'ailleurs l'atmosphère de la maison Geroul avait quelque chose de trouble et d'oppressant, comme si l'on s'efforçait de dissimuler des secrets. On ne perd jamais, constata-t-il, le go˚t d'élucider des énigmes, surtout quand il a été acquis au service de maîtres tels que l'abbé Erwin et le comte Childebrand.
    Après en avoir débattu avec lui-même une partie de la nuit, au petit matin il arrêta sa décision : il irait au moins recueillir des informations, à toutes fins utiles, sur les lieux o˘ la noyée avait été découverte. Les déclarations de Fabian, telles qu'elles avaient été rap≠portées par son cousin, lui avaient paru bien vagues.
    On devait pouvoir obtenir de ce pêcheur des renseigne≠ments plus précis dont il n'avait pas, peut-être, saisi l'importance.
    Il se mit d'abord à la recherche d'un interprète. Il comprenait certes quelques mots de la lingua romana parlée à Narbonne, mais l'essentiel lui
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher