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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon
Autoren: Marc Paillet
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quelques familiers d'Octavien et de son fils Fabian, et notamment le père de la victime, un armateur nommé Foucaud, puis, à côté de Fabian, son frère Lucien et sa súur Sabina ainsi que des membres de la famille Clément qui possédait, elle aussi, de gran≠des propriétés et était liée à la famille Octavien. quant à
    Geroul, il était venu accompagné par son fils Harbald le Jeune, par sa fille Gisèle et d'autres proches.
    A la sortie de l'église, Doremus observa avec intérêt les notables qui se regroupaient par affinité pour échanger quelques propos et, souvent, prolongeaient leurs discussions avant de regagner leur domicile. Il put remarquer qu'Octavien, qui avait pris Foucaud par le bras, tenait avec celui-ci une conversation assez vive.
    Après ces obsèques qui témoignaient de l'émotion qu'avait provoquée le crime du grau de Narbonne, tout parut rentrer dans l'ordre assez rapidement. Doremus, ayant appris que les enquêteurs du comte ne sem≠blaient guère progresser quant à l'élucidation du crime et ne parvenant pas à faire taire son instinct de chas≠seur, décida de profiter de son séjour en Narbonnaise pour parcourir à cheval cette province, non pas au gré de sa fantaisie mais avec méthode, joignant ainsi l'utile à l'agréable.
    Accompagné par Nogret, il commença par suivre le cours de l'Aude en amont de Narbonne sur plusieurs lieues ; il poussa, au nord-ouest, jusqu'aux contreforts du Minervois et, au sud-ouest, jusqu'aux premières hauteurs des Corbières, riches de leurs forêts, de leurs p‚turages et, dans les vallées, de leurs vignobles. Ensuite il profita d'un temps clément pour parcourir le littoral sur une cinquantaine de milles et séjourna deux jours à Leucate.
    Sans égaler Marseille, ce port était très actif : c'est là, en effet, que s'effectuaient les trans≠bordements sur des barges et des allèges de cargaisons apportées par les navires de charge qui sillonnaient la mer intérieure. On y rencontrait des marins de toute espèce, Grecs, Levantins, Sarrasins, Ibères, Italiens bien s˚r, Juifs aussi et même quelques Vikings, sans oublier ceux qui, se livrant sans doute à la piraterie, préféraient dissimuler leur origine et leur passé. A ces peuples de la mer s'agglutinait, pour tenter d'en tirer profit, un ramassis de trafiquants, d'aigrefins, d'hommes de main, et aussi d'épaves humaines comme on en rencontre en tous les ports. Les arma≠teurs, négociants, changeurs, les commandants des navires et leurs adjoints disposaient d'auberges qui leur étaient réservées. C'est là que se traitaient les affaires importantes. Les équipages, eux, fréquentaient des tavernes et des lupanars o˘ on les délestait d'une large partie de leurs gains avec l'aide de la lie des quais.
    Bien que Nogret n'en vît pas l'intérêt, Doremus passa de longues heures à
    observer les navires de haute mer et les barges, les manúuvres qui avaient lieu sur le port, et aussi à fréquenter auberges et tavernes. Tant bien que mal et en dépit de la diversité des langues, il parvenait à bavarder, ici avec les capitaines, là avec les matelots, modifiant, pour s'adapter aux uns et aux autres, son allure, l'expression de son visage et même le ton de sa voix avec une habileté qui stupéfia Nogret. Il lui arriva ainsi d'échanger quelques mots, en un lan≠gage vulgaire, avec des individus dont la physionomie dénonçait à elle seule la cupidité, la canaillerie, la bas≠sesse et la cruauté.
    Puis il loua un bateau à six rameurs et portant bonne voilure. Il ordonna à
    son commandant de longer la côte, vers le nord, jusqu'à l'embouchure de l'Hérault ensuite, vers le sud, jusqu'à Collioure, puis de le ramener à Leucate. Pendant cette navigation, rendue pénible par un vent du large prenant le voilier par le travers, le Burgonde ne cessa d'examiner le littoral, alors que son aide, malade, livide, vouait son maître aux gémonies. Il accorda une attention particulière à la montagne de la Clape située au nord d'étangs comme celui de l'Ayrolle et dont les sentes descendaient de façon abrupte jusqu'aux flots. Il parcourut à pied, après une escale dans une anse de l'étang de Lapalme, les hau≠teurs qui le séparent de celui de Sigean.
    Il passa ainsi, soit en bateau, soit à cheval, soit à pied, plus de trois semaines dans la partie orientale de la Narbonnaise, s'arrêtant au passage en de nom≠breuses abbayes o˘ il n'hésita pas à faire valoir son état afin
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