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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon
Autoren: Marc Paillet
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Doremus. As-tu une opinion sur les raisons de ce nouveau meurtre aussi spectaculaire et abominable que le précédent, sur ceux qui pourraient l'avoir perpétré?
    Aucune, je dois l'avouer.
    Ce n'est pourtant pas un hasard si ces deux mal≠
    heureuses, l'une et l'autre d'excellente famille, ont été
    tuées de la même manière pour être retrouvées à peu près au même endroit.
    Certainement pas! Ce défi n'en est que plus
    intolérable !
    Cette similitude ne te suggère-t-elle vraiment aucune piste quant aux motifs et aux coupables?
    Geroul, à nouveau, baissa la tête.
    -
    Il me faut encore reconnaître que je n'en aper≠çois pas.
    Doremus se servit un gobelet de vin qu'il but lente≠ment.
    Dans Narbonne, reprit-il, ce double meurtre paraît avoir suscité un très vif émoi.
    On peut dire que tous en sont bouleversés, oui !
    Les femmes de nos amis se calfeutrent et ne se risquent plus dehors qu'avec une escorte armée, les maris craignent pour leurs épouses et pour leurs filles. Cha≠
    cun se sent menacé, la peur domine la ville.
    Et les enquêteurs du comte qui se montraient si assurés du succès de leurs recherches?
    Ils semblent avoir progressé. Ils ont déjà appré≠
    hendé deux suspects.
    Puis-je savoir qui?
    Faustin le pêcheur et son fils, car...
    qui? Faustin? Paulin? Mais, grands dieux, pourquoi? L'un et l'autre, coupables?
    -
    Sinon coupables, du moins complices !
    Doremus secoua la tête, incrédule et outré.
    -
    Complices de qui? Pour quelles raisons? Avec

    quelles preuves?
    C'est-à-dire, comme ils sont sur place, n'est-ce pas
    _- Comme ils sont sur place, ils se sont empressés de participer à la noyade de Laetitia, puis, comme cela ne suffisait pas à les compromettre, à
    celle de Laure sans doute ! Et pour faire meilleure mesure encore, ils auraient sorti de l'eau celles qu'ils auraient noyées.
    Une ruse peut-être.
    Une ruse? Mais le pire des imbéciles n'agirait pas de la sorte ! Et quel enquêteur pourrait en croire un mot ! Leur mise en cause n'a qu'une seule explication : n'ayant rien découvert, les assistants du comte se sont emparés du seul gibier qu'ils avaient à portée de la main!
    Ils n'ont pu le faire sans preuve.
    -
    S'ils en possèdent, ils devront les produire.
    Geroul jeta à son cousin un regard inquiet.
    Tu comptes toujours inciter tes seigneurs à venir ici? demanda-t-il d'une voix altérée.
    Plus que jamais ! Ce qui se passe en ce pays est des plus alarmants. Je vais donc rédiger sur-le-champ à
    leur intention un nouveau message. Je veux pour le porter à Aix quelqu'un de s˚r et de diligent. Tu me répondras de son zèle !
    Mais, mon cher cousin...
    Je n'ai jamais cessé, cher cousin, d'être fidèle≠
    ment au service des missionnaires de l'empereur.
    J'exige que le messager gagne la cité impériale en moins de deux semaines. De la sorte, si l'abbé Erwin le juge indispensable, il pourra se trouver à pied d'úuvre, ici même, avant le début des calendes de novembre.
    Les obsèques de Laure furent célébrées, elles, en l'église Saint-Paul dans la plus grande discrétion. N'y assistèrent que les membres de la famille, dont Dore≠mus, et quelques proches amis. Les curieux furent tenus à l'écart de la cérémonie par des vigiles intraitables. Elle fut néanmoins enterrée, dans le cimetière de la ville, à l'emplacement réservé à la famille Harbald, à laquelle appartenait Geroul. Le Burgonde crut sentir une gêne pendant tout le service funèbre. Il fut expédié à la h‚te, chacun jetant sur le cadavre de Laure des regards inquiets, comme si de cette bouche à
    jamais close pouvaient encore sortir des révélations scandaleuses.
    CHAPITRE II
    Le comte Sturmion n'avait pas accepté sans réti≠cence la demande d'audience que Doremus avait dépo≠sée. Cependant, ayant appris que celui-ci avait alerté ses seigneurs et comprenant qu'il n'avait plus seule≠ment affaire au cousin d'un drapier mais à un assistant de missi dominici, il se résolut à
    le recevoir.
    Doremus se présenta dans les formes requises et la conversation, en francique, porta d'abord sur la vie à la cour o˘ Sturmion avait séjourné
    fréquemment avant que ne lui soit attribué par l'empereur le comté de Narbonne. Le Burgonde rapporta quelques anecdotes piquantes mais anodines, puis l'entretien aborda le mystère du grau de Narbonne.
    Il ne faut jamais perdre de vue, déclara le comte, que ce pays, à l'histoire tumultueuse, continue à rece≠
    ler de
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