Les Médecins Maudits
boucher.
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des enveloppes humainesvides
Hitler fit asseoir Conti et Lammers xcix :
— Cette fois je suis décidé. J’envisage d’interrompre l’existence des aliénés gravement atteints. Je ne peux envisager que des êtres humains qui mangent leurs excréments, continuent à vivre sans s’en rendre compte. De plus leur disparition nous rendra des hôpitaux, des médecins, du personnel infirmier. Conti ?
Le docteur Conti déclara qu’il approuvait du point de vue médical l’extermination de ces « inaptes à l’existence » et qu’il examinerait la question en détail. Hitler se tourna vers Lammers.
— Vous allez me préparer une loi ?
— D’innombrables problèmes de politique intérieure, extérieure, religieuse et éthique vont surgir…
— Examinez, examinez ; faites-moi un rapport et préparez un projet de loi.
Nous étions à la fin de l’été 1939.
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* *
Dans cette conversation Hitler a repris à son compte des phrases prononcées par le docteur Wagner en 1934 au cours d’un congrès du parti national-socialiste. Hitler depuis 1923 (Mein Kampf) songeait à l’euthanasie, cette conférence sut le persuader :
— Le c fardeau économique constitué par les personnes souffrant de maladies héréditaires, constitue un danger pour l’État et pour la société. En tout il est nécessaire de dépenser trois cent un millions de Reichsmark pour les soins à leur donner non compris les dépenses de deux cent mille ivrognes et d’environ quatre cent mille psychopathes. Nous sommes convaincus que bientôt, chaque pays se rendra compte que sa force se trouve dans la pureté de son esprit et de son sang. La seule garantie d’une vie tranquille se trouve dans la différenciation entre sang et sang. Nous considérons dépourvu de sens que des aliénés dangereux pour leur existence et pour celle des autres, des idiots qui ne peuvent se tenir propres ni manger eux-mêmes, soient élevés et maintenus en vie, au prix de grands efforts et de grandes dépenses ; dans la libre nature, ces créatures ne pourraient exister et seraient exterminées selon la loi divine.
Hitler rencontra le docteur Wagner, alors ministre de la Santé Publique, et tous deux, au mois de janvier 1935, préparèrent les bases de l’euthanasie « légale ». Deux mois avant le début de la guerre, Hitler reçut une lettre troublante :
— Un père ci demandait la mort pour son enfant difforme, aveugle et idiot auquel il manquait une jambe et une partie d’un bras. Hitler me confia l’affaire, me dit de me rendre à Leipzig immédiatement et de dire au médecin qui s’occupait de l’enfant qu’il permettait d’effectuer l’euthanasie, ce que je fis.
Ce premier cas « suivi pas à pas » par Hitler déclenche l’opération. Le Führer dicte le décret qui impose l’euthanasie :
— Le Reichsleiter Bouhler et le docteur en médecine Brandt sont, sous leur responsabilité, chargés d’étendre l’autorité de certains médecins. Ces médecins devront accorder la délivrance par la mort aux personnes qui, dans les limites du jugement humain, et à la suite d’un examen médical approfondi, auront été déclarées incurables.
Le décret fut antidaté. Il porta la date du 1 er septembre 1939, jour de l’invasion de la Pologne :
— Ainsi dit-il, ce sera un décret de guerre et le problème sera résolu plus facilement… L’opposition de l’Église ne jouera pas.
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Ludwig Lehner préparait une licence de psychologie. Il désirait visiter un asile d’aliénés, il écrivit au directeur d’Eglfing Haar :
— Pendant cii la visite, le directeur Pfannmueller me conduisit dans une salle propre et bien entretenue où se trouvaient une vingtaine d’enfants de un à cinq ans. Pfannmueller m’exposa ses vues en détail :
— Ces créatures ne représentent, bien entendu pour moi, national-socialiste, qu’un fardeau sur le corps sain de notre pays. Nous ne nous en débarrassons pas au moyen de poison ou d’injections car cela fournirait à la presse étrangère et à un certain nombre de personnes en Suisse, matière à propagande haineuse. Non, notre méthode est beaucoup plus simple et plus naturelle comme vous pouvez le voir.
A ces mots il tira, avec l’aide de l’infirmière, un enfant de son lit. Pendant qu’il le brandissait comme s’il s’agissait d’un lièvre tué, il dit :
— Cela prendra encore deux ou trois jours.
Je me rappelle nettement
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