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Les galères de l'orfêvre

Les galères de l'orfêvre

Titel: Les galères de l'orfêvre
Autoren: Jean-Christophe Duchon-Doris
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femme et ses filles pendant que Dieu détruit la cité, l’enfouissant sous une pluie de feu et de soufre ! La femme désobéit aux anges et se retourne pour regarder ce qui se passe et elle est transformée en statue de sel ! Et ce n’est pas fini, voilà que les deux filles, perdues dans le désert avec leur père, n’hésitent pas à l’enivrer pour coucher avec lui et obtenir une descendance ! Comment expliquer une telle malédiction ? J’en avais un jour discuté avec Thomazeau qui était un homme très instruit. Il m’avait parlé d’une vieille tradition qui raconte que Satan Samaël, l’ange déchu parce qu’il était amoureux des femmes, celui-là même qui séduisit la première compagne d’Adam, Lilith, et l’épousa, celui-là même qui sous les traits du serpent séduisit sa seconde compagne, Ève, arrivait parfois à précéder les archanges Michel et Gabriel et à prendre leur apparence pour séduire de nouvelles femmes. C’est peut-être ce qui s’est passé à Sodome et Gomorrhe. La femme de Lot n’a été que la digne émule de son aïeule, Ève. Comme elle, elle n’a pas tenu compte de l’interdiction, elle a transgressé un tabou. Comme elle, elle a été attirée par la force de séduction de l’ange, de Satan Samaël. Et celui-ci n’avait peut-être éloigné Lot et sa famille que pour faire chanter les habitants de Sodome et Gomorrhe et pour abuser de leurs vices.
    — Pourquoi nous gardez-vous en vie ? demanda Guillaume brusquement. Pourquoi m’avez-vous révélé tous les rouages de votre organisation ?
    — Parce que j’ai besoin de vous autant que vous avez besoin de moi. Parce que le roi ne me lâchera pas tant qu’il n’aura pas un coupable et que si je vous élimine un autre vous succédera et que j’y perdrai sans doute au change. Parce que, enfin, vous êtes homme à comprendre que je n’ai rien fait d’autre que d’adoucir la misère et l’injustice de ce monde, que de mettre un peu d’ordre, et qu’il n’y a aucun scandale à laisser perdurer une organisation qui lutte contre les abus de la Ferme générale et aide les petits broyés par l’administration des galères…
    — Qu’attendez-vous de nous, monsieur ? demanda Delphine en prenant la main de Guillaume.

    2.
    M. de Montmor trônait dans un fauteuil à dossier de velours, la main gauche posée sur l’accoudoir, la droite tenant les documents que Guillaume venait de lui donner. Il clignotait, tantôt éteint quand son regard se posait sur les pages, et tantôt scintillant quand il levait les yeux et observait Delphine.
    Une grimace restait suspendue sur ses lèvres, un battement léger tremblait au coin de ses paupières. Quand ils s’étaient fait annoncer, il avait cru à une mauvaise plaisanterie, mais c’était bien Guillaume et Delphine de Lautaret qui s’étaient avancés, miséreux, elle vêtue comme une fille du peuple et lui en habits de forçat. Il avait ronronné d’aise en les voyant l’un et l’autre à portée de ses griffes, lui ressuscité il ne savait comment et elle se livrant en demandant merci. Il s’était cru triomphant et définitivement vainqueur, mais maintenant à les observer, si sûrs d’eux-mêmes, si décidés, il comprenait que la prudence était de mise.
    Il défia Guillaume du regard. Ce M. de Lautaret n’était pas commun, il l’avait pressenti dès le tout premier jour. Les galères l’avaient meurtri, ses traits s’étaient creusés et son corps portait à plusieurs endroits les stigmates de ce qu’il avait dû endurer, mais il le toisait en seigneur, les yeux en lame de couteau et dans la voix une colère qui grondait comme une bête sauvage.
    — Le rapport que je viens de vous remettre, répéta Guillaume, marque la fin de ma mission. À la demande de Sa Majesté et sous la double protection de feu M. de Chabas et de vous-même, j’ai pu m’introduire dans le milieu des galériens, identifier le chef de l’organisation qui complotait contre le roi, le fameux Orfèvre, et démonter l’essentiel de ses réseaux.
    M. de Montmor tapota d’un doigt impatient sur le bras du fauteuil. Il cherchait à deviner où le jeune procureur voulait en venir.
    — Vous avez identifié l’Orfèvre… ?
    — Hélas, monsieur, c’était un agent placé directement sous votre commandement, le dénommé Thomazeau, Jean Gallion de son vrai nom, l’écrivain du 5 e  bureau. Je démontre comment il recrutait les galériens selon leur compétence
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