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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté
Autoren: Diana Gabaldon
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la chaleur étouffante de la pièce, les deux fragrances capiteuses se mêlaient à l’odeur âcre des cendres chaudes de la cheminée, l’écœurant légèrement (comment pouvait-on sentir des odeurs dans les rêves ?). Une main s’était posée sur sa fesse, la pinçant avec familiarité, puis l’avait caressée lascivement. Il ignorait à qui elle appartenait.
    Il se renfonça lentement dans son oreiller, les yeux fermés, essayant de rappeler les images de son esprit endormi. Le rêve s’était ensuite mué en une scène érotique : des lèvres anonymes s’étaient refermées sur sa chair très réceptive. De fait, c’était cette sensation qui l’avait réveillé. Le docteur Franklin s’était lui aussi trouvé dans le rêve. Grey se souvenait de ses fesses blanches, légèrement tombantes mais toujours fermes, tandis que l’Américain marchait devant lui dans un couloir, ses longs cheveux gris se balançant dans son dos, les bourrelets de graisse autour de sa taille tremblotant. Il discutait avec insouciance des tableaux devant lesquels ils passaient. C’était un souvenir vif, chargé d’émotion. Il n’avait tout de même pas… non, pas avec Franklin, même en rêve. Mais cela avait un rapport avec les peintures…
    Il tenta de visualiser les toiles mais échoua à distinguer ce qui appartenait à ses souvenirs de ce qui relevait du rêve. Il y avait des paysages… une soi-disant vue d’Egypte bien que son auteur n’ait de toute évidence jamais quitté la côte bretonne. Les inévitables portraits de famille…
    — Oui !
    Il se redressa à nouveau et, cette fois, se cogna vraiment contre la poutre, suffisamment fort pour voir des étoiles et lâcher un gémissement de douleur.
    — Oncle John ?
    La voix surprise de Dottie s’éleva du lit voisin. Un bruissement de vêtements sur le sol indiqua que sa femme de chambre s’était elle aussi réveillée.
    — Que se passe-t-il ?
    — Rien, rien. Rendors-toi.
    Il posa les pieds par terre.
    — J’ai juste besoin… d’aller au petit coin.
    — Ah.
    On marmonna près du plancher, ce qui provoqua un « Chut ! » agacé de la part de Dottie. Il trouva la porte de la chambre à tâtons puis s’orienta vers l’escalier grâce à la lueur du feu dans la grande salle de l’auberge.
    L’air au-dehors était frais et pur, chargé d’une senteur qu’il ne reconnut pas mais qui titilla sa mémoire. Il était apaisant d’oublier un instant son rêve entêtant et de s’immerger dans ce souvenir purement sensoriel. Il lui rappelait de longues chevauchées en Virginie, les routes boueuses, les feuilles luisantes, la sensation d’un cheval sous lui, la détente d’un fusil, le sang chaud d’un cerf coulant sur sa main… Bien sûr, la chasse en compagnie de William.
    La proximité de son environnement sauvage le submergea, cette sensation puissante et si étrange propre à l’Amérique, celle de quelque chose attendant entre les arbres, ni hostile ni accueillant. Il avait tant aimé ces quelques années passées en Virginie, loin des intrigues de l’Europe, des mondanités permanentes de Londres. Il les avait surtout appréciées pour l’intimité qui s’était nouée entre son fils et lui au cours de cette période en pleine nature.
    Il n’avait pas encore vu de lucioles depuis son arrivée. Il regarda dans les hautes herbes tout en marchant mais il était probablement trop tard. Elles sortaient principalement à la tombée du soir. Il avait hâte d’en montrer à Dottie. William avait été enchanté en en apercevant pour la première fois ; il en avait attrapé et avait poussé un cri ravi en les voyant illuminer le creux de sa paume. Chaque été, il avait accueilli leur retour avec joie.
    S’étant soulagé la vessie et l’esprit provisoirement apaisé, il s’assit sur le billot dans la cour, rechignant à retrouver le remugle de la chambre.
    Où était Henry ? Où dormait-il cette nuit ? Dans un cachot ? Non, il n’en existait pas dans les colonies. Même les maisons communes étaient remarquablement confortables et aérées. Peut-être son neveu était-il enfermé dans une geôle, une grange, une cave… Pour autant qu’ils sachent, il avait survécuà l’hiver en dépit de ce qui semblait être une blessure grave. Il avait de l’argent. Peut-être avait-il pu négocier un meilleur logement, les soins d’un médecin…
    Ils finiraient bien par le retrouver. Ils n’étaient plus qu’à deux jours de Philadelphie.
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