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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial
Autoren: Pierre Naudin
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au retour d’un assez long voyage. Pèdre était-il passé par là ? Ils n’osèrent le demander.
    Ils cheminèrent jusqu’à Getafe. Après que Simon, Teresa et Paindorge furent allés aux provisions, ils mangèrent sans trop parler, puis Eudes, sa faim assouvie, demanda :
    –  Combien de lieues, Serrano, jusqu’à Tolède ?
    –  Vingt, peut-être moins. La voie est plate.
    Eudes semblait las de ce double combat contre l’incertitude et l’emprise de la fatigue sur ses muscles. À l’inverse, Petiton opposait aux forces du mal qui, parfois, les dominaient tous sans entamer leur confiance, une espèce d’indifférence. Il observait les chemins autant que Paindorge, bien qu’il n’en eût point reçu mission. Il attendait d’agir et d’essarter de l’homme s’il fallait en venir à croiser les épées. Les autres ? Ils avaient, à force de vouloir percer l’horizon, les haies et les futaies, des regards ternes sous des paupières gonflées. Tous manquaient de bons, de vrais sommeils. Ils n’osaient trop regarder Teresa pour qu’elle ne confondît point leur intérêt avec de la concupiscence, mais peut-être certains songeaient-ils que Flourens n’était pas si fautif d’avoir cédé à l’exigence des sens devant tant d’innocence et de beauté.
    « Certains pensent sans doute que j’ai demandé son trépas par jalousie. Parce que je me la réserve… Ce qu’ils savent des femmes se borne certainement au commerce des ribaudes. »
    Le silence convenait à Tristan. C’était une sensation réparatrice de tout : le corps et les sentiments. En ce lieu où ils avaient fait halte pour la mangeaille, on eût dit que toute vie s’était retirée sauf, évidemment, leur présence, car on n’apercevait point âme humaine à l’entour. Or, il allait falloir se réengager sur la plate route charretière menant à Tolède. Quelle joie lorsqu’ils apercevraient la cité !
    –  As-tu, Serrano, un chant sur Toledo ?
    –  Non, messire… Je ne chanterai pas. Oyez ce qui nous vient.
    Un crépitement lointain de sabots les fit tous se lever.
    –  Vos épées, les gars ! commanda Tristan.
    Au milieu du chemin venaient trois cavaliers. Afin de se protéger du soleil, ils avaient coiffé des chapeaux de paille à large bord. Des flotternels blancs aux manches retroussées les habillaient du cou aux hanches. Un sommier les suivait portant leurs armures dont les tintements cessèrent quand il se mit au pas et donna du museau contre la croupe d’un des coursiers.
    –  Merdaille ! grommela Tristan. Naudon de Bagerant. Mes gars, prenez garde à cet homme. Teresa et Simon, derrière les chevaux.
    Et le routier fut là, hautain et disert, comme devant :
    –  Te fais-je peur, Sang-Bouillant ?… Je te vois tirer ta Floberge de son feurre… Ne sommes -nous pas compagnons d’armes ?… Qui croyais-tu voir venir ? Le comte… pardon : le roi de Tristemare ou ce Pedro qu’on prétend cruel ?… Tu ne m’avais pas reconnu ?
    Bagerant ! Tristan se morigéna de ne pas s’être enfoncé plus profondément dans la campagne.
    –  J’avais le soleil dans l’œil. Quant à m’effrayer, nullement… Néanmoins, en ta présence, j’ai toujours d’excellentes raisons de me tenir à l’aguet… Dis-moi : n’avez-vous point vu, tes compères et toi, un garçon que tu connais bien : Flourens ? Il a rebroussé chemin.
    Les compagnons de Bagerant se consultèrent d’un regard, et leurs bouches poilues s’avancèrent dans une grimace qui désavantageait encore plus leurs faces abominables. Tristan les reconnut enfin : c’étaient Espiote et le bourc 8 Camus. Deux de Brignais : les plus affreux, les plus sanguinaires fredains 9 auxquels il avait eu affaire lors de son séjour parmi les routiers.
    Il eût aimé les voir poursuivre leur randon, mais ils mirent pied à terre et prenant Teresa pour un damoiseau, s’en allèrent sans gêne aucune compisser un proche rocher avec de grands soupirs d’aise.
    –  Tiens, dit Bagerant, une fois satisfait, quel est-ce jouvenceau ? Depuis quand l’as-tu dans ta flote ?
    –  Il chemine avec nous depuis que son père, – un ami – est mort à Briviesca. De notre côté, bien sûr.
    Teresa reculait. Serrano se mit à l’entretenir dans un mauvais français volontaire. Sa guiterne souffrait du soleil, selon lui. Simon s’était blotti dans l’ombre, derrière les chevaux.
    –  Il se nomme comment ton tout nouveau compère ?
    – 
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