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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète
Autoren: Juliette Benzoni
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personnage de prendre soin de mon âne ! Il faudra le ramener plus tard dans la vieille ville…
    Le voiturier, mal remis à la fois du coup et de la surprise mais consolé par le billet que lui glissa Aldo, acquiesça avec enthousiasme et salua même son agresseur qui entraînait déjà sa femme vers l’ascenseur à une allure telle qu’elle le pria de ralentir :
    — Doucement, mon chéri, s’il te plaît !…
    — C’est vrai, tu dois être morte de fatigue. D’où arrives-tu ?
    — Des environs d’Hébron. Mais je te raconterai…
    — Attends ! Je vais te porter..
    — Non. Surtout pas ! Tout va aller très bien…
    En arrivant dans la chambre, elle envoya promener ses babouches puis se hâta de laisser tomber le vaste et épais voile jadis blanc qui l’enveloppait du sommet de la tête aux chevilles et apparut dans une ample tunique à ramage qu’Aldo considéra avec ahurissement, comprenant en un éclair pourquoi Hilary avait parlé d’une grosse femme.
    — Eh oui, fit Lisa amusée. Tu seras papa dans un peu plus de deux mois. Et même doublement parce que, d’après la femme qui s’est occupée de moi, il devrait y en avoir deux…
    Les jambes coupées, Aldo se laissa tomber à genoux sur le sol de marbre, et se mit à rire au point d’être obligé de se plier en deux. Un rire nerveux, à la limite du convulsif, qui se mua sans transition en des sanglots et un déluge de larmes. Les ressorts qui tenaient Aldo debout depuis tant de mois venaient de céder…
    Sans rien dire, Lisa regarda son époux prosterné à ses pieds aux prises avec une réaction qu’elle n’eut pas de peine à analyser. Le rejoindre fut plus difficile. À l’aide d’un canapé, elle se laissa glisser auprès de lui et attira sur ses genoux la tête qu’elle se mit à caresser doucement :
    — Mon pauvre amour !… Cela a été si dur ?… mais pour moi aussi, tu sais ? Au fond, sans ces deux femmes, la Juive et l’Arabe qui m’ont aidée autant qu’elles le pouvaient, je ne sais pas si je m’en serais sortie aussi bien, dit Lisa.
     
    Deux heures s’étaient écoulées. À présent, débarrassée de ses oripeaux, de sa crasse et de ses « peintures de guerre », la jeune femme, assise dans le grand lit et adossée contre la poitrine de son époux qui l’enveloppait de ses bras, achevait de raconter. Elle avait dit comment, arrivée à la maison de Goldberg sous la conduite d’Ézéchiel, elle y avait été droguée, endormie, ce qui avait permis à ses ravisseurs de l’emporter loin de Jérusalem sans qu’elle s’en rendît compte. Revenue à la conscience, elle s’était retrouvée dans une chambre étroite et blanche comme une cellule de nonne et en compagnie d’une grosse femme juive, en costume traditionnel, qui lui avait conseillé, sur un ton plutôt rude, de se tenir tranquille si elle ne voulait pas qu’il lui arrive malheur. Plus tard, un homme – le mari de sa gardienne – était venu la mettre au courant du marché que l’on avait imposé à son époux mais, entre-temps elle avait été prise de dégoûts de la nourriture et de nausées matinales qui avaient vite renseigné Déborah – la femme – sur son état. C’est alors qu’elle avait obtenu d’écrire à Aldo la lettre dont Marie-Angéline du Plan-Crépin avait été l’innocent facteur.
    — J’avais une peur horrible que tu commettes une imprudence, que tu tentes un coup de force parce que cet enfant qu’on m’annonçait, je voulais de toutes mes forces pouvoir le mettre un jour dans tes bras. J’étais devenue fragile et même précieuse à mes propres yeux…
    — Pourquoi ne pas l’avoir dit dans ton billet ?
    — Pour que tu te ronges les sangs doublement ?
    — Je ne crois pas qu’il soit possible de se tourmenter davantage que je ne l’ai fait, soupira-t-il en appuyant ses lèvres dans les beaux cheveux encore humides mais qui avaient retrouvé leur chaude couleur blond vénitien.
    La suite des jours s’était révélée paisible pour la future mère dans la maison de Déborah et de Samuel dont elle ne sut jamais le nom. C’était une maison rectangulaire dans sa partie principale, terminée par une terrasse dont Lisa n’avait pas l’accès mais entourée d’un jardin, fermé il est vrai par de hauts murs qui ne permettaient pas de voir au-delà, mais elle devait être située dans des collines : cela se sentait à l’air plus doux et plus frais. Un grand figuier centenaire étendait
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