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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète
Autoren: Juliette Benzoni
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à tout pour ce trésor-là. Et il a fait prendre soin de votre épouse…
    — Le malheur est que je ne sais plus du tout où la chercher. En admettant qu’elle soit encore en vie. Les Arabes n’ont pas les mêmes raisons que vous de la ménager… Puis-je voir le Grand Rabbin ?
    — Hélas, non ! Il s’est rendu, avec une délégation de nos frères, chercher la dépouille de Rabbi Abner dans la grotte où vous l’aviez déposée afin qu’elle reçoive les prières qui lui sont dues avant de retourner pour toujours à la terre…
    — Tant pis ! Eh bien, ajouta Morosini en sortant le petit paquet de soie pour le donner à Ézéchiel, voilà ce que nous avons tant cherché !
    Comme-celui-ci l’avait fait tout à l’heure, Ézéchiel défit sur le plat de sa main les légers pans soyeux et contempla un instant les émeraudes du Prophète.
    — Je ne suis pas sensible aux joyaux, soupira-t-il, mais je reconnais que ceci est magnifique…
    — Et aussi dangereux que superbe ! Je suppose que les « sorts sacrés » vont aller rejoindre le Pectoral ?
    — Non. Après la mort de Rabbi Abner, le Grand Rabbin a été mis au courant de ce qu’il avait exigé de vous et nous avons évoqué la destination des « sorts sacrés » alors même que nous ignorions encore si nous les retrouverions un jour. Je dois aller gravir le mont Sinaï et les y cacher là où Yahvé fit entendre sa voix et donna à Moïse les Tables de la Loi. C’est Lui qui les a donnés et c’est à Lui qu’ils doivent être rendus ! Rabbi Abner s’illusionnait en pensant qu’après tant de sang versé, de crimes et de souillures, les pierres divines pourraient encore produire la moindre prophétie…
    — Il en sera comme vous voulez, fit Aldo avec un geste évasif. Ma tâche, à moi, est achevée.
    — Mais pas la nôtre. Rabbi Abner vous avait promis, je crois, une grosse somme d’argent ?
    Morosini eut un haut-le-corps :
    — Avez-vous pensé que je pourrais accepter ?
    — N… on. Mais c’était mon devoir de le rappeler.
    — Merci. Je ne vous aurais pas pardonné si vous aviez insisté.
    Lorsque, débarrassé des pierres mais pas de son angoisse, Aldo approcha du King David, il vit quelques badauds attroupés devant l’entrée autour d’une de ces scènes de rue comme il s’en rencontre souvent en Orient. Le centre en était le voiturier de l’hôtel, un âne et une femme arabe qui venait d’en descendre et qui avait pénétré dans le jardin du palace avec ses draperies poussiéreuses et ses pieds nus dans des babouches sales. On n’entendait guère que la voix du préposé qui déversait sur l’impudente un déluge d’imprécations arabes au milieu desquelles la malheureuse ne pouvait placer un mot. Mais, soudain, il poussa un cri de douleur : la femme venait de lui écraser les orteils d’une babouche féroce et l’on entendit alors, articulé en excellent anglais :
    — Et moi, triple imbécile, je vous dis que je veux voir le prince Morosini. Je sais qu’il est ici…
    Cette voix !… Pouvait-il y en avoir deux semblables ?
    Avec l’impétuosité du chien perdu qui entend celle de son maître, Aldo fonça comme un bélier à travers l’attroupement, bouscula tout le monde et attrapa la femme au moment même où le portier allait la rejeter hors des jardins. Il faillit s’étaler avec elle mais réussit à conserver assez d’équilibre pour envoyer son poing dans la figure du serviteur qui, lui, s’écroula au milieu des rires des spectateurs.
    — Aldo ! soupira « l’Arabe » en secouant ses draperies douteuses. Enfin te voilà ! Je commençais à désespérer.
    N’arrivant pas à en croire ses oreilles et encore moins ses yeux, il considéra avec stupeur le visage brun et rond, la natte noire qui sortait du voile de tête et l’espèce de maquillage que formaient les traces de poussière mais les grandes prunelles violettes ne pouvaient appartenir à personne d’autre.
    — Lisa ?… C’est bien toi ?
    Elle éclata de rire en se jetant à son cou :
    — J’admets que je ne suis guère à mon avantage mais avec un bon décrassage et un shampooing, je devrais me ressembler…
    Elle sentait la sueur, le sable et même l’un de ces affreux parfums qu’affectionnaient les Orientales de basse condition. Son étreinte ne dura d’ailleurs qu’un instant. Déjà elle se reprenait :
    — Rentrons ! Tous ces gens qui nous regardent !… Ah, et puis, dis à ce grossier
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