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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel
Autoren: Walter Scott
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autant d’ajustemens qu’il y a d’heures dans le jour ; – autant de femmes pour vous servir qu’il y a de jours dans la semaine ; – autant de domestiques que de semaines dans l’année. – Vous chasserez à cheval aux chiens et aux faucons, avec un lord, au lieu de tenir compagnie à un vieux boutiquier qui ne sait que vendre sa marchandise et cracher.
    – Oui, mais me ferez-vous votre dame ?
    – Oui, sans doute, c’est-à-dire ma maîtresse ; cela ne saurait être différemment.
    – Oui, mais je veux dire votre épouse, reprit Nelly.
    – Vraiment, Nelly, c’est une chose que je ne puis vous promettre. Une épouse est une chose bien différente d’une maîtresse.
    – J’ai entendu dire à mistress Suddlechops, chez qui vous m’aviez logée depuis que j’ai quitté le pauvre vieux John Christie, que lord Glenvarloch allait épouser Marguerite Ramsay, la fille de l’horloger.
    – Il y a loin de la coupe à la bouche, Nelly. Je porte sur moi quelque chose qui peut rompre les bans de cette alliance dont on se flatte avant que le jour soit beaucoup plus avancé.
    – Mais mon père était aussi brave homme que le vieux David Ramsay, et en aussi belle passe que lui dans le monde, milord ; ainsi pourquoi ne m’épouseriez-vous pas ? Vous m’avez fait assez de mal, je pense, – pourquoi ne me rendriez-vous pas cette justice ?
    – Pour deux bonnes raisons, Nelly. Le sort vous a donné un mari, et le roi m’a imposé une femme.
    – Oui, milord ; mais ils restent en Angleterre, et nous allons en Écosse.
    – Votre argument est meilleur que vous ne l’avez prévu ; car j’ai entendu dire aux gens de loi écossais que le lien matrimonial pouvait être rompu dans notre pays, en suivant le cours ordinaire de la loi, tandis qu’en Angleterre il ne peut l’être que par un acte du parlement. Hé bien ! Nelly, nous penserons à cette affaire ; et soit que nous nous remarions ou non, nous ferons au moins de notre mieux pour être démariés.
    – Le pourrons-nous vraiment, mon bien-aimé lord ? Alors je penserai moins à John Christie, qui se remariera, j’en suis sûre, car il est à son aise ; et je serai bien contente de penser qu’il a quelqu’un pour le soigner, comme j’avais coutume de le faire. Pauvre et bon vieillard ! c’était un brave homme, quoiqu’il eût une vingtaine d’années de plus que moi ; mais j’espère qu’il ne laissera plus de jeune lord passer le seuil de son honnête demeure : c’est un vœu que je forme pour lui.
    Ici la dame fut encore une fois au moment de donner cours à ses larmes ; mais lord Dalgarno arrêta son émotion en lui disant avec dureté : – Je suis las de ces amours larmoyantes, ma charmante maîtresse, et je pense que vous ferez bien de garder vos pleurs pour quelque occasion plus pressante. Qui sait quel événement peut dans quelques minutes en demander plus que vous n’en pourrez verser ?
    – Bon Dieu ! milord, que voulez-vous dire par de telles expressions ? John Christie (le bon cœur !) n’avait point de secrets pour moi, et j’espère que Votre Seigneurie ne me cachera pas sa pensée.
    – Asseyez-vous près de moi sur ce banc, je suis obligé de rester ici pendant quelque temps ; et, si vous pouvez garder le silence, j’aimerais à en passer une partie à examiner jusqu’à quel point je pourrai, dans cette occasion, imiter le modèle respectable que vous me recommandez.
    Le lieu où il s’arrêta n’était guère, à cette époque, qu’une petite élévation, entourée en partie par un fossé, d’où elle prit le nom de Camlet-Moat. Il y avait çà et là quelques pierres de taille échappées au sort de beaucoup d’autres employées à bâtir dans la forêt différentes maisons pour les gardes-chasses du roi. Ces vestiges, suffisant pour montrer que la main de l’homme s’était jadis exercée dans cet endroit, marquaient les ruines de la demeure d’une famille autrefois illustre, mais depuis long-temps oubliée, les Mandeville, comtes d’Essex, à qui Enfield-Chase et les vastes domaines qui l’avoisinent avaient appartenu dans les temps anciens. Au milieu de ce paysage pittoresque, l’œil parcourait de longues et interminables allées qui, se réunissant à ce point comme à un centre commun, s’éloignaient l’une de l’autre en divergeant. C’était pour cela que ce lieu avait été choisi par lord Dalgarno pour le rendez-vous du combat que, par l’entremise de Richie
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