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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour
Autoren: Michel Zévaco
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cette auberge où vous m’aviez envoyé, je n’ai d’abord songé qu’à vous. Qu’était mon fils pour moi ? Un inconnu. Tandis que vous étiez, vous, l’adoration de ma vie… Puis, peu à peu, la pitié est entrée en moi. Et avec la pitié, d’autres sentiments assez forts pour me faire souffrir, pas assez pour me pousser à me dresser devant vous pour vous dire : Celui-là, vous ne le frapperez pas… Et lorsque j’ai compris que vous l’aviez condamné, je me suis contenté de pleurer en moi-même. Car vous avez pris sur moi un étrange pouvoir, Catherine. Vous n’êtes pour moi ni l’amante, ni la reine. Vous êtes plus que tout cela : vous êtes une pensée qui s’est installée dans mon cerveau, qui anéantit ma pensée, et qui me fait agir… Je connais des exemples de pareils phénomènes. Je ne vous étonnerai pas en disant que j’ai lutté pour vous chasser de moi-même. Ces temps derniers surtout, ayant consulté les astres, et ne recevant que des réponses douteuses, je m’étais repris à espérer. C’est vous dire que j’avais pris la résolution de me placer entre vous et lui, et d’empêcher le meurtre de mon enfant. Tout à l’heure encore, madame, si vous aviez essayé de le frapper, vous n’y eussiez point réussi : car je croyais alors qu’il devait vivre… Maintenant, je sais qu’il doit mourir.
    Une contraction nerveuse rida le visage de l’astrologue.
    Catherine hocha la tête, très calme en apparence.
    – Superstition ! murmura-t-elle tout bas.
    Ruggieri entendit.
    – Visions diverses, madame. Vous voyez ceci, et je vois cela. Si vous avez une vision, vous l’appelez fantôme. Si j’ai une vision, je l’appelle corps astral.
    – Je te crois, René ! je te crois, fit sourdement Catherine en jetant autour d’elle un regard inquiet.
    Car cette femme si forte, et qui dominait si entièrement l’astrologue, était à son tour dominée par lui dès que Ruggieri abordait les problèmes d occultisme.
    Un changement étrange s’était fait dans la physionomie de l’astrologue. Son visage avait repris quelque couleur, mais en même temps, il s’était comme pétrifié. Ses yeux, légèrement convulsés, avaient ce regard en dedans qui transforme si complètement la figure humaine.
    Catherine frissonna de terreur.
    – Oui, reprit lentement l’astrologue, lorsque le ciel se refuse à me répondre, lorsque les problèmes que je pose d’après les données sidérales aboutissent à l’insoluble, parfois la question que j’ai posée aux invisibles puissances me parvient par une autre voie. C’est ce qui vient d’arriver. Voici ce que j’ai vu, Catherine. Vous étiez près de la meurtrière. Et moi, j’étais à cette place. Toute mon attention se portait sur vos bras. La bague que vous avez à l’index brillait doucement dans la nuit, et je ne la quittais pas des yeux. Car ainsi, je pouvais surveiller votre main, et si votre main se fût portée à votre poignard, je l’eusse arrêtée. Tout à coup, mon regard s’est troublé. J’ai cessé de voir la bague et la main. A la même seconde, j’ai reçu comme une légère secousse dans le crâne, et ma tête, d’elle-même, s’est tournée vers la meurtrière. A ces signes, il m’était impossible de ne pas reconnaître que j’étais en communication avec l’Invisible. Mon regard se glissa donc à travers la meurtrière. Remarquez que je ne pouvais voir mon fils de la place où j’étais. Pourtant, je l’aperçus distinctement. Il était à une vingtaine de pas en avant de la meurtrière, et se trouvait à sept ou huit pieds en l’air ; il flottait, pour ainsi dire, dans une atmosphère brillante qui formait un violent contraste avec les ténèbres environnantes ; lui-même brillait d’un étrange éclat dans toutes les parties de son corps. Il appuyait sa main sur son sein droit. Cette main, lentement, retomba. Et à la place où elle était, je vis une large blessure par laquelle s’échappait à flots un sang pareil à du cristal en fusion, et non pas rouge comme le sang des hommes. Mon fils flotta ainsi devant mes yeux pendant près de deux minutes. Et nos regards se sont rencontrés. Je ne sais ce que le mien pouvait exprimer d’horreur et d’angoisse, mais le sien n’exprimait que tristesse… Puis, peu à peu, ses contours sont devenus moins précis ; la forme s’est confondue jusqu’à ne plus être qu’une vapeur légère ; la lueur s’est éteinte ; la vision s’est
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