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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles
Autoren: Arlette Cousture
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l’esprit sur le monde alors qu’il lui avait tracé tout le chemin de sa vie, lui donnantl’envie de la survie par sa passion pour la terre et ses éternelles générosités.
    Jerzy allait entrer dans la maison quand les éclats d’une dispute opposant Stanislas à sa mère lui parvinrent à l’extérieur. Il en fut étonné, Stanislas n’ayant pas l’habitude d’élever le ton. Trop absorbé par la colère qu’il devinait dans la voix de son fils et par l’exaspération qu’il percevait dans celle d’Anna, Jerzy pénétra dans la cuisine sans avoir pris la peine de comprendre le sujet de l’altercation. Stanislas sursauta, se tut immédiatement et regarda sa mère d’un regard implorant. Anna se tourna vers Jerzy, fit un sourire contrit et avoua qu’elle et son fils ne faisaient qu’une répétition. Jerzy interrogea Stanislas.
    – Une répétition de quoi?
    – De rien.
    Jerzy reposa la même question à Anna, qui répondit en riant de son rire faux qu’ils répétaient pour les six prochaines années.
    – Tu le sais, Jerzy. Les belles années de la voix de canard, des bras trop longs, des pantalons trop courts, des boutons sur le front, d’un point noir sur le nez. Tu sais, les belles années où on a toujours raison.
    Jerzy aurait voulu rire de la mine catastrophée de son fils devant les affirmations trop gênantes de sa mère, mais les résonances de ses propres propos à l’intention de son père lui martelaient encore les oreilles. «Si tu me permets, papa, je ne suis pas d’accord.»
    – De quoi discutiez-vous?
    Stanislas foudroya sa mère du regard, la suppliant tacitement de ne rien dire. Anna grimaça dans son malaise de cacher quelque chose à Jerzy.
    – Dis-le, Stanislas. Si tu as été capable de m’en tenir responsable, j’imagine que ton père aurait lui aussi quelque chose à y voir.
    Stanislas gigota sur sa chaise, se leva et annonça qu’il avait des devoirs à faire.
    – Et des choses à dire.
    Jerzy commençait à s’énerver. Anna quitta la pièce, laissant Stanislas dans un pénible face-à-face avec son père. Elle venait de refermer la porte de sa chambre lorsqu’un puissant «Non!» retentit à travers la maison. Elle entendit grincer le ressort de la porte de la cuisine et regarda Stanislas courir à travers les champs. Malgré son évident tourment, il faisait attention de ne pas écraser les pousses fragiles. Elle entendit Jerzy monter l’escalier, puis, ayant changé d’idée, le redescendre, l’obligeant ainsi à le rejoindre. Elle le fit lentement, heureuse de savoir Sophie chez une amie, et se planta devant son mari qui fumait une cigarette devant la fenêtre, d’où il pouvait apercevoir son fils.
    – Non, Anna.
    – Je ne serai jamais d’accord avec toi, Jerzy.
    – Alors, tu es d’accord avec Stanislas?
    – Oui, complètement.
    – Pourquoi discutiez-vous si fort?
    – Parce que Stanislas voulait partir seul, sans personne pour l’accompagner, avec le billet que lui a fait parvenir son parrain.
    Jerzy éteignit violemment sa cigarette, ulcéré. Ainsi, Jan avait fait parvenir un billet à son fils! Anna vit que toute la rancœur de son mari venait de refaire surface. Jan n’avait, à son avis, que tenu sa promesse d’être un bon parrain. Stanislas avait hâte de le connaître, de connaître son cousin et de voir les épiceries. Jerzymonta dans la chambre de son fils, fouilla les tiroirs, trouva le billet et le déchira, puis en jeta les morceaux sur le lit. Anna tenta vainement de l’en empêcher.
    – Maintenant, Jerzy Pawulski, je voudrais savoir comment je devrai enseigner la tolérance à mon fils. Dis-moi aussi comment lui expliquer que les douze ans de son père, passeport pour qu’il se retrouve à la campagne, sont différents de ses douze ans à lui. Dis-le-moi, parce que, sincèrement, moi je n’aurais pas voulu d’un père comme toi. Et tu sais combien le mien a été détestable.
    – Anna, c’est non.
    – Dommage, Jerzy.
    Anna se retira de la chambre et descendit l’escalier rapidement, se hâtant de rejoindre son fils qui se tenait loin dans un champ, tournant le dos à la ferme, les yeux braqués vers l’est. Rendue dehors, elle se retourna, chercha Jerzy des yeux et l’aperçut enfin.
    – Et quel mensonge vas-tu inventer pour lui faire croire que le plus important dans la vie, c’est la famille?
    Jerzy ne broncha pas, mais il la regardait encore quand elle arriva à la hauteur de Stanislas. Il la vit sortir un
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