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Le souffle du jasmin

Le souffle du jasmin

Titel: Le souffle du jasmin
Autoren: Gilbert Sinoué
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II d'Irak et son âme damnée, Nouri
el-Saïd, nombre d'hommes politiques et de chefs militaires britanniques. On a
beaucoup parlé du Moyen-Orient. On s'est interrogé aussi sur les réactions de
Nasser après le rejet de sa demande d'aide au financement du haut barrage.
    – Échec et mat ! lance Eden en souriant. Notre
colonel de pacotille est échec et mat !
    Fayçal approuve, tout en s'étonnant de l'incroyable
faveur dont Nasser bénéficie dans le monde arabe. Il entame un
commentaire :
    —               Je me demande,
dit-il, par qui il sera remplacé après sa chute.
    Mais il est interrompu par l'arrivée impromptue d'une
secrétaire. L'air confus, elle s'approche d'Anthony Eden et lui remet un télégramme. Une effrayante pâleur envahit les joues du
Premier ministre.
    – Que se passe-t-il ? s'inquiète l'un des invités. Une mauvaise
nouvelle ?
    Eden garde le silence un moment avant d'annoncer d'une voix
rageuse :
    – Comment a-t-il pu oser ? Comment ?
    Le roi Fayçal interroge à son tour :
    – Qu arrive-t-il, sir ?
    – Il se passe, Votre Majesté, que Nasser vient d'annoncer qu'il
nationalise le canal !
    L'incrédulité la plus totale s'empare des invités. C'est
impossible ! Eden confirme. Le premier instant de stupeur passé, le
Premier ministre anglais se penche vers Nouri el-Saïd.
    – Qu'en pensez-vous ?
    – Un seul champ d'action s'offre à vous, réplique l'Irakien : frappez,
frappez tout de suite, et frappez fort. Sinon, il sera trop tard. S'il réussit
son coup, sa popularité déjà grande se verra centuplée !
    – De toute façon, note Eden en recouvrant son calme si british, c'est une folie. L'Égypte n'est
absolument pas capable d'exploiter le canal. Elle ne dispose ni des pilotes ni
des administrateurs compétents. En quelques mois, tout s'effondrera.
    Eden se trompe. Une trentaine de minutes plus tard, un nouveau
télégramme l'informe que Nasser a ordonné à tous les experts étrangers affectés
à la gestion du canal de ne quitter leur poste sous aucun prétexte.
    – Voilà une attitude inqualifiable ! rugit-il. On prend en otages
des citoyens anglais !
    Il se lève. S'excuse auprès de ses hôtes et se précipite sur son
téléphone.
    Lorsqu'il réapparaît dans la salle à manger, son visage semble plus
détendu. Il vient de convoquer tous ses ministres pour une réunion d'urgence.
    – Nous l'aurons ! lance-t-il avec un sourire. Il comprendra que
l'on n'improvise pas en politique.
    Nouri el-Saïd approuve, la mine sombre :
    — Je l'espère. Car si vous le laissez faire, il aura
notre peau à tous !
     
    Si Anthony Eden avait pu lire les pensées de Nasser, jamais il n'aurait prononcé le
mot « improvisation ». Au contraire, la démarche du bikbachi avait été longuement mûrie, étudiée,
analysée sous tous les angles. Il avait commencé à y réfléchir dès que son
ambassadeur lui avait fait part des conditions humiliantes que la
Maison-Blanche cherchait à lui imposer. Même les allusions répétées à Lesseps
dans son discours n'avaient rien eu de fortuit.
    Dès son retour de Brioni, il s'était isolé dans son bureau et avait
établi par écrit la liste des conséquences d'une éventuelle nationalisation du
canal de Suez.
    L'ensemble était intitulé : « Si j'étais Eden. »
     
    *
     
    Sèvres, 22 octobre 1956
     
    Selwyn Lloyd, représentant britannique, Christian Pineau, ministre
français des Affaires étrangères et Ben Gourion, secondé par Moshe Dayan, sont
rassemblés dans le secret d'une villa de Sèvres. Le plan qu'ils viennent
d'élaborer se résume en trois points :
    1.                  Le 29 octobre, les Israéliens
attaqueront en premier l'Égypte. Ce sera l'opération « Kadesh ».
    2.                  La France et le Royaume-Uni
interviendront pour la forme en exigeant un cessez-le-feu.
    3.                  La France et le Royaume-Uni
attaqueront à leur tour et occuperont la zone du canal.
    Nom de l'opération ? « Mousquetaire ».
    Fidèle à sa stratégie de « guerre préventive », l'État hébreu
est prêt à s'impliquer.
     
    Le 25 octobre, comme s'il n'y avait jamais eu d'accord secret, la
question de Suez arriva devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Au
terme de neuf jours consécutifs de débats, on adopta à l'unanimité six
principes, prélude à un arrangement. Une table ronde fut prévue le 29 octobre à
Genève. Au sortir de la
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