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Le soleil d'Austerlitz

Le soleil d'Austerlitz

Titel: Le soleil d'Austerlitz
Autoren: Max Gallo
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hommes, dans le gouvernement des choses qu’implique sa charge, la « fusion » n’est qu’un mirage qu’on poursuit.
    Il revient donc souvent aux questions militaires. D’ailleurs, qui peut croire que la paix va s’établir sans nouvelles victoires ?
    « Vive Bonaparte ! Vive la paix ! » lance-t-on pourtant sur son passage.
    Chaque fois qu’il entend la foule crier ainsi, Napoléon se raidit. C’est cela qu’ils veulent ! Et lui aussi ! Mais sans illusion.
    Il a écrit au roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, qui n’est pas un ennemi, en lui renouvelant des « voeux sincères pour la prospérité et la gloire de Votre Majesté ».
    Il a écrit à l’empereur d’Autriche François II : « Étranger à tout sentiment de vaine gloire, le premier de mes voeux est d’arrêter l’effusion de sang qui va couler. »
    Il a écrit à George III, roi d’Angleterre : « La guerre, qui depuis huit ans ravage les quatre parties du monde, doit-elle être éternelle ? N’est-il donc aucun moyen de s’entendre ?… La France et l’Angleterre, par abus de leurs forces, peuvent longtemps encore, pour le malheur de tous les peuples, en retarder l’épuisement ; mais j’ose le dire, le sort de toutes les nations civilisées est attaché à la fin d’une guerre qui embrase le monde entier. »
     
    La paix !
    Il place sur sa table les courriers de ces agents que Talleyrand et Fouché entretiennent dans les différents pays d’Europe ou dans les milieux de l’agence royaliste de Paris. À Londres, à Vienne, on se moque de son désir de paix. Pitt affirme que le moyen le plus sûr de l’établir serait la restauration de la royauté à Paris. Et il a ajouté que le Premier consul est « le fils et le champion de toutes les atrocités de la Révolution ! »
    Que faire alors ?
    Réorganiser l’armée, créer une armée de réserve que l’on pourra déplacer rapidement d’un front à l’autre et, surtout, penser au soldat, car tout dépend de lui. On ne peut vaincre que s’il accepte de mourir. Pour cela, il faut qu’il croie à son chef, qu’il le voie près de lui, qu’il soit récompensé lorsqu’il accomplit un acte de bravoure.
    Napoléon crée des distinctions – fusils, trompettes, baguette d’honneur – pour les grenadiers, les cavaliers, les tambours. Il s’emporte quand un membre de l’Institut parle avec dérision de ces « hochets de vanité ».
    « C’est avec des hochets qu’on mène les hommes, répond-il… Croyez-vous que vous feriez battre des hommes par l’analyse ? Jamais. Elle n’est bonne que pour le savant dans son cabinet. Il faut au soldat de la gloire, des distinctions, des récompenses. »
    Joséphine a reçu à sa table les deux grenadiers qui, au château de Saint-Cloud, le 19 brumaire, se sont placés entre Napoléon et les députés des Cinq-Cents et l’ont protégé. Elle a, à la fin du déjeuner, glissé au doigt de celui qui a eu son uniforme déchiré par des poignards, le grenadier Thomé, un diamant de deux mille écus ! Et elle l’a embrassé.
    Voilà comment il faut agir avec les hommes. Les récompenser et les flatter. La garde des consuls est habillée d’uniformes neufs, chamarrés. Elle est commandée par Murat, qui vient d’épouser Caroline Bonaparte. C’est la Garde qui parade le jour où l’on proclame les résultats du plébiscite sur la Constitution – 3 011 007 citoyens ont approuvé, contre 1 562 non . Ici et là, les abstentions étaient si nombreuses qu’il a fallu bourrer les urnes de oui .
    C’est ainsi qu’on gouverne !
    Il dit à Bourrienne, qui lui a communiqué ces chiffres : « Il faut parler aux yeux, cela fait du bien au peuple. »
    Et, s’approchant de la fenêtre, regardant le jardin qui entoure le palais du Luxembourg, il ajoute : « À l’armée, la simplicité a sa place ; mais, dans une grande ville, il faut que le chef d’un gouvernement attire à lui les regards par tous les moyens possibles !
    Sa décision est prise : il s’installera aux Tuileries.
     
    Le 19 février 1800, le cortège des voitures quitte le palais du Luxembourg pour se rendre à celui des Tuileries, remis en état.
    Les salves d’artillerie retentissent. Trois mille hommes de troupe, musique militaire et immense tambour-major jonglant avec sa canne, cavalerie, précèdent la voiture des consuls tirée par six chevaux blancs, cadeau de l’empereur d’Autriche lors de la signature de la paix de Campoformio.
    Napoléon est vêtu d’un costume
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