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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois
Autoren: Max Gallo
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jouxtant la chambre royale.
    Il a donné coups de glaive et coups de lance afin de dégager Louis le Gros, impétueux et téméraire, qui s’est souvent élancé le premier pour traverser une rivière à gué, s’engager sur un pont, attaquer l’une de ces forteresses d’Île-de-France dont le roi entend brûler et raser les donjons pour accroître le domaine royal, protéger les villes, les abbayes, les paysans soumis à la tyrannie de ces seigneurs brigands qui dépouillent, pillent, emprisonnent, violent, tuent.

    Un seigneur de Beauce, Hugues du Puiset, un Thomas de Marle, au-delà de la Seine et de l’Oise, sont de ces hommes sanguinaires et cruels.
    Thomas de Marle épouvante paysans et clercs. Il invente des supplices, manie lui-même le couteau et le fer rougi, prend plaisir à torturer dans les bas-fonds de ses châteaux. Il se moque des excommunications. Il résiste dans ses donjons, à l’abri des sombres forêts de l’Île-de-France.
    « Qui peut imaginer le nombre de ceux que la faim, les tortures et la pourriture ont fait périr dans ses prisons ! »
    Pour Thomas de Marle, un paysan vaut moins qu’une bête qu’on chasse. Et il n’hésite même pas à égorger son parent, l’archidiacre de Laon, Gautier.
    C’est Martin de Thorenc qui, avec l’appui des évêques, obtient de Louis le Gros qu’enfin une croisade soit organisée
contre ce rapace. Mais Thomas de Marle, blessé, refuse encore sur son lit de mort de donner l’ordre de libérer les prisonniers enfermés dans les cachots de ses châteaux qu’on n’a pas conquis.

    Quant à Hugues du Puiset, il était « comme un chien furieux que les coups et la chaîne exaspèrent, et qui mord et déchire avec d’autant plus de rage tous ceux qu’il a le malheur de rencontrer ».
    C’est l’abbé de l’abbaye royale de Saint-Denis, Suger, qui parle ainsi, exhortant mon aïeul à inviter le roi à faire régner la justice en son domaine, à protéger l’Église, à rassembler autour de lui ses sujets contre la rapine et la cruauté des seigneurs avides.
    Louis le Gros suit ces conseils.
    Glaive en main, il va les débusquer dans leurs repaires, pénètre dans les donjons en flammes, s’enfonce dans les rangs ennemis, et c’est Martin de Thorenc qui le protège et le défend.

    L’abbé Suger s’inquiète de cette audace, de cette volonté royale d’être le premier au combat là « où le nombre des ennemis, les obstacles, l’eau et le feu font reculer les jeunes gens ».
    Louis se jette en avant avec furie, comme s’il devinait que, bientôt, son corps s’alourdira au point qu’il ne pourra plus monter en selle et sera ce roi enveloppé de replis de graisse, au teint blême, aux yeux voilés, respirant bruyamment, dodelinant, ce Louis le Gros ne s’ébrouant que pour se pencher sur son écuelle, dévorer avec avidité, engloutir puis gémir :
    « Ah, quelle misérable condition que la nôtre, ne pouvant jamais jouir en même temps de l’expérience et de la force ! Si j’avais su, étant jeune ; si je pouvais, maintenant que je suis vieux, j’aurais soumis bien des empires ! »

    Jusqu’à sa quarantième année, il avait soumis les seigneurs rebelles et cruels d’Île-de-France et aussi du Nord, traquant les assassins du comte de Flandre, Charles le Bon. Les meurtriers s’étaient réfugiés dans une église de Bruges et, une fois débusqués comme le sont les renards, ils défilèrent l’un après l’autre devant Louis VI avant d’être précipités du haut de la tour de Bruges. Quant aux deux plus coupables, ils agonisèrent longtemps, l’un attaché à la roue et déchiqueté par les corbeaux, l’autre pendu à une fourche avec un chien qui lui dévorait le visage.
    Ainsi sont les hommes, ainsi sont les rois.

    Avant d’être ventru, énorme, gras et presque impotent, Louis avait été leste et vif dans ses mouvements, malgré sa haute stature et une corpulence qu’il eut toujours forte.
    Il fut grand chasseur de sangliers, de cerfs et même de loups, et mit la même ardeur à poursuivre les femmes.
    Il avait le visage avenant mais un teint blême. Le bruit se répandit qu’il devait cette pâleur grisâtre au poison dont sa marâtre, Bertrade, avait versé chaque jour un peu dans son vin. Cette femme qui avait supplanté la reine, morte de chagrin d’avoir été chassée, avait décidé de tuer ainsi Louis.
    Dieu ne l’a pas voulu.
    Louis le Gros épousa Adélaïde de Savoie, fort laide mais
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