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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois
Autoren: Max Gallo
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échange d’argent, de convaincre les lépreux du monde d’agir contre les chrétiens.
    Un Juif nommé Samson avait reçu les lettres des rois maures et convoqué les lépreux d’Occident afin qu’ils exécutent cette besogne maléfique. Après quoi les royaumes chrétiens deviendraient leur butin.

    Moi, Hugues de Thorenc, comte de Villeneuve, j’étais auprès du roi quand on lui révéla cette conspiration qui avait pour but de détruire la Chrétienté.
    Philippe V prit aussitôt un édit enjoignant que les coupables soient livrés aux flammes, les autres enfermés perpétuellement dans les ladreries, et si quelque lépreuse coupable était enceinte, elle serait conservée jusqu’à ce qu’elle eût accouché, puis livrée aux flammes.
    Bazin, le prêtre excommunié et lépreux, périt ainsi par le feu.
    Après lui, les flammes des bûchers dévorèrent des milliers de lépreux et de Juifs.

    En Languedoc on en brûla six cents en un seul jour.
    À Chinon, cent soixante Juifs durent sauter dans une fosse où l’on avait entassé des fagots de branches sèches dont les flammes vives et affamées attendaient leurs proies.
    On dit même que « beaucoup de femmes veuves firent jeter dans le feu leurs propres enfants de peur qu’ils ne leur fussent enlevés pour être baptisés par les chrétiens assistant à ce supplice ».
    Des bûchers furent aussi dressés à Paris aux carrefours, sur la place de Grève, devant une grande foule hurlante au premier rang de laquelle se trouvaient des nobles.

    Dieu n’a pas voulu cela. Je le sais.
    Et je n’ai pas désiré voir les corps se tordre, agrippés, enlacés par les flammes.
    J’ai quitté la cour du roi pour regagner mon fief.
    Du haut de la cour carrée du château des Villeneuve de Thorenc, construit par mon aïeul Martin de Thorenc, j’aperçois les cimes enneigées, et la mer, ce ciel renversé.
    Ce théâtre du monde aux couleurs de vitrail m’apaise. J’oublie la cruauté des hommes entre eux. Mais si Dieu n’a pas voulu cela, Il a laissé les hommes devenir les vassaux de Satan.
    Il n’a pas voulu cela, mais, l’heure venue, Il jugera chacun de nous.

    C’est pour me préparer à comparaître devant Lui que j’ai décidé d’écrire cette histoire de ma lignée, qui est aussi la chronique des rois de France.
    Car, depuis mon aïeul Martin Villeneuve de Thorenc, le roi de France est notre suzerain.
    Aux côtés de Philippe Auguste, le Conquérant, il y eut un Eudes de Thorenc, puis un Henri Villeneuve de Thorenc.
    Le fils de ce dernier, Denis de Thorenc, servit Louis IX, le Croisé, le Juste, le Saint. Et moi, Hugues de Thorenc, comte de Villeneuve, j’ai donné conseil à Philippe IV le Bel, celui que j’ai nommé l’Énigmatique ; j’ai mis ma plume et mon glaive à son service, puis à celui de son fils Philippe V le Long.
    J’avais été écuyer de Louis IX, son aïeul. J’avais quatorze ans l’année de sa mort à Carthage, en croisade, le 25 août 1270. Mon père, Denis de Thorenc, était alors à ses côtés.

    La lignée des Thorenc a donc chevauché aux côtés de celle des Capétiens.
    Pour la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ, je m’en vais tenir chroniques croisées de ces deux lignées.
    Je prie Dieu qu’Il me laisse achever ma tâche, la dernière en ce monde où hommes, femmes et enfants vivants deviennent pièces de bois pour les bûchers.

LIVRE I
    (1108-1226)
    Philippe Auguste, le Conquérant

première partie
    (1108-1180)
    « Ton Seigneur le roi d’Angleterre ne manque de rien : hommes, chevaux, or, soie, diamants, gibier, fruits, il a tout en abondance.
    « Nous, en France, nous n’avons que du pain, du vin et de la gaieté. »
    L ouis  VII le J eune ,
    1170.
    1.
    Martin, le fondateur de la lignée des Villeneuve de Thorenc, avait la peau brunie et tannée de ceux qui reviennent de Terre sainte.
    Avec le chevalier champenois Hugues de Payns et d’autres jeunes nobles comme Archambaud de Saint-Amand, Payen de Montdidier, Godefroy de Saint-Omer, il avait parcouru les routes qui conduisent au Saint-Sépulcre afin d’accompagner et de protéger les pèlerins que les Infidèles guettaient comme des proies faciles, désarmées, bonnes à détrousser, à enlever, à assassiner.

    « Nous sommes, avait écrit Martin, chanoines réguliers, car nous avons fait voeu de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, et nous avons pris le nom de chevaliers du Temple parce que nous logeons non loin du Temple
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