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Le piège

Le piège

Titel: Le piège
Autoren: Emmanuel Bove
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que je n’étais pas, que cela ne prenait pas et que
finalement cette comédie me jouerait un sale tour. Il croit peut-être que je
viens espionner Vichy. Ou alors, et ça, ce serait beaucoup plus grave. Lui,
Basson, serait gaulliste au fond de son cœur. Il aurait voulu me faire comprendre
que mon admiration de la Révolution nationale pourrait, un jour, me coûter cher. »
    Brider avait beau se creuser la tête, il n’arrivait
pas à comprendre à quelle histoire Basson avait fait allusion.
    « Je lui demanderai tout à l’heure et
j’insisterai jusqu’à ce qu’il me réponde et s’il ne veut pas me répondre, eh
bien, ce sera fini entre nous. Je trouverai bien à partir d’une autre façon.
Personne n’est indispensable. »
    Bridet était en train de réfléchir lorsqu’un
homme nu-tête, assez jeune, entra dans le salon.
    — Monsieur Bridet ? demanda-t-il.
    — C’est moi, c’est moi, dit Bridet en
dressant le torse.
    — Voulez-vous être assez aimable de me
suivre, continua le jeune homme.
    — Certainement, dit Bridet assez fier
vis-à-vis des personnes qui attendaient et qui étaient arrivées avant lui, de
passer le premier.
    — M. Basson a terminé ? demanda
Bridet dans le couloir.
    — Je ne l’ai pas vu.
    — Comment ! ce n’est pas lui qui
vous envoie ? demanda Bridet pris soudain d’un tremblement.
    — Je ne sais pas.
    — Mais où allons-nous ? Je ne
peux pas m’éloigner. M. Basson m’attend.
    — Nous allons tout près, aux Affaires
algériennes.
    — Ah ! bon, dit Bridet en
poussant malgré lui un profond soupir.
    Maintenant tout s’expliquait. Basson était
quand même un véritable ami. Il l’avait un peu inquiété, sans raison, pour s’amuser,
par caprice. Bridet se rappela à ce moment que Basson avait toujours agi de
cette façon. Il aimait à refuser ce qu’on lui demandait, à paraître plein de
réticences et de mystère et puis, quand on ne comptait plus sur lui, on s’apercevait
qu’il avait fait au-delà de ce qu’on attendait de lui. Décidément, il n’avait
pas changé. « Fais attention, il va t’arriver une histoire, attends-moi dans
le salon... » Et puis, il faisait le nécessaire.
    Bridet et l’employé suivirent un long
couloir, coupé de portes sur lesquelles il y avait des numéros en émail. Quand
l’une d’elles s’ouvrait, on apercevait des fonctionnaires, des machines à
écrire et, le long des murs, des piles énormes de paperasses et de dossiers qui
avaient fait toute la retraite et auxquels devaient certainement manquer des
pièces importantes.
    — Entrez, Monsieur, dit l’employé en
ouvrant une porte et en s’effaçant avec une politesse un peu machinale.
    Bridet se trouva alors dans une pièce,
couverte d’un tapis beige cloué. Il y avait juste une table et une chaise.
    — Asseyez-vous, Monsieur, je vais voir
si le directeur peut vous recevoir.
    — Quel directeur ? demanda
Bridet.
    — M. de Vauvray, le directeur.
    — Ah ! bon, eh bien, je vais m’asseoir,
dit Bridet qui éprouvait de nouveau un malaise.
    Quelques minutes s’écoulèrent.
    « Il y a tout de même quelque chose
que je ne comprends pas très bien, pensa Bridet. Basson m’a prié d’aller l’attendre
au salon pendant qu’il recevait un visiteur. Où a-t-il pris le temps de parler
à ce M. de Vauvray ? Tout cela est un peu rapide, je trouve. »
    Une porte de communication avec la pièce
voisine s’ouvrit et l’employé sans s’avancer fit signe à Bridet de venir. Cette
autre pièce était beaucoup plus grande et avait un aspect de bureau
particulier.
    M. de Vauvray, car c’était lui
certainement, tournait le dos à la porte. Il avait les mains dans ses poches.
Il regardait par la fenêtre, comme si, par timidité ou par crainte de paraître
embarrassé, il aimait mieux ne voir ses visiteurs que lorsqu’ils s’étaient
avancés vers son bureau.
    — Monsieur le directeur, voici M.
Bridet, dit l’employé.
    Il se retourna, eut un petit air surpris de
personne qui n’avait entendu aucun bruit, tira les mains de ses poches et alla
à la rencontre du visiteur avec un sourire.
    — Ah ! vous voilà, dit-il. Je
suis enchanté de faire votre connaissance. Asseyez-vous, allumez une cigarette.
    Puis, se tournant vers l’employé, il ajouta :
    — Vous pouvez vous retirer.
    Le directeur était un homme jeune, 25 ans
au plus, mais, contrairement aux fonctionnaires de cet âge, il n’avait pas
apparemment trop l’air de
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