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Le peuple du vent

Le peuple du vent

Titel: Le peuple du vent
Autoren: Viviane Moore
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moyen de les calmer, dit-il à Serlon.
    Muriel poussa un hurlement inhumain et se débattit pour échapper au soldat qui essayait non sans mal de la soulever.
    — Emmenez-la, vite ! commanda le seigneur de l’Épine.
    Hugues de Tarse s’écarta pour laisser passer le sergent, non sans avoir observé la pauvre femme qui, juchée sur son épaule, se débattait, crachait et griffait.
    Il ne l’avait jamais vue d’aussi près. Elle ne partageait aucun de leurs repas, ne se promenait pas même dans les couloirs, gardait la chambre comme une bête sauvage qui se dérobe à la vue pour mourir...
    Sauf aujourd’hui.
    Après cette sortie mouvementée, une fois les murmures apaisés, Baptiste écourta l’office, partageant le pain et le vin avec ses fidèles avant de les renvoyer en paix en les priant de méditer le texte sacré.
    Enfin, tout le monde regagna la basse-cour.
    — Désirez-vous que je me rende au chevet de votre soeur, messire ? demanda Hugues à Serlon qui sortait à ses côtés.
    Le seigneur de Pirou s’arrêta et le regarda avec étonnement.
    — Auriez-vous aussi étudié la médecine, messire de Tarse ?
    — Oui, à Cordoue, seigneur, pendant quelques années, puis sur les champs de bataille des Pouilles ensuite. D y avait là suffisamment de blessés et de mourants pour qu’un homme de médecine soit à son affaire. Mais j’étais de tempérament trop vif pour ne me consacrer qu’à l’étude et aux soins du corps humain. Peut-être pourrai-je cependant trouver quelque potion qui soulagera dame Muriel à défaut de la guérir. Qui s’occupe d’elle ici ?
    — Personne.
    La réponse était sèche. Hugues de Tarse se contenta d’attendre la suite et elle ne tarda pas à venir.
    — Son mari Ranulphe la fait soigner chez lui au manoir de l’Épine et elle porte avec elle la médecine qu’elle doit prendre.
    — Sans effet, ce me semble. Je l’ai entendue hurler ce matin et ce n’était pas là les cris de quelqu’un qui a trouvé remède, vous en conviendrez.
    Serlon s’absorba un moment dans ses pensées. Tenait-il quand même à cette soeur qu’il avait éloignée de lui ou bien ne voulait-il pas déplaire à son hôte ? Il trancha :
    — Nous irons la voir dans la soirée et si vous trouvez à la soulager, je vous en serai reconnaissant, messire de Tarse. Venez, j’ai à vous dire.

7
    Hugues s’assit en face de Serlon. Cinq jours qu’ils étaient là. Cinq jours à rester dans un lieu où rien ne pouvait lui servir à lui ni surtout à Tancrède. Et le sentiment du danger qui devenait plus aigu chaque jour. N’avait-il pas eu tort de guider son protégé vers le duché de Normandie ? N’était-il pas encore plus exposé ici qu’ailleurs ?
    — À quoi pensez-vous, messire de Tarse ? demanda Serlon.
    — Au fait que nous allons devoir reprendre notre route, messire !
    Serlon hocha la tête. À quarante-cinq ans, c’était un homme prématurément usé, vieilli. Pourtant, c’était un colosse. Un de ces Normands de vieille souche que rien n’abat jamais. Hugues observa son visage aux traits tirés, ses yeux d’un bleu de glace, sa forte mâchoire, cette large stature qui, pendant longtemps, ajoutée à son tempérament hargneux, l’avait fait surnommer l’Ours par ses pairs, les barons normands.
    — Et je ne vous aurais guère été utile ni à vous ni au jeune Tancrède, conclut Serlon.
    — Votre hospitalité nous a été précieuse, messire, fit l’Oriental en s’inclinant avec courtoisie.
    — Allons, allons ! Foin de ces civilités, messire de Tarse, je ne suis pas un homme d’Orient mais un Normand ! fit Serlon en se levant, recouvrant pour un moment les accents furieux de sa jeunesse. Vous étiez venu demander son avis et son aide à un homme qui avait l’écoute des puissants et vous n’avez trouvé qu’un vieillard !
    — Nul ne se remet aisément de la mort prématurée d’un fils et je comprends que la perte d’Osvald...
    — Laissons cela ! Votre venue m’a fait du bien, messire, sachez-le. Et rien que pour cela je vous sais gré d’être passé à Pirou. Elle m’a remis en tête ce qui compte : l’avenir de notre duché de Normandie et nos royaumes d’Italie et de Sicile.
    — Vous êtes lié par le sang aux rois de la Méditerranée, messire.
    — C’est vrai. Je n’oublie pas que le sang des Hauteville coule dans mes veines. Je ne peux plus vous aider ni vous conseiller, mais je tiens à ce que vous preniez
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