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Le mouton noir

Le mouton noir

Titel: Le mouton noir
Autoren: Michel Langlois
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les noms qui me parurent les plus intéressants:
    Cacouna: «Où il y a toujours des porcs-épics».
    Canada: «Village».
    Chicoutimi: «Jusqu’où c’est profond».
    Gaspé: «Extrémité ou fin».
    Kamouraska: «Où il y a des joncs au bord de l’eau».
    Maskinongé: «Brochet difforme».
    Matapédia: «Jonction des eaux».
    Rimouski: «Terre des orignaux».
    Restigouche: «Rivière à cinq branches».
    Saguenay: «D’où l’eau sort».
    Tadoussac: «Mamelles».
    Mais je ne me contentai pas d’apprendre la signification des noms d’origine indienne; je voulus connaître la provenance de certains noms français. Bien entendu, pour l’île aux Basques, je supposai que des Basques y avaient séjourné et quant à Trois-Rivières ou Cap-Rouge, il était bien évident qu’on avait nommé ces endroits d’après la configuration de ses eaux pour l’un et de la couleur du sol pour l’autre. Les côtes de Beauport et de Beaupré signaient clairement leur nom, tout comme la rivière Chaudière, qui devait le sien aux cuvettes formées par l’eau en bas de la chute du même nom. Mais d’où venaient celui de la rivière du Sault-à-la-Puce et celui de Côte-de-la-Misère?
    Ã€ Québec, s’il était facile de deviner pourquoi nous avions les appellations de côte du Palais et côte de la Montagne, il fallait plus d’imagination pour saisir ce qu’on entendait par la rue du Sault-au-Matelot. Il devait y avoir derrière ce nom une aventure particulière. Je demandai aux gens leur avis. On me sortit toutes sortes d’explications tout aussi farfelues les unes que les autres. Je savais que le mot sault faisait allusion à une chute d’eau. Mais un homme m’assura qu’un matelot était tombé de la falaise, d’où saut au matelot. Un autre soutint que c’était plutôt un chien nommé Matelot qui était tombé à cet endroit. Je préférai me faire à l’idée qu’un matelot ivre se fût affalé en tentant de traverser le ruisselet au bas de ce sault.
    Je m’amusai comme cela à questionner les gens, par exemple sur la signification de la Côte-de-la-Misère. Certains me dirent que la côte était si abrupte qu’on avait de la difficulté ou de la misère à la monter, ou encore que c’était une côte où vivaient des miséreux. J’appris qu’il s’agissait plutôt de la Côte-de-la-Miséricorde dont le nom avait été abrégé. J’eus, une fois de plus, l’occasion de constater comment l’imagination permettait toutes les interprétations possibles.

Chapitre 62
La fin du procès
    Par un des derniers navires venus de France en cette année 1763, je reçus une lettre de l’enquêteur Querdisien. Mon ami tenait promesse. Je m’empressai d’en prendre connaissance, impatient d’apprendre enfin le sort de ces malfaiteurs.
    Cher ami,
    Je sais que comme beaucoup de Canadiens, vous auriez préféré que soit appliqué envers Bigot ce que Moreau, le procureur du roi, suggérait aux commissaires: la peine de mort. Voici précisément ses propos:
    Â«Je requiers pour le Roy que ledit Bigot soit conduit aux Thuileries et qu’il y déclare à genoux, la voix haute, que méchamment, témérairement et comme mal avisé, il a, pendant tout le temps qu’il a été chargé de l’administration intérieure en Nouvelle-France, de 1748 à 1760, toléré, favorisé, commis lui-même les abus, exactions, malversations, prévarications, infidélités et vols détaillés au procès, qu’il se repente et demande pardon. Ce fait, qu’il se fasse pendre et étrangler par l’exécuteur de la haute justice jusqu’à ce que mort s’ensuive, et ce, à une potence qui, pour cet effet, sera dressée en la place des Grèves; que ses biens soient ensuite confisqués au Roy ou à qui il appartiendra.»
    Malheureusement, les juges ont choisi d’être plus clé ments. Le procureur Moreau, le juge principal Sartine, de même que le rapporteur Dupont et les vingt-six commissaires appelés à se prononcer sur ce qu’on appelle ici l’Affaire du Canada, ne voulant pas discriminer
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