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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan
Autoren: Noah Gordon
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aussitôt la servante, avec un élan qui fit
glousser tout le monde.
    – Comment vous
appelez-vous ? dit-il avec un regard et un sourire pour ses solides appas.
    – Amelia
Simpson, monsieur.
    – Madame
Simpson ?
    – Je ne suis
pas mariée.
    – Quel
dommage ! fit-il galamment. Quelle couleur aimeriez-vous, mademoiselle
Amelia ?
    – Rouge.
    – Et combien
vous en faut-il ?
    – Trois aunes,
ce serait parfait.
    – Espérons que
ça suffira » murmura-t-il, malicieux.
    On entendit
quelques rires paillards. Le Barbier, passant apparemment à autre chose, coupa
un bout de corde en quatre morceaux puis le reconstitua dans son entier en
faisant au-dessus quelques gestes magiques ; couvrant un anneau d'un
fichu, il le changea en noix et, portant brusquement les doigts à ses lèvres,
il tira quelque chose de sa bouche : l'extrémité d'un ruban rouge. Sous
les regards fascinés, il le sortit peu à peu, en louchant et en feignant
l'évanouissement. Enfin, avec son poignard, il trancha le ruban au ras de ses
lèvres et e tendit à la servante en s'inclinant très bas. Le scieur de bois,
qui était près d'elle, le mesura. Le compte y était exactement et l'assistance
applaudit.
    Quand le bruit
se fut apaisé, le Barbier présenta une fiole de son remède miraculeux.
     
    « Seul,
mon Spécifique Universel à la vertu d'allonger votre vie, de régénérer votre
corps fatigué. Il assouplit les muscles raides et raffermit ceux qui sont mous,
rend leur éclat aux yeux éteints, change les malades en gaillards bien
portants, arrête la chute des cheveux et regarnit les crânes luisants. Il fait
la vue plus nette et l'esprit plus aiguisé. C'est le cordial le plus stimulant
et le plus doux des purgatifs. Il vient à bout des ballonnements et des pertes
de sang, des misères des femmes, du scorbut des marins, de la surdité, de la
toux et de la consomption, des maux d'estomac, de la jaunisse et des fièvres.
Bon pour les bêtes comme pour les humains, il guérit tout et chasse tous les
soucis ! »
    Le Barbier
vendit beaucoup de fioles, puis avec Rob il installa un paravent derrière
lequel il examina les patients. Malades et égrotants attendirent à la queue leu
leu d'être soulagés pour un sou ou deux.
    Le soir, ils
dînèrent à la taverne ; le Barbier trouva l'oie mal rôtie et les navets
filandreux. Puis il étala sur la table une carte des îles Britanniques ;
Rob, qui n'en avait jamais vu, suivit, les yeux ronds, le chemin capricieux de
son doigt qui traçait leur itinéraire pour les mois suivants.
    Tombant de
sommeil, il retourna dormir à leur campement, mais il avait trop de choses en
tête pour trouver le repos. Il entendit des rires et des propos plaisants
pleins d'allusions grivoises ; son maître avait ramené une fille.
    « Ah !
Douce Amelia ! » soufflait-il entre deux baisers mouillés et tout un
remue-ménage. Elle gémissait. Enfin, ils s'endormirent.
     
    Au petit
matin, elle était partie. Ils reprirent la route, s'arrêtèrent pour cueillir un
panier de mûres er firent un excellent déjeuner. L'après-midi, ils avaient
dépassé un grand domaine fortifié et le Barbier pressait lé pas quand trois
cavaliers les arrêtèrent ; il fallut les suivre, franchir les enceintes et
les grilles jusqu'à une salle souterraine aux murs couverts d'armes et de
tapisseries.
    « Une
chienne est blessée. Elle s'est pris la patte dans un piège il y a une
quinzaine et cela s'est infecté. »
    Le Barbier
vida deux de ses fioles dans le bol d'argent de la chienne qui grogna, mais
finit par boire. Quand il la vit assoupie, il lui lia les mâchoires, puis les
pattes, et l'opéra. La bête tremblait, sa blessure grouillait de vers et
sentait mauvais.
    Quand il
demanda, discrètement, son salaire, on le pria d'attendre le retour du comte,
qui était à la chasse. Ils délièrent la chienne, reprirent leurs instruments et
s'en furent. Hors de vue du château, le Barbier s'éclaircit la voix et cracha.
    « Qui
sait quand il reviendra ? Si la chienne guérissait, il nous paierait
peut-être, ce sacré comte, mais si elle crève, ou qu'il soit de méchante
humeur, il peut nous faire écorcher. J'évite les seigneurs, je préfère chercher
mon bien chez les villageois. »
    Le lendemain,
ils arrivèrent à Chelmsford, où un marchand d'onguent les avait précédés– un
homme affable avec une crinière blanche et une tunique orange.
    « Content
de te voir, Barbier !
    – Salut, Wat,
tu as toujours ta
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