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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan
Autoren: Frédéric Hulot
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typiquement méridional.
    La disparition prématurée de Roch Jourdan ne contribua pas à arranger les choses. Du jour au
     lendemain, la situation pécuniaire du fils Jourdan devtit un objet de préoccupation majeure.
     Son père, s’il n’avait pas de dettes, ne laissait pas non plus
     d’actif quelconque. Le soutien de la belle-famille s’était révélé trop
     lourd. Ce fut tout à l’honneur de l’abbé Jourdan d’avoir
     résolu avec élégance ce problème majeur. Il savait qu’il était hors de question de
     faire appel à la famille, aussi bien du côté maternel que paternel, pour le résoudre. Sa
     qualité de prêtre et son sens de la solidarité y furent certainement pour quelque chose. Il
     décida donc que son neveu poursuivrait ses études dans son école, sans le rétrograder de
     division, quoiqu’il fût désormais entièrement à sa charge. Tout au plus lui
     demanda-t-il, en dehors de son travail scolaire, de lui rendre de menus services comme de lui
     servir de messager lorsqu’il fallait porter un pli à l’archevêché
     d’Aix ou de l’aider à tenir les registres de la paroisse.
    Cet état de fait dura plusieurs années. Les résultats du jeune Jean-Baptiste justifiaient en
     quelque sorte le sacrifice auquel son oncle consentait en sa faveur. Mais, en 1777, alors que
     l’adolescent atteignait ses quinze ans, la question de son orientation se posa de
     nouveau. Il achevait son cycle secondaire, dans la mesure où une comparaison avec le système
     scolaire actuel est possible, atteignant le niveau de la première partie du baccalauréat.
     L’école de l’oncle Laurent arrêtait là la formation.
    À partir de ce moment, quatre possibilités s’offraient à lui. Il pouvait
     poursuivre ses études en entrant au séminaire, et l’abbé Jourdan était suffisamment
     en bons termes avec sa hiérarchie pour obtenir de celle-ci que le jeune homme soit entièrement
     pris en charge par l’Église ; mais le curé de Beaurecueil était
     moralement trop droit pour retenir une telle solution. Outre le fait que son neveu
     n’avait pas la vocation, sa foi, dès ce moment, paraissait des plus tièdes. Au
     mieux, il n’aurait donné qu’un mauvais prêtre.
    Jean-Baptiste avait, à n’en pas douter, la capacité pour poursuivre des études à
     la faculté d’Aix ; classiques, médicales ou même scientifiques. Mais
     c’était financièrement irréalisable. L’oncle Laurent aurait pu tenter de
     le présenter au concours d’une école militaire car, dans les armes savantes, étaient
     admis quelques enfants de la bourgeoisie comme boursiers du roi. Mais, soit par ignorance, soit
     par répugnance, il ne s’arrêta pas à cette possibilité.
    Restait l’apprentissage d’un métier, ce qui pour un sujet ayant
     bénéficié de l’éducation de Jean-Baptiste représentait une manière de déchéance.
     Consulté par son frère, l’aîné de la famille, Jean-François, qui était marchand de
     soieries à Lyon, se déclara prêt à prendre son neveu dans son magasin. Il avait justement
     besoin d’un commis et pourrait enseigner le commerce au garçon. Dès lors, la
     question était réglée ! Dans le courant de 1777, Jean-Baptiste fut envoyé à Lyon,
     chez son oncle qui acceptait de le prendre entièrement en charge.
    Après toutes ces années, ce ne fut sans doute pas sans regrets que le prêtre se sépara de son
     neveu qui était devenu un peu comme son fils. Il ne devait plus le revoir et il ne connut pas
     ses succès. Il demeura à Beaurecueil où son école continua à prospérer au potit
     qu’il fut contratit d’agrandir son presbytère pour y loger des classes.
     La Révolution lui porta un coup fatal et, plus encore, la Constitution civile du clergé votée
     par l’Assemblée constituante en juillet 1790. Lorsque, en novembre 1791,
     les prêtres furent contratits de prêter serment à cette constitution, l’abbé
     Jourdan, respectant les décisions du pape, s’y refusa. Devenu prêtre réfractaire,
     contratit de quitter sa cure, il partit pour l’Italie où l’on perd sa
     trace.
    *
    Si l’existence de Jean-Baptiste Jourdan avait présenté en Provence un caractère
     plutôt morose et parfois un peu triste, la vie qui l’attendait à Lyon, dans le
     magasin de Jean-François, se serait plutôt apparentée à une forme subtile
     d’esclavage. Il était logé, nourri de manière frugale, blanchi et accessoirement
     habillé. Mais là
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