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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan
Autoren: Frédéric Hulot
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héritier après la fin de ses études ou lorsqu’elles seraient assez avancées, et il imaginait qu’il lui succéderait. En attendant, désireux de s’éloigner de sa belle-famille qui continuait à vivre à ses crochets, il déménagea.
    Soit accident, soit maladie, on ne sait exactement, Roch Jourdan mourut jeune, en octobre 1771, âgé seulement de trente-trois ans. Il laissait un fils unique dans une situation précaire qui allait poser problème à son oncle devenu son tuteur.

I
    UNE ENFANCE SANS JOIE
    (1768-1778)
    Le village de Beaurecueil, situé, nous l’avons vu, en Provence, au pied de la
     montagne de la Satite-Victoire, était, à la fin du xviii e  siècle,
     une toute petite localité puisqu’il comptait à peine deux cent cinquante habitants.
     Mais son château fort, propriété à cette époque du marquis de Galliffet, lui
     conférait une certaine importance. L’église, bien modeste, n’avait été
     pourvue d’un curé permanent qu’à partir de 1754, à la requête du
     châtelain. L’abbé Jourdan était le troisième en titre mais, sous son impulsion et en
     raison de la création de son école, elle allait prendre rapidement une certaine importance.
    Il avait articulé, dès sa fondation, ses élèves en trois divisions caractérisées, non pas par
     le niveau des études, mais par le moyen dont les familles finançaient la scolarité. La
     première, la plus basse, concernait les enfants admis à titre gracieux, en majorité fils de
     paysans, parce que trop pauvres, et à qui on se contentait d’apprendre à lire, à
     écrire et à compter, sauf exceptions. Dans la seconde, on trouvait ceux dont les parents
     versaient une contribution variable selon leurs moyens. Enfin, la troisième, la moins
     importante, comptait les fils de famille qui payaient entièrement leurs études. On ne possède
     aucun renseignement sur l’organisation titerne de l’école ni sur le
     nombre de professeurs. Il est hors de doute que, quelles qu’aient été les capacités
     de Laurent Jourdan, et elles étaient grandes tant en en lettres qu’en sciences, il
     n’était pas le seul enseignant de son institution. La majorité des élèves poussant
     assez loin leurs études étaient, on l’a vu, destinés au séminaire. Un
     d’entre eux, au moins, devtit assez célèbre. Il devait être nommé évêque de Dijon
     par le roi Louis-Philippe. Il est probable qu’il y en aurait eu d’autres
     sans la Révolution qui vit la fermeture de l’école.
    L’abbé Jourdan inscrivit d’office son neveu dans la troisième division,
     estimant que son frère avait largement les moyens de payer les études de son fils.
     D’ailleurs, Roch Jourdan ne fit aucune difficulté pour régler la pension ainsi que
     la scolarité de l’enfant. Son oncle le logea auprès de lui au presbytère,
     adoucissant un peu de la sorte ses conditions de vie, ce dont Jean-Baptiste lui fut toujours
     reconnaissant. D’emblée, il apparut comme un élève attentif, titelligent, studieux,
     faisant preuve, bien qu’encore très jeune, de méticulosité dans son travail, bref,
     le modèle dont rêvent les professeurs. Avec cela, calme, discipliné et sans aucune propension
     au chahut, son oncle n’eut qu’à se louer de lui. Toutefois, avec son sens
     de la psychologie enfantine, il constata assez vite que Jean-Baptiste ne montrait
     aucune disposition pour la vocation religieuse, tout au contraire ; et il comprit
     que ce serait peine perdue que de le faire entrer au séminaire à la fin de sa formation
     classique. Il faudrait l’orienter vers des études supérieures laïques pour
     lesquelles il semblait avoir des dispositions.
    La mort de Roch Jourdan mit un terme à tous ces projets. À ce moment, son fils
     n’était âgé que de neuf ans. La rudesse de la vie de pension avait été atténuée par
     la sollicitude et l’affection de l’oncle Laurent. Tout de même, la vie de
     cet enfant privé d’une « ambiance » véritablement familiale
     dut lui paraître terriblement monotone et dénuée d’titérêt : peu ou pas
     de jeux en dehors des récréations, pas de véritables vacances et, du seul fait qu’il
     était le neveu du directeur, aucune profonde amitié. Ses condisciples prenaient pension dans le
     village alors que lui était isolé au presbytère. Moins que cela suffirait à engendrer un
     caractère mélancolique ou, à tout le moins, peu expansif et réservé, même dans un milieu
    
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