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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston
Autoren: Carolyn Grey
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Sans
parler du nouveau meurtre qui se prépare, ajouta Rupert. Dans quelques jours,
messieurs, nous serons le dix du mois. Et pour autant que nous en sachions,
n’importe lequel d’entre nous pourrait être la prochaine victime.
    À
ces mots, lord Trevor toussota nerveusement, lord Linney se tortilla sur son
siège et lord Yarsfield blêmit, ce qui n’échappa pas à l’œil aigu de Rupert. Un
sourire sarcastique étira ses lèvres minces.
    –  Vous pâlissez, James.
Auriez-vous peur ?
    L’intéressé
bondit sur son fauteuil comme si on venait de le souffleter. Mais curieusement,
il ravala ses paroles de colère et se contenta de darder sur Rupert un regard
haineux.
    –  Allons
Rupert, intervint lord Greystone d’un ton apaisant, ne plaisantez pas avec un
tel sujet. Je ne souhaite pas à mon pire ennemi une mort aussi effroyable que
celle de ces malheureux.
    Lord
Yarsfield tira sa montre de sa poche et donna un coup d’ongle sur le verre.
    –  Je
dois y aller, messieurs, annonça-t-il. Des obligations m’appellent.
    Il
se leva et gagna la porte. Puis, comme si une idée subite venait de lui
traverser l’esprit, il s’immobilisa, la main sur la poignée, et se retourna
vers Rupert.
    –  Au
fait, mon cher, j’en ai encore entendu de belles à propos de votre fils,
lança-t-il d’un air madré tout en lissant nonchalamment sa cravate de soie
vermillon.
    Ce
fut au tour de Rupert de pâlir. Impitoyable, lord Yarsfield continua :
    –  Il
semblerait que Julian se fourvoie encore dans une relation avilissante. Après
Aerith, ce jeune homme…
    –  Il
suffit, James, s’insurgea lord Greystone. Ces propos injurieux n’ont pas leur
place ici.
    –  Je
mets simplement notre ami en garde, les gens peuvent être si malveillants… Si
j’étais vous, conclut-il à l’intention de Rupert, je parlerais à Julian avant
qu’un nouveau scandale n’éclate. Je ne sais si votre famille s’en relèverait
cette fois…
    Il
savoura un instant l’effet produit par sa dernière pique puis sortit enfin, son
visage gras fendu d’un rictus triomphant.
    Après
son départ, un silence gêné envahit la pièce. Personne n’osait regarder Rupert.
Une veine bleuâtre battait à sa tempe, trahissant sa fureur et sa frustration.
    Sans
un mot, il reposa son verre de brandy sur un guéridon et reprit sa place près
de la fenêtre, tournant le dos aux autres.
    Une
fois encore, ce fut lord Greystone qui sauva la situation en changeant
brutalement de sujet :
    –  Alors,
messieurs, que pensez-vous de la situation en Amérique ? En battant de
nouveau l’Union à Manassas, il semblerait que le général Lee ait enfin porté un
coup décisif à l’armée yankee…

II
    Andrew
vacilla sur ses jambes, fit laborieusement un pas, chancela de nouveau mais
parvint à garder son équilibre. Prudent, il s’immobilisa et examina les alentours.
L’herbe encore humide de rosée lui arrivait à la taille, et quelques fleurs
sauvages d’un jaune maladif frissonnaient dans la brise matinale. Non loin de
là s’élevait une masse grise dont les contours imposants se découpaient
lugubrement sur le ciel pommelé. Intrigué par cet endroit inconnu, Andrew
reprit sa marche hésitante, le front plissé sous l’effet de la concentration.
Un pas, puis un autre, et encore un autre… La masse grise se rapprochait, de
plus en plus gigantesque et menaçante. Andrew leva la tête et grelotta, en
proie à une excitation mêlée de crainte. Un nuage déchiqueté flottait lentement
au-dessus de lui et alla escamoter le pâle soleil de septembre. Le paysage
s’assombrit encore davantage. Andrew recommença à avancer, mais sa progression
fut bientôt interrompue ; à ses pieds serpentait un filet d’eau claire qui
lui barrait le passage. Voilà qui était inattendu et constituait pour lui une
nouvelle expérience. La curiosité en éveil, Andrew écouta le murmure paresseux
des ondes emportées par le courant, puis se pencha en avant pour tenter de
distinguer le fond du cours d’eau. Il fut déçu : il n’y avait rien d’autre
à voir que des cailloux et de la boue. D’un geste indécis, il tendit la main et
la trempa dans l’eau, pour la retirer aussitôt, les doigts gelés. Andrew se
résolut à affronter bravement l’obstacle. Il s’apprêtait à faire un nouveau pas
en avant lorsque le danger fondit sur lui et coupa court à son exploration. Une
force implacable le saisit par les épaules et le souleva dans les
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