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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank
Autoren: Anne Frank
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de raison d’aller au bureau, ça doit être triste de se sentir inutile. M. Kleiman a pris la direction d’Opekta et M. Kugler celle de Gies & Co, la société d’épices (artificielles), qui n’a été fondée qu’en 1941.
    Il y a quelques jours, comme nous faisions notre promenade autour de la place, Papa a commencé à parler d’entrer dans la clandestinité, il disait qu’il nous serait très difficile de vivre complètement coupés du monde. Je lui ai demandé pourquoi il parlait de nous cacher : « Anne, répondit-il, tu sais que depuis plus d’un an, nous entreposons chez d’autres gens des vêtements, des vivres et des meubles, nous voulons encore moins nous faire prendre. Aussi, nous allons partir de nous-mêmes au lieu d’attendre qu’on vienne nous chercher.
    Mais quand alors, Papa ? Le ton grave de Papa m’inquiétait.
    Ne te tracasse pas, nous nous occuperons de tout, profite bien de ta vie insouciante pendant qu’il en est encore temps. »
    Ce fut tout. Oh, puisse la réalisation de ces sombres paroles être aussi tardive que possible ! On sonne, c’est Hello, je m’arrête.
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    MERCREDI 8 JUILLET 1942
     
    Chère Kitty,
     
    Depuis dimanche matin, on dirait que des années se sont écoulées, il s’est passé tant de choses qu’il me semble que le monde entier s’est mis tout à coup sens dessus dessous, mais tu vois, Kitty, je vis encore et c’est le principal, dit Papa. Oui, c’est vrai, je vis encore, mais ne me demande pas où ni comment. J’ai l’impression que tu ne comprends rien à ce que je te dis aujourd’hui, c’est pourquoi je vais commencer par te raconter ce qui s’est passé dimanche après-midi.
    A trois heures (Hello s’était absenté pour revenir un peu plus tard) quelqu’un a sonné à la porte, je n’ai rien entendu parce que j’étais paresseusement étendue sur une chaise longue à lire au soleil, sur la terrasse. Margot est apparue tout excitée à la porte de la cuisine. « Il est arrivé une convocation des S.S. pour Papa, a-t-elle chuchoté, Maman est déjà partie chez M. Van Daan. » (Van Daan est un ami et un associé de Papa.)
    Ça m’a fait un choc terrible, une convocation, tout le monde sait ce que cela veut dire, je voyais déjà le spectre de camps de concentration et de cellules d’isolement et c’est là que nous aurions dû laisser partir Papa. « Il n’est pas question qu’il parte », affirma Margot pendant que nous attendions Maman dans le salon. « Maman est allée chez Van Daan demander si nous pouvons nous installer demain dans notre cachette. Les Van Daan vont se cacher avec nous. Nous serons sept. » Silence. Nous ne pouvions plus dire un mot, la pensée de Papa, qui, sans se douter de rien, faisait une visite à l’hospice juif, l’attente du retour de Maman, la chaleur, la tension, tout cela nous imposait le silence.
    Soudain, la sonnette retentit de nouveau. « C’est Hello », dis-je. « N’ouvre pas », dit Margot en me retenant mais ce n’était pas la peine, nous entendions Maman et M. Van Daan parler en bas avec Hello, puis ils sont entrés et ont refermé la porte derrière eux. A chaque coup de sonnette, Margot et moi devions descendre sur la pointe des pieds voir si c’était Papa, on n’ouvrait à personne d’autre.
    On nous fit sortir du salon, Margot et moi, Van Daan voulait parler seul à Maman.
    Quand Margot et moi nous sommes retrouvées dans notre chambre, elle m’a raconté que la convocation n’était pas pour Papa mais pour elle. Ça m’a fait encore un choc et j’ai commencé à pleurer. Margot a seize ans, ils font donc partir seules des filles aussi jeunes, mais heureusement, elle n’irait pas, Maman était formelle, et c’est sans doute à cela que Papa avait fait allusion quand il m’avait parlé de nous cacher.
    Nous cacher, mais où, en ville, à la campagne, dans une maison, une cabane, où, quand, comment ?… Cela faisait beaucoup de questions que je ne pouvais pas poser mais qui revenaient sans cesse. Margot et moi avons commencé à ranger dans un cartable ce dont nous avions.le plus besoin, la première chose que j’y ai mise, c’était ce cahier cartonné, puis des bigoudis, des mouchoirs, des livres de classe, un peigne, des vieilles lettres, la perspective de la cachette m’obsédait et je fourrais n’importe quoi dans la sacoche, mais je ne le regrette pas, je tiens plus aux souvenirs qu’aux robes.
    A cinq
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