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Le héron de Guernica

Le héron de Guernica

Titel: Le héron de Guernica
Autoren: Antoine Choplin
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remontée du perron.
    Très bien, très bien, elle dit encore. Alors, peut-être nous croiserons-nous encore tout à l’heure.
    Parce que vous travaillez ici, c’est ça, continua Basilio en grimpant les dernières marches juste derrière la femme.
    Oui, c’est cela.
    Ah, c’est une chance. Du coup, vous savez sûrement à quelle heure monsieur Picasso sera là.
    La femme s’arrêta et fit volte-face. Les traits de son visage trahissaient un peu d’agacement.
    Pablo Picasso est attendu pour l’inauguration officielle, elle dit. À quinze heures.
    Ah bon, fit Basilio. C’est parfait. Vous comprenez, j’aimerais pouvoir lui dire un mot ou deux.
    Le visage de la femme hésita puis se détendit. Dans un petit rire attendri, elle dit que Picasso serait sûrement très accaparé par la presse et les officiels.
    Oui, c’est bien normal, dit Basilio et je voudrais pas l’ennuyer. Je lui dirai seulement ça, que je viens de Guernica pour voir sa peinture. C’est bien ça qui est exposé ici, sa peinture sur Guernica ?
    Oui.
    Bon, alors voilà, je lui dirai ça. Et aussi que j’étais là-bas au moment des bombardements. Alors après, c’est comme dit le père Eusebio. On sait pas comment ça peut se passer, vous voyez.
    Elle lui faisait face. Elle le parcourut d’un regard bienveillant, de haut en bas, puis de bas en haut.
    Oui, en effet. Vous avez raison, on ne sait jamais.
    C’est ce qu’il dit, le père Eusebio. Surtout qu’en plus, j’ai quelque chose à lui montrer à monsieur Picasso.
    Et de l’index, il tapota son carton à dessins.
    Ah, fit la femme.
    Vous voulez jeter un coup d’œil ? demanda Basilio.
    C’est-à-dire que, bredouilla la femme. Ç’aurait été avec plaisir, mais je n’ai guère le temps. Nous ouvrons le pavillon dans quelques minutes et.
    Tandis qu’elle parlait, Basilio a dénoué les ficelles et a entrouvert son carton, en le maniant comme un grand livre précieux. Il s’est approché de la femme, jusqu’à lui toucher l’épaule. Les deux têtes se sont penchées l’une vers l’autre, les regards ont plongé dans le carton.
    Un temps.
    C’est vous qui l’avez peint ? questionna la femme en se redressant.
    Oui.
    Elle le fixa un instant, lui n’avait pas levé le nez du carton. À nouveau, elle regarda la peinture, son front s’approchant de celui de Basilio.
    Et cet animal, demanda la femme, qu’est-ce que c’est ?
    C’est un héron. Un héron cendré.
    Après un temps de silence, Basilio a refermé doucement le carton à dessins.
    Pardonnez-moi, mais je préfère ne pas regarder ça trop longtemps, a dit Basilio. Des fois, ça me colle la sueur aux tempes et ça m’empêche de bien respirer.
    La femme a fait un léger signe de tête comme si elle comprenait ce qu’il voulait dire. Après, elle lui a serré le bras et s’est excusée, il faut vraiment que j’y aille maintenant. Et elle est partie d’un coup.
    Alors seulement, Basilio s’est rendu compte que le perron s’était peuplé de quelques dizaines de visiteurs qui attendaient en bavardant l’ouverture des portes.
    À midi pile, la petite foule amassée sur le perron a commencé à s’engouffrer dans le vaste hall du pavillon espagnol. Au beau milieu, Basilio a progressé comme il a pu, avec sa valise et son carton à dessins.
    À l’intérieur, les visiteurs se répartissaient en trois files d’attente, progressant vers un large comptoir et leurs hôtesses.
    L’une d’elles était la femme à la robe longue. Basilio se mit dans la file qui menait à elle.
    Après quelques minutes, il atteignit le comptoir. La femme et lui se retrouvèrent face à face.
    Cette fois, vous voilà bien réveillé, elle dit en souriant.
    Basilio ne sut pas quoi dire en retour.
    Il se mit à fouiller dans sa poche pour attraper de quoi payer son billet d’entrée mais la femme l’arrêta d’un geste de la main.
    Si vous permettez, je suis heureuse de vous remettre une invitation pour la journée.
    Et elle lui tendit un ticket.
    Et si vous voulez, vous pourrez laisser votre valise au vestiaire, juste derrière.
    Merci, dit Basilio. Mais enfin, pour l’invitation, je.
    Elle posa ses deux mains sur la banque comme si elle voulait lui attraper les siennes.
    Le tableau de Picasso se trouve au premier étage, elle dit. Vous verrez, c’est indiqué. Vous pourrez voir aussi quelques-unes des esquisses qui ont précédé la réalisation de l’œuvre.
    Basilio hocha la tête plusieurs fois en regardant la femme et
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