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Le Dernier Maquisard

Titel: Le Dernier Maquisard
Autoren: Alain Pecunia
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reprocher. C’était un ennemi et c’était lui
ou toi.
    – Il avait l’air tellement surpris quand j’ai tiré, dis-je à
voix basse comme me parlant à moi-même.
    Georges soupira et se tut.
    Je me suis senti mal à l’aise et j’avais envie d’être seul. J’en
avais marre de cet égrenage de souvenirs. Mais, en même temps, je
me suis senti soulagé à l’idée que les enfants du Feldwebel
seraient peut être heureux de récupérer les papiers de leur père et
cette photo.
    Ou attristés, me dis-je, redevenant soudainement morose.
    – À propos, tu te souviens ?
    J’ai failli dire : « Quoi, encore ? » Mais
Georges était soudainement tout joyeux.
    – La fois où tu as piqué le fusil-mitrailleur de l’aîné des
Cartelan ? enchaîna-t-il en élargissant son sourire.
    Ça, c’était un bon souvenir et je ne pus m’empêcher de me
dérider.
    – La tête qu’il a fait ! poursuivait Georges.
« Rends-le-moi ! » qu’il criait en gesticulant mais
sans oser s’approcher de toi. Et toi qui lui criais :
« Il est à moi ! T’avais qu’à pas l’abandonner. » Il
en trépignait de rage impuissante et en pleurait presque !
    Georges rigolait.
    L’aîné des Cartelan était tombé au combat, mais un « combat
stupide » pour le « capitaine Marceau ». Pour lui,
seuls étaient honorables les morts « utiles ».
    Je me mis à rigoler également en revoyant la scène.
    C’était deux ou trois jours après le débarquement en
Normandie.
    – C’était un 10 juin, précisa Georges en lisant dans mes
pensées.
    Donc, c’était le 10 juin 1944 et nous avions tendu, avec Georges
dirigeant l’opération, Riton, Manuel, les deux frères Cartelan et
moi, une embuscade à deux camions chargés d’Allemands précédés d’un
side-car armé d’une mitrailleuse.
    Mais notre « arrosage » avait été faiblard. Manuel et
Riton étaient bien parvenus à toucher à la grenade un des camions
avant que les soldats aient pu mettre pied à terre, mais le
fusil-mitrailleur que servaient les frères Cartelan s’était enrayé
par défaut d’entretien avant qu’ils aient pu tirer la moindre
rafale.
    Les Allemands du second camion avaient aussitôt riposté et la
mitrailleuse du side-car s’était mise à cracher son feu, avec,
heureusement pour nous, assez peu de précision.
    Georges avait ordonné le décrochage immédiatement en constatant
notre faiblesse numérique et matérielle et, dans leur panique, les
Cartelan avaient abandonné leur fusil-mitrailleur.
    Moi, qui ne rêvais que de le détenir et gardais toujours un œil
dessus au cours de nos accrochages, j’ai été le récupérer sous le
feu ennemi, couvert par Manuel et Riton, et l’ai ramené au camp
triomphalement.
    Devant les récriminations de l’aîné des Cartelan, Georges avait
tranché d’un ton sans appel : « Tu étais responsable de
ton arme. Tu l’as abandonnée. Gilles a été la rechercher pendant
que tu détalais. Maintenant, c’est lui qui en est le
responsable. »
    – Je crois bien qu’il m’en a voulu jusqu’à sa mort, fis-je en
cessant de sourire et en songeant à son sacrifice et celui des
camarades qui avaient cru « utile » de défendre le
pont.
    – C’était une tête brûlée et un âne bâté, lança Georges de son
ton sans réplique comme à l’époque où il était le chef du
maquis.
    – Il est quand même mort au combat, dis-je me voulant
conciliant. Ça efface le reste.
    – Je ne peux pas lui pardonner, trancha Georges rageusement,
d’avoir entraîné les autres imbéciles dans une mort
inutile !
    Je le vis se lever précipitamment avec son bol pour le porter
dans l’évier.
    Il était courbé, les épaules soudainement affaissées.
    Il renifla bruyamment.
    Je savais qu’il ne voulait pas que je voie ses larmes.
     
     
     
     
     
    10
     
     
     
     
     
    Georges a tenu à ce que nous allions déjeuner au restaurant que
tient le fils de Louis. Dans le centre-ville.
    Louis avait vingt-deux en 1944. Son fils a l’âge du mien. Il est
né en 1946.
    Le fils de Louis, tout en rondeur comme son père,  nous a
accueillis joyeusement.
    – Tiens ! v’là les papys en vadrouille !
    – Commence pas et respecte les anciens ! lui a rétorqué
Georges en l’embrassant. Je te présente Gilles.
    – Je vous ai vu hier à la commémoration et mon père m’a parlé de
vous. L’un des sept « survivants », comme il disait. Mais
je la connais par cœur l’histoire du maquis,
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