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Le cri de l'oie blanche

Le cri de l'oie blanche

Titel: Le cri de l'oie blanche
Autoren: Arlette Cousture
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nuits. Son oncle et sa mère étaient enfin arrivés,
riant tous les deux. Son oncle lui avait fait une pincette sur la joue.
    Ils étaient enfin arrivés au nouveau couvent.
Sa mère lui avait raconté que l’ancien avait brûlé. Son oncle avait tiré la
malle jusqu’à l’escalier. Là, sa mère l’avait aidé à la monter. Blanche les
avait suivis, espérant qu’ils ne l’échapperaient pas. Elle aurait été
terriblement gênée de la voir s’ouvrir comme un œuf et régurgiter tous ses
vêtements. Une religieuse leur avait ouvert la porte. Elle avait salué sa mère
et son oncle, puis elle l’avait regardée, elle. Blanche avait eu l’impression
que la religieuse avait eu un sourire en grimace.
    « Bonjour, Marie-Blanche. Nous espérons
que vous vous plairez dans notre couvent. »
    Blanche avait jeté un coup d’œil derrière la
religieuse pour voir si elle était accompagnée. La religieuse était seule.
Blanche se demanda pourquoi elle avait dit « nous ». Puis les choses
s’étaient bousculées, comme elles ne cessaient de le faire depuis que toute sa
famille avait quitté Shawinigan.
    Blanche soupira et se retourna encore une
fois, se cherchant une place plus confortable sur ce matelas qui lui faisait
penser aux champs derrière le rang du Bourdais. Elle essaya d’en ajuster les
bosses et les creux sous les bosses et les creux de son ventre. Elle ferma les
yeux encore une fois puis les rouvrit. Ce soir, elle aurait donné toutes ses
économies pour que sa mère lui joue une berceuse sur son accordéon, comme elle
l’avait fait dans le train qui les avait ramenés de Shawinigan. Elle avait
tellement aimé ce voyage de nuit. Elle s’était endormie en écoutant l’air de Partons,
la mer est belle , chantant les paroles dans sa tête, parce que sa mère
n’avait pas voulu chanter dans le train. Sa mère chantait tellement bien. Elle,
elle ne pouvait pas chanter. Mais quand elle chantait dans sa tête, personne ne
lui disait qu’elle chantait faux.
    Et puis il y avait eu le matin de leur
arrivée. Ils avaient eu tellement de plaisir à défaire les boîtes et les valises.
À installer des draps propres dans leurs lits. Blanche sentit son drap. Il
sentait fort l’eau de Javel et elle grimaça. Les draps que sa mère lavait
sentaient toujours l’air frais. Les draps que sa mère lavait sentaient comme
l’air mouillé après un bon orage. C’ est ce matin-là qu’ils étaient partis, à pied, faire une grande surprise à leur
grand-mère, à leurs oncles et à leur tante. Sa mère avait eu bien de la
difficulté à pousser le landau. Tellement qu’elle avait eu terriblement chaud,
au point de transpirer du front, du menton et même des paupières…
    Blanche se tourna encore une fois dans son
lit. Elle s’enfouit le nez dans son oreiller de plume et essaya de ne penser à
rien. Mais son rien fut bientôt hanté par les gémissements de la petite fille
qui couchait dans le lit à côté du sien. Blanche tendit une oreille aussitôt
écorchée par un reniflement rempli de chagrin liquide. Elle leva la tête et
essaya de reconnaître dans la pénombre du dortoir la petite fille qu’elle avait
entrevue au réfectoire puis à l’heure du coucher, mais à laquelle elle n’avait
pas parlé. Elle n’avait parlé à personne, sa mère lui ayant répété d’attendre
qu’on lui adresse la parole. Elle s’appuya sur un coude et se rapprocha du lit
voisin. La petite fille émit un sanglot encore plus profond et un reniflement
encore plus rempli. Blanche décida de désobéir à sa mère.
    – Est-ce que tu veux un mouchoir ?
    La petite fille se tourna vers Blanche, qui la
reconnut à peine. Était-ce bien là la petite fille aux longues tresses blondes
et aux yeux bleus ? Celle qui la regardait ressemblait à un lapin qu’on
vient d’égorger, cheveux en broussaille et, elle le devina, yeux rouges et
vitreux.
    – Oui. Le mien est encore dans ma valise.
    Blanche, tout en fouillant sous son oreiller
pour en extirper son mouchoir, pensa que la mère de la petite fille avait
certainement oublié de lui rappeler qu’on devait toujours avoir un mouchoir
sous l’oreiller, « au cas où ». Elle le tendit, encore bien plié, à
la petite qui le prit, essuya le mucus qui lui collait aux joues et au nez puis
se moucha énergiquement. Blanche pinça le nez. La petite fille s’était mouchée
tellement fort qu’elle avait certainement réveillé toutes les autres
pensionnaires. Blanche
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