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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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murs car ils étaient inclinés et le fond baignait continuellement dans l'eau pourrie. On ne pouvait y survivre plus de quinze jours : Tuboeuf rendit l'âme au huitième.
    Construite en sous-sol, « la Fosse » passa inaperçue lors de la démolition du Châtelet qui dura de 1808 à 1810 et on ne la découvrit que lors de l'aménagement définitif de la place en 1858.
    La vue d'un squelette - M. de Tuboeuf - en ce lieu infect scandalisa les Républicains, ardents et virulents sous le Second Empire. On n'avait pas la moindre idée concernant l'identité du squelette mais qu'à cela ne tienne, on lui en fabriqua une à grands coups d'articles de presse. Bientôt, il fut presque établi que le fameux squelette du Châtelet appartenait à un courageux libelliste, un homme de progrès victime du « despotisme, de la cruauté et de la férocité des rois, des empereurs et de leurs laquais ».
    En une très émouvante cérémonie, 100 000 personnes menèrent l'odieux, le cupide, le lâche, le corrompu, le prévaricateur et assassin Tuboeuf au cimetière du Père-Lachaise. La foule recueillie écouta avec émotion plusieurs discours où l'on évoqua, des sanglots dans la voix, « le grand humaniste pourrissant dans les oubliettes des féodaux ».
    On agita des drapeaux tricolores, on chanta la Marseillaise et un enfant né un 14 juillet récita un poème à la gloire « des ossements du meilleur des nôtres ».
    Une seule chose est absolument certaine : M. de Tuboeuf aurait détesté tout cela!
    ***
    Lydie de Mesnaie, marquise d'Ey. Sa très grande beauté ne suffit point à lui épargner la colère du roi qui la traita avec cruauté.
    Ainsi, en raison de sa noblesse, relevait-elle de la prison de Sainte-Pélagie, réservée aux femmes bien nées, mais au lieu de cela on l'enferma dans une très dure maison de force, la Salpêtrière, relevant de l'Hôpital général.
    On lui rasa aussitôt la tête et lui jeta « la tenue » : chemise de grosse toile, vieux jupon, robe de bure, bas gris, sabots et bonnet rond.
    Conduite en cet enfer pour femmes appelé « la Grande Force », en un endroit proche du cimetière qui dégageait une infernale puanteur, on la plaça en une cellule minuscule qu'occupaient déjà plusieurs détenues.
    Sans doute était-elle encore trop belle car à peine arrivée, elle connut ce qui devait constituer ses jours et ses nuits : le viol à répétition par des partenaires multiples.
    Puis arriva « José » ou « Josée », une des femmes les plus répugnantes que la terre porta jamais. Petite, grasse, puant du gousset et d'ailleurs, vêtue d'habits d'homme, elle s'attribua la délicate marquise. Au bout de quelques mois, en une délirante crise de jalousie, elle brisa une vitre et amputa la marquise d'un de ses seins magnifiques.
    Mme d'Ey en devint folle.
    On la mena alors au pavillon des démentes, cabanons en sous-sol où les malheureuses étaient enchaînées au milieu des rats, vivant dans leurs déjections, et c'est avec un râteau qu'on poussait vers elles, sous les grilles, la soupe et la paille.
    Lydie de Mesnaie, marquise d'Ey, n'y survécut que trois années puis son cadavre fut vendu à un étudiant en médecine lequel, en le disséquant, ne pouvait imaginer à quel point ce corps avait fait rêver.
    Coupant une tête borgne, chauve et édentée, l'étudiant ne ressentit rien pour cette vieille femme, ou qu'il crut telle.
    Deux jours plus tôt, Mme d'Ey avait eu vingt-huit ans...
    *

    Ulrich Hofflingen parvint tout de même à revoir Berlin. Arrêté à plusieurs reprises lors du voyage de retour, il fut toujours inexplicablement libéré avec des excuses et beaucoup d'égards. Il cherchait encore une raison lorsque, peu avant la frontière, un lieutenant le relâcha avec une grosse bourse d'or en lui disant : « Mme la duchesse de Montigny-Bamberg, que vous avez connue baronne de Neuville et sauvée, vous fait ses bonnes amitiés. »
    Fort de ce pécule, Hofflingen s'acheta une jolie petite maison près de Berlin et s'apprêtait à y passer des jours heureux lorsque deux événements changèrent sa vie.
    Tout d'abord, Von Ploetzen ayant laissé un testament, l'ancien lieutenant fut appelé en l'armée du prince-électeur de Brandebourg. Celui-ci n'eut pas à le regretter car malgré son bras coupé, Hofflingen y fit une très belle carrière qu'il acheva avec le grade de lieutenant-colonel.
    Enfin, il fit la connaissance d'une très jolie, gracieuse et enfantine Elfi Muller qu'il ne
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