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Le Conseil des Troubles

Le Conseil des Troubles

Titel: Le Conseil des Troubles
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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passé.
    En outre, la scène hallucinante du cimetière de Torcy et la fin éprouvante de Von Ploetzen n'arrangeaient pas les choses, ne dissipant pas gène, tristesse et nostalgie.
    La plupart avaient davantage peur des lendemains ordinaires que de ces opérations follement téméraires où l'on risquait sa vie à chaque instant.
    Heureusement, évitant une fin brutale, le roi, avant le départ définitif du général pour le Maine, souhaitait une dernière parade.
    Toute la Cour devant se trouver là, d'une part, et Mme de Neuville devant y participer, il fut décidé qu'on hâterait grandement le mariage, moins pour le roi que pour Madame de Maintenon, toujours pointilleuse sur la plus médiocre des morales.
    Le mariage eut donc lieu dans le Maine. Pontecorvo et Mortefontaine furent témoins car si les nobles ridiculisaient le mariage par des comportements systématiques d'adultères et des associations de fortunes, les deux hommes étaient assez intelligents pour considérer qu'il pouvait être tout autre chose.
    Puis vint le grand jour, à Versailles.
    Le protocole avait prévu que l'escadron des Opérations Spéciales s'alignerait en une grande allée menant aux grilles près desquelles attendrait le roi.
    Bamberg vit ses hommes à l'écurie et pour la première et dernière fois, le coeur serré, il donna à tous l'accolade en adressant quelques mots à chacun.
    Enfin, on vint chercher les dragons et le couple demeura seul à l'écurie : Marion et Bamberg savaient qu'on les viendrait quérir au tout dernier instant.
    — Tu es triste ? demanda-t-elle.
    — Non, puisque je suis avec toi. Place ton cheval à la hauteur du mien.
    Elle secoua la tête :
    — Un peu en retrait. Tu es leur chef et pour certains, c'est la dernière fois qu'ils te verront.
    Il ne protesta pas :
    — C'est bien étrange, cette fin. J'ai toujours pensé mourir le sabre à la main en chargeant à la tête de mes dragons. Un boulet dans la poitrine, par exemple.
    — Oui, mais vous allez vivre. Toi et tes soldats.
    — Le saurons-nous ?
    — Qui le sait?
    Elle caressa sa balafre, ils s'embrassèrent et il lui souffla :
    — Nous apprendrons !
    Le responsable empanaché du protocole apparut. Il jeta un regard noir à Scrub et, les mains en coquille devant ses parties nobles jadis lésées par l'animal :
    — Monsieur le duc, madame la duchesse : c'est l'instant !
    ***
    Des laquais ouvrirent les grandes portes des écuries.
    Il neigeait sous un ciel d'étain.
    Bamberg et Marion avancèrent vers la grande allée.
    De part et d'autre, sur des centaines de mètres, les gens de Cour les regardaient venir avec une vive curiosité. Beaucoup d'officiers s'étaient glissés au second, voire au troisième rang.
    Le cheval de Bamberg ne précédait que d'une demi-longueur celui de la duchesse et le couple paraissait éblouissant : lui en grand uniforme de général des dragons, ses impressionnantes décorations sur la poitrine, elle enveloppée dans un joli manteau marine bordé de fourrure blanche.
    Le visage impénétrable tandis qu'il passait devant les courtisans, Bamberg commença à sourire en arrivant devant ses troupes à cheval parfaitement alignées sur une longue ligne.
    Il éprouva un serrement au coeur avec l'impression qui fut sienne alors : ce n'est pas lui qui passait ses dragons en revue, mais sa vie qui le passait, lui, en revue.
    Il les connaissait si bien. Il pouvait dire l'origine des cicatrices de chacun. Il savait le nom des chevaux et leur âge, souvent leur origine.
    Il remarqua le fourreau bosselé du dragon Lepoutre mais celui-ci n'en voulait point changer, disant qu'il se ferait aussitôt tuer.
    Ne lui échappa guère non plus que le sergent Mauchrestien portait la pelle du mauvais côté de la selle, étant gaucher et têtu.
    Il sourit davantage en voyant le sergent Le Goanech, le chapeau enfoncé au ras des yeux au seul motif qu'il venait de l'île d'Ouessant où les vents sont violents.
    Puis il remarqua Cipriano, si fier de son habit d'officier, et le colonel de Sereni auquel il remettait l'unité.
    Il porta la main à son chapeau et la conserva en distinguant un petit groupe où se voyaient Pontecorvo, Mortefontaine et Lagès-Montry.
    Enfin, ce fut le roi qui approcha sur un magnifique cheval blanc, son beau chapeau à larges bords couvert de neige.
    Tous se demandèrent les paroles qu'échangèrent pendant plusieurs minutes le plus puissant monarque d'Europe, la duchesse et le duc de Bamberg.
    Pour ceux qui le
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