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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle
Autoren: Rudolf Hoess
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de références à la chevalerie : la SS était un « ordre »,
une « confrérie » [4] .
Il leur avait trouvé une devise, bien dans le style, mais lourde de
conséquences : « Mon honneur est ma fidélité. » Une telle
mythologie avait deux avantages : à l’intérieur, elle soudait les hommes
dans l’attrait de l’occulte, dans la conscience d’un destin partagé, mystérieux
mais grandiose. À l’extérieur, elle devait susciter la crainte et la
fascination, à la manière des sociétés secrètes.
    En fait de crainte, il s’agissait de répandre la terreur :
la SS y a réussi au-delà de toute mesure et ce n’était pas grâce à leurs
insignes et à leurs cérémonies folkloriques, mais par des moyens bien concrets :
les camps et les massacres [5] .
Sur ce point, les choses sont bien établies : la SS, et surtout les
compagnies « Tête de mort », a fourni l’essentiel du personnel d’encadrement
du système concentrationnaire et des bataillons utilisés pour le massacre des
populations juives à l’arrière du front de l’Est. Mais il reste l’idée que c’était
une formation militaire, appelée à combattre aux côtés de la Wehrmacht. Des
études fouillées montent qu’il faut réviser cette vision des choses. Certes,
les SS étaient en uniforme et avaient calqué leurs grades sur ceux de l’armée,
certes, des unités servaient sur le front de l’Est. Mais, mis à part quelques
divisions, ces unités n’ont été employées qu’à des « tâches » de
police derrière la ligne de front. On sait ce que furent ces tâches : en
toute sécurité, car protégés par l’avance de la Wehrmacht, il s’agissait de
rassembler les populations civiles, juives, pour les massacrer à la mitrailleuse
à l’écart des villages, et de fusiller les commissaires politiques soviétiques [6] . Raul Hilberg
estime à plus de 700 000 le nombre de personnes massacrées de cette
manière [7] .
De son côté, Gérald Reitlinger montre que Hitler a toujours résisté à la pression
de Himmler qui aurait voulu envoyer des divisions SS sur le front. L’aventure
militaire des Waffen SS, dans les derniers moments de la guerre, ne représente
en rien ce que fut au fond le combat SS : une fausse guerre (« a
phoney war », pour reprendre l’expression de l’auteur).
    Il faut suivre alors Rudolf Hoess quand il explique la
nature et le sens du combat des SS : « Les SS étaient les seuls
soldats à être jour et nuit, même en temps de paix, en contact avec l’ennemi,
cet ennemi qu’ils gardaient derrière les fils de fer barbelés. » Il y a
dans cette phrase l’essentiel du programme SS : un endoctrinement forcené
destiné à faire reconnaître dans tout indésirable désigné par le régime un
ennemi radical, un entraînement implacable à la dureté et à l’insensibilité à
tout sentiment humain de pitié, épinglé comme faiblesse. Il s’agissait, comme
le dit Hoess, d’abdiquer sa propre personnalité et de se réduire à un état de
soumission absolue aux ordres. L’histoire a montré que, au moins sur ce dernier
point, le programme a été plus que rempli.
    Les camps sont alors le lieu où s’accomplit la double
fonction de la SS : le combat contre l’ennemi et l’éradication de tous les
préceptes moraux les mieux établis. La partie n’était pas gagnée d’avance et on
voit Himmler marteler en permanence ce thème dans ses « discours secrets » :
la pitié est une trahison des idéaux de la SS. Quand il s’agira de franchir l’étape
fatidique de l’assassinat en masse de femmes et d’enfants, il leur répétera à
satiété que ce « sale boulot », devant lequel un bon nombre rechigne,
est en réalité « une page de gloire qui ne sera jamais écrite » et la
contribution de la SS à l’avènement d’un monde meilleur pour laquelle les
générations futures devraient leur vouer une reconnaissance éternelle.
    On se tromperait, en effet, lourdement, si on ne voulait
voir dans la SS qu’une bande de pervers dépravés et sadiques. Certes, Rudolf Hoess
se plaint longuement de la dépravation de ses subordonnés : celle-ci était
bien réelle, et les récits de déportés décrivent longuement le sadisme et la
corruption des gardiens, et plus encore des « kapos », les détenus
que les SS avaient promus à des fonctions de responsabilité. Une telle
insistance sur le comportement de son personnel a l’avantage d’alléger la
responsabilité de
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