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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle
Autoren: Rudolf Hoess
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sécurité
(SS) du parti national-socialiste en 1934, appelé par Himmler, dit-il. À cette
époque, Hitler n’est au pouvoir que depuis un an, mais déjà les structures
politiques et administratives de l’Allemagne avaient été totalement
bouleversées et le parti nazi, le NSDAP, était en train d’établir son empire
sur l’ensemble de l’appareil d’État et sur de larges pans de la société civile.
Au sein de cet « empire », un homme, Himmler, très proche de Hitler,
se taille la part du lion : disposant d’une des deux milices du parti, la
SS, il prend pied dans l’appareil répressif dont il s’assurera le contrôle
absolu en quelques années, avec le titre de Reichsführer SS . En 1934, l’appareil
répressif allemand, ce sont les camps de concentration, dont les premiers
(Dachau, Oranienburg-Sachsenhausen) ont été créés dans le mois qui a suivi la
prise du pouvoir, en janvier 1933. L’« invitation » faite à Hoess à
reprendre du « service actif » coïncide très exactement avec le
moment où Himmler élimine l’autre branche militaire du parti, la SA (section d’assaut),
par un assassinat collectif (qu’on a appelé la « Nuit des longs couteaux »,
le 30 juin 1934), et prend le contrôle des camps de concentration,
jusque-là soumis à la SA.
    En fait de service actif, Hoess va exercer ses fonctions à
Dachau, puis à Sachsenhausen, c’est-à-dire dans les camps « pilotes »
de Himmler, ceux où il va s’employer, avec son théoricien Eicke, à expérimenter
ses idées sur l’« ennemi de l’État » et le traitement à lui infliger.
Ainsi sont posées les bases d’une gigantesque entreprise de domination et de
destruction, où seront broyés des millions d’hommes et de femmes, et qui s’étendra
à partir de l’entrée en guerre sur tout le continent européen. La carrière de
Rudolf Hoess en suit fidèlement le développement : des camps de l’Allemagne
à celui d’Auschwitz en Pologne – dont on a fait, à juste titre, le symbole
de ce que David Rousset appelle l’« univers concentrationnaire [3]  » – puis, in fine , à l’Inspection générale des camps.
    C’est bien en effet d’un « univers » qu’il s’agit,
fonctionnant selon ses « lois » propres – un univers à deux
faces, dont les camps, détenus et gardiens, seraient la face nocturne, et un
vaste et complexe appareil administratif, la face diurne. Obnubilé par la
barbarie dont les camps sont le théâtre, on oublie trop souvent en effet les
milliers de fonctionnaires, qui, depuis Berlin et sur tout le territoire
contrôlé par l’Allemagne nazie, organisent, étendent, contrôlent, en bref
permettent à cet univers d’exister. Organisés en multiples instances, bureaux,
sections, ils dépendent cependant d’un unique appareil, créé par Himmler dans
le but de contrôler totalement la politique de répression du régime, l’Office
central de sécurité du Reich, le RSHA. Mais, aussi complexe soit-il, cet
appareil n’a au fond qu’une activité : désigner les « ennemis »
de l’État, les arracher de leur milieu social et national, et fournir, par là,
en victimes toujours plus nombreuses les camps de concentration. Il ne rencontrera
aucune autre limitation que celle que pourrait éventuellement lui imposer la
volonté de Hitler, et en particulier aucun contrôle qui pourrait venir d’une
instance juridique traditionnelle. Quand Hoess évoque le cas de ces
cambrioleurs condamnés par la justice allemande à dix ans de détention et que
Himmler vient arracher à leur prison le lendemain de leur jugement pour les
faire fusiller dans un camp, il décrit fidèlement la réalité, à savoir une
soumission de la justice à l’organisation de ce dernier.
    Au sein de cet empire, la SS occupe une place très
particulière, mais de toute première importance. La SS est une organisation
paramilitaire, dont le noyau dur est constitué par la garde prétorienne de
Hitler. C’est à partir de ce noyau que Himmler formera son corps d’élite, les
compagnies « Tête de mort ». La description que fait Hoess de ces « têtes
de mort », de l’intérieur puisqu’il en était membre, est très conforme à
ce que nous savons des projets de Himmler, de sa conception de l’élite et des
tâches qu’il lui avait assignées. Himmler voyait ses SS comme la future élite
de la nation allemande, le fer de lance du combat pour la race. Dans ses
discours, il les abreuvait
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