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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix
Autoren: Carolyn Grey
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mouvements, calme
et déterminé, comme si son regard avait le don de percer l’obscurité.
    Une
nouvelle balle siffla aux oreilles de l’enfant, déchirant l’air avec fureur.
Une violente angoisse l’étreignit alors et lui coupa presque la respiration.
Allait-il donc mourir ainsi, abattu comme un chien et abandonné au milieu de
cette forêt, son cadavre y pourrissant éternellement à l’insu de tous ?
Une autre balle vola et déchira sa manche. Son pied s’accrocha à une racine, il
trébucha, perdit l’équilibre et dérapa, s’écorchant les paumes et les genoux.
Il réussit à se relever, mais ses jambes flageolaient. Après quelques pas, il
s’effondra de nouveau, à bout de souffle et de forces, la peur au ventre.
    C’était la fin de la
chasse.
    Il était perdu.
    Son poursuivant s’arrêta
également à quelques mètres derrière lui. Au même instant, la lune réapparut et
répandit une lueur argentée sur les deux adversaires. Au loin, le clocher d’une
église sonna sourdement un coup, comme étouffé par les nappes de brouillard qui
recouvraient la campagne anglaise.
    L’enfant vit avec
terreur la forme sombre et mince se diriger d’un pas souple dans sa direction,
pistolet fumant au poing. Il aperçut d’abord des bottines de cuir, le bas d’un
pantalon, puis, levant la tête, il distingua de longs cheveux clairs et des
yeux qui étincelaient dans la lumière diffuse. La stupéfaction lui fit
momentanément oublier sa crainte.
    — Une… une
femme… ? souffla-t-il, déconcerté.
    L’intéressée abaissa son
arme et le scruta, impassible.
    — Pitié, pitié, ne
me tuez pas, balbutia le garçon apeuré, en essayant de se remettre debout tant
bien que mal.
    La femme esquissa un
geste de surprise, et le silence se fit entre eux, seulement troublé par les
hululements sinistres d’un hibou.
    — Je n’en ai certes
pas l’intention, répondit-elle enfin avec froideur mais sans agressivité. Je
souhaite juste récupérer ce qui m’appartient. Rends-moi mon tableau.
    L’enfant lâcha aussitôt
la toile qu’il avait jusque-là tenue convulsivement serrée contre lui.
    — Le tableau ?
Le… le voilà.
    Joignant le geste à la
parole, il le tendit à la femme. De ses mains gantées de noir, celle-ci s’en
saisit avec précaution et l’examina minutieusement à la faveur de la clarté
lunaire, ses longs doigts fins le tournant en tous sens.
    —  Il
n’a pas l’air abîmé, tu as beaucoup de chance, murmura-t-elle, satisfaite de
son inspection.
    Elle
se pencha sur le jeune monte-en-l’air, un sourire ironique aux lèvres, et ses
boucles soyeuses effleurèrent son visage.
    —  Tu
as également de la chance que je ne t’aie pas blessé. Mais si tu t’étais arrêté
tout de suite au lieu de t’obstiner stupidement à fuir, je n’aurais pas été
obligée de te poursuivre de façon aussi menaçante. Au fait, comment t’appelles-tu ?
    — Mark, m’dame.
    — Tu sembles très
jeune, Mark. Quel âge as-tu ?
    — Bientôt douze
ans, m’dame.
    Une
brève expression de pitié traversa le visage de la femme. Elle se redressa sans
cesser de le fixer du regard.
    —  Eh
bien, Mark, tu ne m’as pas l’air très doué comme voleur. Tu es visiblement trop
impressionnable pour faire carrière dans le crime, et surtout, tu ne sais pas
choisir tes victimes. Ce genre d’erreur pourrait te coûter la vie, car toutes
tes proies ne seront sans doute pas aussi conciliantes que moi. Si j’étais à ta
place, je choisirais une autre activité pendant qu’il en est encore temps.
    Elle
n’avait pas tort. Mark avait bien conscience que sa première tentative
ambitieuse de cambriolage s’était soldée par un échec cuisant. Il avait pourtant
préparé son coup dans les moindres détails. Un manoir isolé dans le Surrey, une
femme riche qui vivait seule… Ç’aurait dû être la cible idéale. Grossière
erreur. C’était sa victime qui lui faisait à présent un cours sur le
crime ! Quelle humiliation !
    Interrompant ces mornes
pensées, la femme pointa le doigt devant elle.
    —  Nous
sommes presque à l’orée du bois, et le plus proche village se trouve dans cette
direction, à un mile d’ici environ. Vas-y, et que je ne te revoie plus sur mon
domaine.
    Le
gamin acquiesça gauchement, abasourdi de s’en tirer à si bon compte, et se
sentit soudain ridicule d’avoir cédé à la panique. Il se retourna une dernière
fois vers la femme pour la remercier de sa
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