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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante
Autoren: Matthew Pearl
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tel un pistolet ou une hache.
    « Ou avec un poignard, ajouta-t-il. À mon avis, une effraction est plus probable. La canaille estourbit le juge suprême dans son bureau et le traîne dehors pour ne pas l’avoir dans les pattes pendant qu’il fait main basse sur les objets de valeur. Il ne pense pas une seconde qu’il ait pu seulement le blesser », conclut-il sur un ton où perçait presque de la compassion envers le pauvre bougre qui s’était fourvoyé.
    Plantant ses yeux dans ceux du coroner, Kurtz rétorqua, le regard sombre :
    « Sauf que rien n’a été dérobé, monsieur. Et ce n’est pas tout : le juge suprême a été déshabillé et ses vêtements soigneusement pliés. Certains étaient même rangés dans les tiroirs ! »
    Il avait parlé d’une voix entrecoupée, comme si on lui avait marché sur le pied. Il en fut le premier surpris.
    « Un voleur aurait-il laissé le portefeuille, la chaîne en or et la montre soigneusement déposés à côté des vêtements ? »
    L’un des yeux de langoustine de Barnicoat s’ouvrit tout grand.
    « Vous voulez dire qu’il a été dévêtu et que rien n’a été emporté ?
    — Oui. Un acte de folie pure »
    L’étrangeté de ces faits frappa Kurtz à nouveau tandis qu’il en faisait l’exposé.
    « Mais c’est invraisemblable ! » s’écria Barnicoat, et il promena les yeux tout autour de la pièce comme s’il lui fallait un auditoire plus nombreux pour exprimer toute son incrédulité.
    « Vos assistants et vous-même devez observer un silence absolu sur cette affaire. Ordre du maire. Vous avez compris, n’est-ce pas, monsieur Barnicoat ? Pas un mot ne doit sortir de ces murs !
    — Oh, très certainement, monsieur le chef de la police. »
    Le coroner laissa échapper un rire bref, irresponsable, comme un enfant eût pu le faire.
    « Le gros Healey n’a pas dû être facile à transbahuter. Cela vous donne au moins une certitude : la veuvesse affligée ne s’est pas chargée de la besogne. »
    Revenu à Wide Oaks, Kurtz battait le rappel du peu de logique qui restait encore à Ednah Healey et s’efforçait de puiser dans son propre répertoire les mots susceptibles de faire entendre à la veuve qu’il avait besoin de temps pour étudier l’affaire ; qu’il valait mieux attendre un peu avant d’ébruiter la nouvelle du décès de son mari. Mais celle-ci laissait la domestique arranger les couvertures autour d’elle sans proférer un son.
    « Comprenez-moi. Qu’arriverons-nous à découvrir s’il se crée du tapage, si la presse descend en flammes nos méthodes comme elle prend plaisir à le faire ? »
    Les yeux de la veuve, d’ordinaire si prompts à juger, demeuraient immobiles, noyés de tristesse. Devant son abattement, les bonnes elles-mêmes ne savaient plus ce qu’elles pleuraient le plus : la disparition de leur maître ou l’état de leur maîtresse.
    Le chef de la police se rabougrit. Il était à deux doigts d’admettre sa déroute quand il vit M me  Healey fermer les yeux très fort à l’entrée de Nell Ranney portant le thé. Il ajouta :
    « Le coroner dit que la déclaration de votre femme de chambre est inexacte. Le juge suprême ne pouvait pas être en vie quand elle l’a découvert, c’est impossible scientifiquement. C’est une hallucination. Le juge n’était déjà plus. M. Barnicoat l’affirme en s’appuyant sur la quantité de larves. Voilà. »
    Ednah Healey leva vers Kurtz un regard perplexe.
    « C’est la vérité, madame Healey, réitéra-t-il avec un regain d’assurance. Voyez-vous, de par leur nature, les larves de mouches ne se nourrissent que de chair décomposée.
    — Alors il n’aurait pas souffert ? » émit M me  Healey d’une voix brisée.
    Kurtz secoua la tête avec force.
    En présence du chef de la police, Ednah interdit à Nell Ranney de répéter cette horrible partie de son histoire.
    « Mais, madame Healey, protesta l’Irlandaise en agitant la tête, je sais bien ce que j’ai… »
    Elle n’osa pas finir sa phrase.
    « Nell Ranney ! Vous ferez ce que je dis ! »
    Par reconnaissance envers Kurtz, M me  Healey accepta de cacher à son entourage les circonstances dans lesquelles était mort son mari.
    « En échange, dit-elle en tirant faiblement le chef de la police par la manche, vous devez me jurer de retrouver le meurtrier. »
    Kurtz hocha la tête.
    « Madame Healey, nous avons déjà entrepris tout ce que nos moyens et la
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