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Le bûcher de Montségur

Le bûcher de Montségur

Titel: Le bûcher de Montségur
Autoren: Zoé Oldenbourg
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ordonné.
    Légat du siège apostolique en Languedoc, Pierre de Castelnau, archidiacre de Maguelonne et moine de l’abbaye cistercienne de Fontfroide, luttait depuis longtemps contre l’opposition des pouvoirs publics à l’œuvre de l’Église.
    Pour convertir les rebelles, Pierre de Castelnau s’était lancé dans une intense activité politique. Avec son compagnon Arnaud-Amaury, abbé de Citeaux, Pierre de Castelnau s’est d’abord attaqué aux prélats du Languedoc, suspects de favoriser (ou du moins de tolérer) l’hérésie : en 1205, il suspend de son office l’évêque de Béziers, puis l’évêque de Viviers ; puis les légats font instruire le procès du primat d’Occitanie, Bérenger II, archevêque de Narbonne, qui ne se laisse pas intimider et entre en lutte ouverte contre les envoyés du pape.
    Enfin, vers la fin de 1207, Pierre parvient à réunir une ligne de barons méridionaux, ligue destinée à poursuivre les hérétiques ; sommé de s’associer à cette ligue, Raymond VI refuse. Comme le dit Pierre des Vaux de Cernay, l’homme de Dieu (Pierre de Castelnau) poussa les seigneurs de Provence à se révolter contre leur suzerain 4 . Bien plus, devant le mécontentement du comte, le légat lui tient tête, l’excommunie publiquement, jette l’interdit sur le comté et, après une scène des plus vives, finit par lancer au comte son anathème : « … qui vous dépossédera fera bien, qui vous frappera de mort sera béni. » Néanmoins, l’excommunication fait son effet : le comte de Toulouse se soumet et fait de nouveau les promesses que l’on exige de lui.
    Après une entrevue des plus orageuses avec le comte, à Saint-Gilles, Pierre de Castelnau et son compagnon l’évêque de Couserans quittent la ville. Le lendemain matin, au moment où les envoyés du pape se préparent à franchir le Rhône, un officier de la suite du comte se précipite sur le légat et le transperce de son épieu.
    Le résumé de l’activité de Pierre de Castelnau prouve amplement que le légat n’était pas un personnage commode et qu’il ne craignait nullement de se faire des ennemis. Mais à un moment où les relations entre le comte de Toulouse et l’Église étaient déjà très tendues, le meurtre d’un ambassadeur du Saint-Siège devait être la goutte qui fit déborder la coupe. Innocent III, qui depuis longtemps songeait à une croisade contre un pays infecté d’hérésie, n’attendait qu’un fait concret, éclatant, propre à frapper les imaginations, propre à justifier une déclaration de guerre.
    La papauté n’avait pas d’armée à sa solde. Les croisades, guerres assez populaires au siècle précédent, étaient, malgré la participation de rois et de princes, des guerres de volontaires avant tout : le pape ne pouvait pas forcer le roi de France à se croiser, et il ne parvint pas à l’y décider. Le succès de l’entreprise dépendait uniquement de la bonne volonté des grands et petits seigneurs qui consentiraient à y prendre part. Le pape fit donc envoyer des lettres à tous les évêques de France afin de déclencher une campagne de propagande en faveur de la nouvelle croisade.
    Des missionnaires, forts de la robe blanche tachée de sang de Pierre de Castelnau, proclamèrent dans les églises de France la grande pitié d’un pays livré en pâture à l’hérésie. Le légat Arnaud-Amaury, dit Guillaume de Puylaurens, se voyant impuissant de ramener à Dieu les brebis égarées, « gagna la France, qui a toujours été le soldat de Dieu ; il s’entendit avec le roi et les barons, tandis que des hommes du peuple, propres à cette mission, se mirent à prêcher au nom de l’autorité apostolique la guerre contre les hérétiques, avec des indulgences analogues à celles qu’on accorde habituellement aux croisés qui traversent les mers pour secourir la Terre sainte 5   ».
    « … Que celui qui ne se croisera pas ne boive plus jamais de vin, qu’il ne mange plus sur nappe ni soir ni matin, qu’il ne s’habille plus de chanvre ou de lin, et qu’à sa mort on l’enterre comme un chien 6  ! » Ces paroles que l’auteur de la Chanson de la Croisade met dans la bouche d’Arnaud-Amaury au cours de son voyage à Rome n’ont pu être prononcées à Rome, puisque à cette époque le légat se trouvait en France. Mais elles reflètent sans doute assez fidèlement le ton des discours de ce farouche personnage. Le succès de la propagande fut tel que le roi
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